La visite de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon chez Gueoula Cohen….Sur les murs de sa maison, pas de peintures mais plutôt les témoignages des grands événements qui ont jalonnés sa carrière. Son fils d’abord, Tsahi Hanegbi, ancien ministre et actuel député du Likoud. Tsahi militaire, Tsahi sur le toit de sa maison à Yamit pendant l’évacuation, à la fin de la parenthèse israélienne du Sinaï décidée par Menahem Bégin et qui allait sceller la paix avec l’Egypte.
Le fils prodige a cependant un sérieux concurrent : Ariel Sharon. L’ancien Premier ministre apparaît sur de nombreux clichés aux côtés de celle qui a pourtant quitté la vie politique depuis 27 ans. Cohen ne se fait pas prier pour raconter sa dernière entrevue avec son ami de toujours « Arick ».
– « C’était peu avant l’évacuation des villages israéliens du Goush Katif », se remémore-t-elle.
– « J’ai décidé de me désengager à Gaza », lui confie-t-il.
– « Désengager… Tu vas déporter les Juifs ? »
– « Non, nous allons les évacuer ! Nous n’avons pas le choix. Je suis parvenu à la conclusion que nous devons le faire ».
Il frappe à ma porte
Gueoula Cohen lui enverra ensuite des dizaines de lettres pour tenter de le convaincre de revenir sur sa décision. « Il ne m’a jamais répondu », admet-elle. Jusqu’au jour où mes propos ont été rapportés dans les médias.
« Il m’a appelé pour me demander de ne pas interrompre ma correspondance avec lui. Il répondait brièvement à tous mes envois. J’étais en contact permanent avec sa secrétaire qui m’a demandée de détruire nos messages, ce que j’ai fait, mais je le regrette aujourd’hui », poursuit-elle.
A la fin du mois de septembre 2005, peu de temps après l’évacuation douloureuse des 21 Yishouvim juifs de la bande de Gaza, Ariel Sharon rend visite à sa vieille amie.
– « On frappe doucement à ma porte. Je le vois planté devant moi et son imposant service d’ordre en contrebas. Il n’avait pas l’air dans son assiette. Arick, tu pleures ? » demande-t-elle interloquée.
– « Oui Gueoula », dit-il timidement.
– « Pourquoi ? »
– » J’ai un compte à régler avec Dieu, à propos de ce que tu sais », lui répond-il.
« C’était un moment empreint d’une rare émotion, j’étais très touchée de le voir dans cet état, raconte Cohen. Je ne suis ni médecin, ni Le Tout-Puissant, mais j’avais le sentiment que son cœur était en guerre contre sa tête. Son attaque cérébrale dont il ne s’est jamais remis, a sans doute été le résultat tragique de ce combat acharné qui ne lui laissait aucun répit, estime-t-elle avant de conclure, c’était la première fois que je comprenais le sens de l’expression : larmes amères ».