Arkady Mil-Man, ancien ambassadeur d’Israël en Russie, responsable du programme d’études russes à l’Institut d’études sur la sécurité nationale (INSS), fait le point sur les “bonnes” relations entre la Russie et le Hamas.
Le 7 octobre, la Russie a adopté une position résolument anti-israélienne et pro-Hamas”, a déclaré Arkady Mil-Man dans une interview accordée à Epoch Times. “C’est quelque chose qui devrait allumer les alertes rouges pour les décideurs, et ils doivent changer leur approche.”
“En plus des armes elles-mêmes, la Russie aide le Hamas en lui fournissant de l’argent pour acheter des armes”, explique Mil-Man, directeur d’un département du ministère des Affaires étrangères israélien chargé de la recherche sur la Russie et l’Extrême-Orient.
Mil-Man a également été ambassadeur en Azerbaïdjan, chef adjoint du groupe de diplomates israéliens à Moscou, il a créé l’ambassade d’Israël au Kazakhstan, a été le premier haut-commissaire israélien dans ce pays, puis a été conseiller et envoyé à l’ambassade d’Israël à Moscou et a occupé divers postes au siège du ministère des Affaires étrangères israéliens liés aux pays de l’espace post-soviétique.
En juillet 2021, près de 96 millions de dollars ont été transférés au Hamas et un peu plus de 80 millions de dollars au Jihad islamique via l’échange crypto russe Garantex, entièrement contrôlé par le FSB. Les serveurs du Hamas sont en Russie. Et toutes ces informations proviennent de sources ouvertes (Wall Street Journal du 14 octobre, Globes, Intelligence Online). Imaginez l’étendue de l’aide russe au Hamas dans la pratique.
Fin octobre, sur 103FM, une radio israélienne, il déclarait, à propos de la tentative de pogrom au Daghestan : “Cela fait des mois que je mets en garde contre la montée de l’antisémitisme en Russie”
Israël, comme à l’époque soviétique, est identifié comme un ennemi
“Israël est associé au pôle américain”, explique Mil-Man. “Les Russes, comme à l’époque soviétique, voient Israël comme un mandataire américain. C’est pourquoi ils adopteront une position clairement anti-israélienne, car aujourd’hui les alliés de la Russie sont l’Iran, la Corée du Nord, le Hamas, Hezbollah, le Jihad islamique et toutes sortes d’organisations et de pays terroristes Anti-démocratie. Israël n’est pas dans leur camp, donc ils seront contre nous, peu importe ce que nous disons ou faisons. Nous appartenons à un camp qui est perçu par eux comme le camp de l’ennemi. »
Le dernier numéro du magazine Razvedchik s’ouvre sur un article de Sergueï Narychkine, à la fin duquel se trouve une caricature illustrant le conflit entre la Russie, qui défend certains pays du « Sud » contre les pays du G7. Charmant : on y voit un morpion avec un drapeau israélien posé sur un aigle américain – digne des revues antisémites qui empuantaient la France des années 30..
Mil-Man :
“Il faut comprendre certaines choses,
- Tout d’abord, Poutine, le ministre russe des Affaires étrangères et l’ambassadeur de Russie auprès des Nations Unies ont constamment parlé du fait que nous commettons des crimes de guerre à Gaza.
- Poutine a même affirmé que nous avions tué des centaines de milliers de civils à Gaza, ce qui est un mensonge.
- Leur ambassadeur auprès de l’ONU, qui ne parle pas pour lui-même, a refusé à Israël le droit de légitime défense au motif qu’Israël est un pays occupant.
- Poutine a comparé le siège de Gaza, qui répond à des besoins évidents de sécurité, au siège de la ville de Leningrad par l’armée nazie allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les choses sont extrêmement graves et personne en Israël n’a réagi à cela.
Nous devons être très attentifs à ce que disent et diffusent les dirigeants des pays qui nous considèrent comme des ennemis. Lorsque Poutine affirme que l’avenir du peuple palestinien se décide sur le champ de bataille en Ukraine, cette déclaration peut être considérée comme potentiellement dangereuse pour Israël. »
La Russie n’a pas besoin d’Israël
“La Russie traite Israël de manière très instrumentale”, poursuit Mil-Man. “Lorsque cela sert ses intérêts, la Russie prendra toutes sortes de mesures, et lorsque cela va à l’encontre de ses intérêts, la Russie nous abandonnera sans problème et sans laisser ni traces ni remords. »