Tant qu’ils étaient au bord du dépôt de bilan, qu’ils jonglaient avec les dettes et vendaient poussivement 5 000 exemplaires par semaine, l’équipe de Charlie Hebdo pouvait jouer aux « anticapitalistes », aux « anarchistes », aux « rebelles cool » : ils n’avaient pas le choix.
Mais après l’attentat du 7 janvier, le tiroir caisse a commencé à crépiter, et le masque n’a pas tenu deux heures : ils ont vite commencé à reluquer le magot.
En mars 2015, les journalistes jaloux et rapaces de Charlie, voyant la direction s’enrichir sans eux, ont réclamé, dans une lettre ouverte publiée par Le Monde, à croquer du gâteau que leurs ex-potes devenus riches sales patrons ne voulaient pas partager.
« Chacun d’entre nous, au journal, mais aussi chaque lecteur se retrouve un peu propriétaire de l’esprit Charlie » écrivaient-ils, cachant mal que derrière chaque communiste se cache un capitaliste frustré qui n’a pas osé.
« Propriétaire », le mot combattu toute leur vie, était prononcé : ils demandaient à devenir actionnaires : la lutte des classes, c’est pour les couillons et les pauvres.
Ils réclamaient « un actionnariat réservé aux salariés du journal » sous le prétexte mal ficelé d’ « un modèle économique alternatif » : en clair : ils réclamaient leur part du fromage.
Le vernis « copains libertaires » était trop fin et n’avait pas résisté au pactole du « numéro des survivants » vendu à 7 millions d’exemplaires, et aux centaines de milliers d’abonnements, sans compte les millions de dons, qui ont grossi les comptes du journal insolent.
Les journalistes libertaires se sont transformés en vampires assoiffés de tout ce qu’ils ont rejeté toute leur vie : l’argent, le pouvoir d’acheter, de consommer comme les riches, de vivre comme les bourgeois.
Comment échapper au poison des millions
Avec une maladroite candeur qui n’aurait pas même échappé à une taupe aveugle, ils avouaient : « Comment échapper au poison des millions qui, par des chiffres de vente hors normes, mais aussi par les dons et les abonnements, sont tombés dans les poches de Charlie ? »
Empoisonnés par les millions, ils révélaient leur nature : les décalés, anticapitalistes, anti-consommation tant qu’ils étaient fauchés n’étaient que des hypocrites que l’appât du gain avait transformé en rapaces.
Ils réclamaient « une forme de société coopérative, dont nous discutions en interne depuis des années, et qui se situe dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie prône depuis toujours. »
Ce qu’ils avaient mal calculé, c’est que les propriétaires du journal ne sont pas moins Onc’Picsou qu’eux : pas question de partager le trésor, et les promesses du style « la cause que nous défendons n’est en rien financière, c’est une cause juste et morale » fit doucement rigoler les actionnaires…
Riss et Éric Portheault, actionnaires à 60%, caricaturant la classe patronale exécrée, demandèrent par mail aux signataires de la lettre du Monde de « cesser d’émettre des critiques de l’extérieur du journal », rapporte Ojim.
Pas question pour les nouveaux riches de la direction de Charlie de partager « l’esprit Charlie » à huit chiffres.
La journaliste Zineb El Rhazoui, une des leaders du collectif contestataire crée au sein de la rédaction, le comprit rapidement :
Convoquée le 13 mai dernier afin de la licencier pour faute grave, elle fut mise à pied immédiatement. Pour l’exemple. Que les autres se le disent.
« L’esprit du 11 janvier » venait de croiser celui de Wall Street…
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