Lors de l’opération Bordure Protectrice qui a pris fin il y a trois mois, l’action des forces de défense sous le commandement du Lieutenant-Général Benny Gantz et son adjoint et successeur, le Général-Major Gady Eizenkott ont laissé à désirer, selon le Premier Ministre Binyamin Netanyahu.
Il a trouvé qu’elles manquaient de capacités opérationnelles et tactiques, suffisantes pour remporter des conflits plus étendus, contre l’Iran et le Hezbollah, qui, selon les prévisions des renseignements militaires, pourraient se confronter à Israël, dès le prochain printemps.
Si elle avait dû faire face au Hezbollah, Tsahal est apparu mal préparée pour mener le combat en profondeur à l’intérieur du territoire ennemi. Netanyahu a, par conséquent, donné sa préférence au Général-Major Yaïr Golan, 52 ans, pour diriger les forces armées d’Israël, dans les conflits à venir. Il a donc traîné les pieds avant de confirmer Eizenkott, 54 ans, père de 5 enfants, au poste de 21ème Chef d’Etat-Major, dès février prochain, en dehors de toute considération politique, et par déférence au choix du Ministre de la Défense Moshé Ya’alon et de la hiérarchie de l’armée. Ils ont trouvé un compromis en approuvant le poste de Golan, ancien Commandant de la région Nord, en tant qu’adjoint au Chef d’Etat-Major.
C’est Golan, qui, le 29 octobre, a diffusé une alerte publique sur l’état de préparation de la milice supplétive pro-iranienne, le Hezbollah chi’ite, qui se met en position en vue d’une guerre contre Israël – probablement dès le mois d’avril 2015. Le Général Golan a dit ceci : « Nous n’avons aucune confirmation certifiée qu’il existe bien des tunnels… Cela dit, l’idée de passer sous terre n’est pas étrangère au Liban et encore moins au Hezbollah. Aussi devons-nous supposer comme une bonne hypothèse de travail qu’ils disposent de tunnels [qui débouchent sous la frontière en Israël]. Ils doivent chercher à le faire et s’y préparer », a laissé entendre le général israélien.
Général-Major Yaïr Golan
Des sources de Debkafile citent des Israéliens vivant près de la frontière libanaise, qui font état de bruits mystérieux, ressemblant à l’action de creuser ou de procéder à des explosions, sous leurs pieds, au cours des six derniers mois.
La confirmation des plans du Hezbollah de lancer le combat contre Israël sur le territoire intérieur même de l’Etat Juif, est provenu de source sûre, le 4 novembre, lorsque Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, s’est écrié : « Vous feriez mieux de fermer tous vos aéroports et tous vos ports, parce qu’il n’y a aucun endroit… sur la terre de Palestine occupée, que les roquettes de la résistance sont incapables d’atteindre ».
Téhéran a confirmé, un peu plus tard, avoir fourni au Hezbollah de nouvelles roquettes sol-sol, leFatah/le Conquérant, sur lesquelles des ogives pesant une demi-tonne sont adaptées, ayant une portée de 350 kms et volant à la vitesse d’1, 5 km/seconde.
Dans le cadre de ces préparatifs, nos sources des renseignements militaires dévoilent que les troupes du Hezbollah ont commencé à s’arracher des unités de l’armée syrienne qui se battent pour repousser les forces rebelles avançant depuis le Sud et qui menacent, désormais, les bases militaires défendant la partie sud de Damas. Ces rebelles de l’armée libre, sont soutenus par les Etats-Unis et, plus discrètement, par Israël, l’Arabie Saoudite et la Jordanie.
Le Hezbollah retire certaines de ses unités du conflit syrien, en vue de deux objectifs :
1. Se regrouper dans la région des montagnes de Qalamoun, à la frontière libano-syrienne, où ses stratèges et ceux des Gardiens de la Révolution iranienne prévoient qu’éclateront les prochains affrontements entre le Hezbollah et Israël, ainsi qu’entre le Hezbollag et l’Etat Islamique.
