Guy Millière – J’aimerais me réjouir des immenses manifestations qui ont eu lieu partout en France dimanche 11 janvier.
J’aimerais penser qu’un élan s’est dessiné qui va permettre une fraternité générale, un effacement des haines et des divisions, une résolution de tous les problèmes que compte ce pays. Je ne doute pas qu’il existe en France des millions de braves gens qui ont été profondément heurtés par les actes terroristes qui ont marqué ces derniers jours.
Je dois considérer que tout n’est pas si simple. J’ai eu dimanche, la sensation d’assister à une immense opération politique. François Hollande, cet homme qui n’a pas été à la hauteur de ses fonctions et qui a montré mille fois qu’il avait crevé son seuil d’incompétence en devenant Président, s’est retrouvé maître d’une cérémonie planétaire : nul doute qu’il va en bénéficier dans de prochains sondages, et nul doute non plus qu’il était en campagne électorale. Les grands médias français qui se sont évertués à édulcorer depuis des années et à tout reconduire vers le politiquement correct ont pu contribuer à une grande opération de communication au service de l’édulcoration et du politiquement correct.
Je dois dire qu’avoir vu plusieurs membres du gouvernement, dont Christiane Taubira, venir samedi soir devant le supermarché cacher de la porte de Vincennes m’a semblé particulièrement écoeurant : si l’assassin ignoble retranché dans le supermarché n’avait pas été relâché par des décisions judiciaires voulues par madame Taubira, il n’aurait pas assassiné, et il aurait été en prison. Je me suis un instant demandé si les pyromanes venaient constater les dégâts causés par un incendie qu’ils ont contribué à allumer.
Je dois ajouter qu’avoir vu, dans le défilé dimanche à Paris, des gens venant de pays où la liberté de parole est constamment bafouée « manifester » en faveur de la liberté de parole m’a paru relever d’une ignominie grotesque, et qu’avoir vu des représentants de régime qui financent l’islam radical venir commémorer la mort de victimes de l’islam radical m’a semblé relever du cynisme le plus abject. Il y avait même le Président d’une entité terroriste, comme une cerise moisie sur un gâteau empoisonné, un certain Mahmoud Abbas qui, entre deux cérémonies de célébration de djihadistes tueurs de Juifs a trouvé un instant, grâce à l’invitation de la France, pour venir faire semblant de pleurer sur des crimes djihadistes.
Je dois dire que j’ai vu beaucoup de panneaux disant « Je suis Charlie » portés par des gens qui ne sont pas Charlie, mais très peu de panneaux disant « Je suis policier », et moins encore de panneaux disant « Je suis Juif » : les Juifs assassinés sont pourtant les seuls à avoir été tués en raison de ce qu’ils étaient, puisqu’ils ne travaillaient pas dans la police et ne faisaient pas de dessins satiriques et étaient simplement des Juifs en train de faire leurs courses.
Je n’ai vu aucun rejet clair et net de l’antisémitisme parmi les manifestants, et moins encore de rejet de l’antisémitisme qui tue et qui est le seul à tuer depuis des années : l’antisémitisme islamique. Il fallait éviter les mots qui fâchent. Je n’ai pas vu évoquer le djihadisme, alors que c’est lui qui a tué, et pas un terrorisme abstrait. Je n’ai pas vu évoquer le fait que la cause des morts à Charlie Hebdo a été le blasphème envers Mohamed. Il fallait éviter les sujets qui fâchent.
J’ai entendu les quelques Musulmans venus manifester dire craindre la « stigmatisation » : je les comprends. S’ils avaient ajouté une compassion envers les victimes du djihadisme et une horreur de l’antisémitisme, cela aurait été mieux. S’ils avaient regardé en face le fait que ceux qui ont tué étaient musulmans, cela aurait été mieux encore, et les aurait incité à se demander ce qui fait que la religion musulmane poussée à son extrême produit la quasi-totalité des terroristes actifs depuis trois ou quatre décennies, ce qui entraîne, effectivement, une peur de l’islam et des effets de stigmatisation. Les discours de dirigeants politiques disant, comme l’uléma François Hollande, que ce qui se passe n’a rien à voir avec l’islam, ne contribuent certes pas à la réflexion, et contribuent plutôt à un accroissement de la stigmatisation. On le verra, sans doute.
J’ai vu, en somme, un festival de l’imposture, et je dis seulement : nous sommes après l’imposture.
Les zones de non droit qui sont de véritables bombes à retardement vont-elles se résorber par miracle ? Les prisons, qui sont des centres de formation au djihadisme, vont-elle connaître une mutation ? Le laxisme judiciaire va-t-il cesser dès la semaine prochaine ? Le dynamisme économique va-t-il revenir, et des mesures à même de permettre ce retour vont-elles être votées incessamment ? Va-t-on, aux fins de favoriser l’intégration des Musulmans effectivement modérés en France, tenir enfin un discours courageux et lucide sur l’islam et l’islam radical, et prendre des mesures enfin drastiques pour combattre ce dernier ?
Je crois que je connais les réponses à ces questions, hélas. Outre la présence dans la manifestation de Paris de l’émir du Qatar, du Premier ministre turc, et de Mahmoud Abbas, j’ai noté que Binyamin Netanyahou ne semblait pas le bienvenu : c’est ce que des sources bien informées ont fait savoir à la presse internationale, et c’est en soi une réponse supplémentaire. J’ai noté qu’à la synagogue de la Victoire, il n’était apparemment pas prévu que Binyamin Netanyahou puisse prendre la parole, et les officiels français se sont précipités pour quitter la synagogue avant qu’il parle : c’est une réponse de plus. On invite Mahmoud Abbas, mais on se conduit ainsi vis-à-vis du Premier Ministre d’Israël alors que quatre Juifs viennent d’être assassinés ? Tout commentaire est inutile.
Il semble que les seules mesures fermes qui seront envisagées seront dans le domaine de la lutte contre « l’islamophobie ». Des Juifs sont assassinés, mais c’est l’ « islamophobie» qui constitue le danger : c’est une évidence. Des gens tels que Mohamed Sifaoui sont prêts à déverser des bordées d’injures chargées d’excréments sur tout « islamophobe », cela va de soi.
J’ai appelé mon dernier livre Voici revenu le temps des imposteurs*. Nous sommes effectivement au temps des imposteurs.
J’aimerais me réjouir. Je ne vois aucune raison pour cela. Vraiment aucune.
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