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Ce qu’Aymeric Caron n’a pas dit…

By 7 mai 2014Lève-toi !

Ce qu’Aymeric Caron n’a pas dit par Jean Szlamowicz

mai 03, 201417


Ce qu’Aymeric Caron n’a pas dit par Jean Szlamowicz

Dans l’émission On n’est pas couché sur France 2, où Alexandre Arcady venait présenter son film sur l’assassinat d’Ilan Halimi, Aymeric Caron aurait justifié le crime de Mohamed Mehra par les enfants palestiniens «victimes de l’armée israélienne». Le passage a été coupé au montage.

Aymeric Caron n’a pas dit qu’il fallait tuer des Juifs faute d’Israéliens à se mettre sous la main.

Aymeric Caron n’a pas dit qu’on pouvait tuer des Juifs si c’était par vengeance et/ou pour une bonne raison.

Aymeric Caron n’a pas dit que les Arabes palestiniens sont des agneaux innocents et les Israéliens des bêtes fauves assoiffées de sang frais.

Mais il l’a fait entendre. C’est du reste ce qu’il semble penser.

En niant toute réalité politique et militaire, M. Caron montre l’étendue de sa mauvaise foi. M. Caron ne mentionne pas l’attention particulière de Tsahal à ne pas cibler les civils, ni la stratégie permanente chez les Arabes palestiniens consistant à utiliser les civils (et surtout les enfants) comme boucliers humains, sans parler des mises en scène et autres bidonnages avec des foules de photographes et de cameramen occidentaux dociles. Ces guet-apens médiatiques, il s’en réalise chaque jour pour alimenter les propos des nombreux Caron qui, en Europe, travaillent à justifier l’injustifiable.

L’argumentation de M. Caron obéit rigoureusement à la propagande jihadiste assimilant Israël au Mal et recycle la très moyenâgeuse accusation de meurtre rituel des Juifs tueurs d’enfants. Par son hyperbole démesurée, par la préméditation opportuniste et perverse de son intervention (il avait, semble-t-il, préparé ses petites fiches et savait très bien l’amalgame qu’il allait pouvoir alimenter), Aymeric Caron montre que le débat et la vérité lui importent moins que de donner des leçons et de justifier les pires horreurs.

En l’occurrence, pour contrer la réalité sadique des crimes de Fofana et la froideur idéologique de ceux de Mehra, il lui fallait construire un tableau équivalent sollicitant des enfants. Ce recours monstrueux à la figure de l’hypotypose — le portrait vivant et émotionnel — comme pseudo-argument est aujourd’hui couramment utilisé dans des mises en scène nombreuses. Stéphane Hessel en faisait autant (avec sa fameuse mention des « enfants innombrables et rieurs » de Gaza, sans doute pas ceux qui se forment au maniement de la mitraillette dans les camps d’entraînement du Hamas). Les Arabes palestiniens envoient d’ailleurs chaque jours des enfants provoquer des soldats israéliens dans l’espoir d’un incident qu’ils puissent filmer. Dans le même temps, ils envoient des missiles, perpètrent des assassinats (l’égorgement de la famille Vogel à Itamar par exemple) et célèbrent des terroristes qui ne tuent pas du tout par accident (Samir Kuntar, valeureux combattant du jihad qui a fracassé le crâne d’une petite fille de quatre ans, a eu droit à une fête de sortie de prison diffusée par Al-Jazeera). Je sais : ces dernières phrases sont aussi des hypotyposes. Mais elles décrivent des réalités dont M. Caron ne parlera jamais et qu’il préfère cacher (et puis, de toute façon, ses petites fiches de journaliste officiel sont écrites par des militants palestiniens). Il paraît que M. Caron est de gauche. Je ne savais pas que se faire le relai du jihad était une valeur de gauche.


Le sens des valeurs de M. Caron est tellement dévoyé qu’il ne s’est pas aperçu à quel point sa démonstration était inacceptable et ne pouvait être diffusée par France 2. En faisant des « enfants assassinés » la justification, pardon, l’« explication », des actes de Mohamed Mehra, il considère légitime de généraliser à tout un peuple une punition ne concernant que quelques uns, ceux qu’on a déclaré coupables de se défendre de 70 ans de tentative d’extermination. N’est-ce pas ce qu’on appelle un prétexte ?

Détrompez-vous! Les étranges indignations de Stéphane Hessel décryptées

En réalité, il exprime sous une forme arrogante d’une rare fatuité une séquence argumentative récurrente : l’antisémitisme, c’est la faute d’Israël. Autrement dit, l’antisémitisme, c’est la faute des Juifs. C’est un très vieil argument, aussi pervers que rebattu.

C’est oublier que la haine des Juifs par les musulmans de Palestine précède la création d’Israël de 1948. L’oncle d’Arafat, Hadj Amin al-Husseini, grand mufti de Jérusalem et maître à penser des Frères Musulmans et de l’OLP, n’avait pas attendu l’excuse des « enfants assassinés » pour collaborer avec Hitler. A l’époque, Aymeric Caron aurait sûrement pensé que l’obstacle à la paix, c’était les Juifs. Ça non plus, il ne l’a pas dit.

Reproduction autorisée avec la mention suivante:

© Par Jean Szlamowicz pour Europe Israël

Jean Szlamowicz est Maître de conférences à l’université de Paris-Sorbonne, auteur de Détrompez-vous! Les étranges indignations de Stéphane Hessel décryptées  (Intervalles).

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