2. Transformer ses bases de Qalamoun en rampes de lancement, afin de tirer des roquettes contre Israël, à partir du sol syrien. Lorsque ses bases opérationnelles de Qalamoun seront en ordre de marche, le Hezbollah sera sur le pied de guerre pour faire face à une offensive de grande envergure qui pourrait impliquer l’Iran, l’armée syrienne, Al Qaïda, l’Etat Islamique et le Hamas à Gaza – ou, au contraire, un conflit rampant qui surviendrait au cours d’une série d’escarmouches menées contre Israël, à partir de différents endroits.
[cela dit, on peut émettre un bémol sur ses prévisions, dans la mesure où le Hezbollah continue de mener deux types de guerre fort différents :
d’un côté, son surarmement en missiles peut être efficace, pour mettre la population israélienne aux abris, durant une bonne période de temps.
de l’autre, il est plutôt inadapté pour faire face aux assauts de groupes rebelles légèrement armés et attaquant à courte portée. Et les commandos d’élite de Tsahal pourraient en tirer des leçons générales, dans le cadre de percées terrestres en profondeurs et d’opérations-surprises.
Récemment, ayant abandonné Ersal sous la pression des groupes antiterroristes de l’armée libanaise, les insurgés syriens se sont retournés, il y a peu, contre dix positions tenues par le Hezbollah. Lors de l’attaque de l’une d’entre elles, à Nabi Sbat, au Liban, une vidéo a paru sur le Web montrant la position totalement submergée et plusieurs corps de combattants du Hezbollah.
La vidéo montrait aussi la prise d’un butin, dont un lot de missiles TOW [probablement de type iranien]. La rumeur a couru que, parmi les quelques 60 combattants du Hezbollah, beaucoup se sont enfuis [1]. Du côté syrien du Qalamoun, à Asal al-Ward, on a rapporté que plusieurs combattants du Hezbollah avaient été fait prisonniers, dont un jeune de 18 ans, apparu sur YouTube, pour supplier d’avoir la vie sauve. Du coup, Hassan Nasrallah a dû faire une apparition en treillis militaire, dans l’Est du Liban, pour remonter le moral des troupes et des villes chi’ites proches de la frontière.
Cela ne réduit, évidemment, les risques d’éclatement d’un conflit, via un déluge de feu de missiles contre des centres urbains israéliens, dans le but de détourner l’attention, et de la fixer contre Israël, « au nom de la résistance ». Mais, de toute évidence, cela ne mettra pas un terme à l’autre front sur lequel la milice chi’ite est engagé depuis 3 ans, maintenant].
Moscou met la main à la pâte, dans le développement d’un tel plan, en augmentant son soutien au dirigeant syrien Bachar al Assad, avec la promesse, faite le dimanche 30 novembre, d’offrir à Damas des systèmes de missiles anti-aériens avancés S-300, ainsi que d’autres armements, dont son armée a besoin pour repousser l’avancées rebelle sur la capitale.
Netanyahu, alors que lui-même réfrénait les Généraux Benny Gantz et Gady Eizenkott,qui souhaitaient mener des incursions en profondeur dans la Bande de Gaza, lors du dernier conflit, les a, néanmoins, jugé en-deçà du niveau nécessaire et suffisant pour gérer les conflits prévisibles, l’an prochain. Il a, par contre, attribué les qualités requises au Général Golan, pour mener une guerre foudroyante, en profondeur à l’intérieur du territoire ennemi. Il a, donc, insisté pour obtenir la nomination de Golan en tant qu’adjoint au chef d’Etat-Major, avec l’idée que le duo Eizenkott-Golan offrira les capacités d’un commandement militaire déterminant, à même de proposer des tactiques offensives rapides.
Golan est bien placé pour décrocher le rang supérieur, lorsque Eizenkott se retirera en 2018.
Cependant, cela fait la seconde fois que le Premier Ministre a dû faire marche arrière sur son choix pour le poste de Chef d’Etat-Major, sous la pression politique : la première fois correspondant au choix du Général Yoav Galant en 2010. Cela peut aussi servir de mesure d’évaluation de sa propre assertivité contre une quelconque pression politique.
[1] communication personnelle de Bassem Shab, contributeur invité du site Middle East Institute, avec un combattant d’Al Nusra.DEBKAfile Analyse Exclusive 1er Décembre, 2014, 11:35 AM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski.