Hélène Keller-Lind
mardi 10 février 2015
Depuis que le Président du Congrès américain, John Boehner, avait invité fin janvier Benyamin Netanyahou à se rendre à Washington pour prendre la parole devant cette assemblée et y évoquer « les dangers graves posés par l’islam radical et l’Iran à notre sécurité et notre manière de vivre », les rumeurs et pressions n’ont pas cessé. Le Premier ministre israélien aurait été piégé, il mettrait la sécurité d’Israël en danger en allant à l’encontre de ce que voudrait le Président Obama, il renoncerait sans doute à cette visite…Ses adversaires politiques en Israël s’en donnant à cœur joie en cette période électorale. Il en allait de même outre Atlantique, l’annonce de cette invitation étant décrite avec ironie par la Maison Blanche comme « intéressante », tout comme un non respect du « protocole », ou le Vice-Président Joe Biden faisant savoir qu’étant en déplacement, il n’assisterait pas au discours du Premier ministre israélien, s’il venait.
Une offre qui permettrait à l’Iran de menacer la survie d’Israël
Le 10 février Benyamin Netanyahou coupait court à ces spéculations et petites phrases dans un communiqué faisant état d’un « profond désaccord avec l’administration des États-Unis et le reste du P5 + 1 concernant l’offre qui a été faite à l’Iran ». Car, dit-il, « Cette offre permettrait l’Iran de menacer la survie d’Israël ».
Précisant que « C’est un régime, l’Iran, qui s’est ouvertement engagé détruire Israël. Il serait en mesure, en vertu de cet accord, d’obtenir une arme nucléaire dans un court laps de temps, et en quelques années, d’avoir la capacité industrielle de produire nombre de bombes nucléaires dans le but de nous détruire ».
Or, rappelle-t-il, « La survie d’Israël ne est pas une question partisane, ni en Israël, ni aux États-Unis ». Ajoutant : « J’ai l’intention de parler de cette question avant la date limite du 24 mars et j’ai l’intention de parler devant le Congrès américain parce que le Congrès pourrait jouer un rôle important sur un accord nucléaire avec l’Iran ».
Pas de désaccord personnel
Pour répondre à certaines accusations Benyamin Netanyahou précise également : « Ce ne est pas un désaccord personnel entre le Président Obama et moi. J’apprécie profondément tout ce qu’il a fait pour Israël dans de nombreux domaines. De même, je sais que le Président apprécie ma responsabilité, ma responsabilité première, qui est de protéger et défendre la sécurité d’Israël. Je vais aux États-Unis non pas parce que je cherche une confrontation avec le Président, mais parce que je dois remplir mon obligation de m’exprimer sur une question qui affecte la survie même de mon pays ».
De sérieux désaccords par le passé mais une relation se renforçant au fil du temps
Le Premier ministre israélien rappelle par ailleurs que « de temps en temps, les gouvernements israéliens..(ont ) eu de sérieux désaccords avec les administrations américaines sur la meilleure façon d’assurer la sécurité d’Israël…Il y a eu des désaccords sur la sécurité d’Israël entre des premiers ministres d’Israël allant de la gauche à la droite et les présidents américains des deux partis ». Mais, « aucun de ces désaccords n’a abouti à une rupture de la relation entre Israël et les États-Unis. En fait, au fil du temps, notre relation s’est renforcée ».
Il donne quelques exemples de ces désaccords. « Le premier Premier ministre d’Israël, David Ben Gourion, a déclaré l’indépendance d’Israël face à une forte opposition du Secrétaire d’État George Marshall. De même, les décisions du Premier ministre Eshkol au début de la guerre des Six Jours, la décision du Premier ministre Begin concernant le réacteur nucléaire en Irak et les décisions du Premier ministre Sharon de continuer à mener l’opération Rempart, ont toutes été confrontées à l’époque à une forte opposition de l’administration américaine ».
On notera que Benyamin Netanyahou a commencé son communiqué par ces mots, se référant à la disparition d’une otage américaine détenue par l’État Islamique, : « Tout d’abord, au nom du peuple d’Israël, je souhaite envoyer ses condoléances au président Obama, au peuple américain et à la famille de Kayla Mueller. Nous sommes à vos côtés ».