Perquisitions à Mantes-la-Jolie au domicile du terroriste; «a priori» aucun lien avec les frères Couliaby
Trois militaires français en faction devant un centre communautaire juif ont été attaqués à l’arme blanche mardi à Nice par un homme, dans le viseur de la police pour un déplacement suspect en Turquie, un mois après les attentats djihadistes de Paris.
Un soldat a été blessé à une joue, et un autre au bras. Le troisième a maîtrisé l’assaillant, qui a été interpellé. De sources proches de l’enquête, l’homme, Moussa Coulibaly, 30 ans, avait été repéré mi-décembre par les services de police et interrogé il y a quelques jours après avoir été refoulé de Turquie.
Cette attaque est la première de ce type depuis les attentats djihadistes de Paris du 7 au 9 janvier contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, des policiers et un supermarché casher, qui ont fait 17 morts.
Elle survient sur fond de nouvelles menaces proférées contre la France par le groupe Etat islamique.
Perquisitions à Mantes-la-Jolie
La police a perquisitionné mardi soir à Mantes-la-Jolie (Yvelines), au domicile de Moussa Coulibaly, a-t-on appris de source proche du dossier.
Les perquisitions ont commence à 20 heures, dans un immeuble de huit étages du Val-Fourré, un quartier sensible de Mantes-la-Jolie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une quinzaine de policiers, en civil et en tenue, dont certains portaient des flash balls, se tenaient aux abords de l’immeuble.
La mère et une sœur, en pleurs, ainsi qu’un frère de Moussa Coulibaly ont été emmenés par des policiers, vraisemblablement pour être entendus, selon les journalistes de l’AFP.
Selon un officier qui a visionné les images de caméras de surveillance, l’assaillant «s’est approché des militaires en laissant tomber un sac en plastique devant eux pour détourner leur attention», puis a «sorti un couteau de sa manche».
L’enquête a été confiée à des magistrats antiterroristes, et une perquisition était en cours mardi soir au domicile de l’agresseur, dans une cité sensible de Mantes-la-Jolie, dans la banlieue nord-ouest de Paris, selon une source proche du dossier.
Le président français François Hollande a condamné un «acte criminel» et promis que «toute la lumière sera faite». Les ministres de l’Intérieur et de la Défense ont rendu visite aux blessés à Nice, avant de s’entretenir avec la communauté juive locale.
Moussa Coulibaly n’aurait «a priori» aucun lien avec Amédy Coulibaly, l’un des trois auteurs des attentats de Paris, selon plusieurs sources proches de l’enquête.
Amédy Coulibaly avait abattu une policière dans la banlieue sud de Paris le 8 janvier avant de tuer le lendemain, un employé et trois clients juifs lors d’une prise d’otages sanglante dans le supermarché casher.
Quelque 10 500 militaires ont été déployés en renfort en France depuis les attentats de Paris, pour assurer la protection de sites sensibles, notamment ceux de la communauté juive.
Selon une source proche du dossier, Moussa Coulibaly avait été repéré mi-décembre par la police alors qu’il faisait du «prosélytisme agressif» dans une salle de sports de Mantes-la-Jolie.
Sur la base de ce signalement et d’une alerte sur son départ muni d’un aller simple pour Istanbul le 28 janvier, les services de renseignement français avaient demandé aux autorités turques de le refouler.
De source sécuritaire turque, il a été intercepté le lendemain à l’aéroport Atatürk d’Istanbul en provenance de Rome et renvoyé dans la capitale italienne.
Selon une source proche de l’enquête, Moussa Coulibaly a «été entendu à son retour» par les policiers du renseignement français mais cet «entretien administratif n’a pas permis de recueillir d’informations suffisantes» pour ouvrir une procédure judiciaire.
Moussa Coulibaly avait été condamné à six reprises entre 2006 et 2009 pour des délits de droit commun commis à Mulhouse (est), selon une source proche du dossier.
Les trois militaires ont été agressés peu après 8 h (heure de l’Est) mardi alors qu’ils gardaient un immeuble du centre de Nice qui abrite le consistoire israélite niçois, une radio et une association juives.
«Le premier militaire a été touché à la face assez gravement. Il a une entaille très profonde au niveau de la pommette. Le deuxième militaire a esquivé plusieurs coups et a été blessé assez sévèrement à un bras». Le troisième militaire a maîtrisé Coulibaly.
Peu avant l’agression, ce dernier avait été verbalisé dans un tramway de Nice, accompagné d’un homme de 43 ans, né au Tchad et de nationalité canadienne, qui a lui aussi été interpellé.
Le président du Consistoire israélite de France, l’instance religieuse de la communauté juive, a déploré mardi que les attentats de Paris n’aient pas servi «d’avertissement aux extrémistes».
Le gouvernement français a dévoilé après les attentats une série de mesures antiterroristes. Selon le premier ministre Manuel Valls, le pays est confronté à un «défi redoutable» avec «près de 3000 personnes à surveiller dans le pays» pour leurs liens avec des djihadistes ou «des filières terroristes en Syrie et en Irak».
Dans une vidéo diffusée mardi, le groupe État islamique a proféré de nouvelles menaces contre la France, affirmant avoir des milliers de partisans dans ce pays prêts à mener des attaques et appelant les musulmans à cibler au couteau notamment policiers et soldats.
Le grand Rabbin de France, Haïm Korsia, a souhaité « un prompt rétablissement » aux militaires blessés, a indiqué à l’AFP son entourage. « On voit bien que la menace (antisémite) est plus que réelle, devant ces agressions devant des lieux qui sont identifiés comme juifs », a-t-on déclaré de même source.
Dans le cadre du plan Vigipirate, renforcé après les attentats commis en début d’année à Paris, quelque 10.500 militaires, dont 5.800 en Ile-de-France, ont été déployés sur des sites sensibles, lieux de culte juifs et musulmans, établissements scolaires ou entreprises de presse.
(AFP)