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Le chemin vers la paix passe par la victoire d’Israël et la défaite des Palestiniens par Daniel Pipes / LPH

Le chemin vers la paix passe par la victoire d’Israël et la défaite des Palestiniens par Daniel Pipes

S’il fallait décrire les relations diplomatiques israélo-palestiniennes, on pourrait se contenter de reprendre la définition classique de l’absurdité : « faire et refaire encore et toujours la même chose tout en espérant obtenir des résultats différents. » En dépit de leurs échecs répétés, les mêmes propositions – un territoire en échange de la paix et la solution à deux États, à la charge surtout d’Israël – sont ressassées inlassablement. Les décennies de ce que les initiés appellent « processus de paix » ont rendu la situation pire que ce qu’elle était au départ. Et pourtant, les grandes puissances persistent en entretenant le ballet diplomatique à Jérusalem et à Ramallah dans l’espoir de voir l’énième cycle de négociations aboutir à une solution jusqu’à présent illusoire.

Il est donc temps d’adopter une nouvelle approche et de repenser le problème à la base, en s’inspirant de la stratégie développée avec succès par Israël pendant les 45 premières années de son existence. L’échec des relations diplomatiques israélo-palestiniennes depuis 1993 invite à adopter une approche alternative consistant à privilégier sans relâche l’obtention d’une victoire israélienne, une victoire qui, paradoxalement, pourrait profiter aux Palestiniens et booster le soutien américain.

I. La quasi-impossibilité du compromis

Depuis la Déclaration Balfour de 1917, Palestiniens et Israéliens poursuivent invariablement des objectifs opposés.

Type de carte montrant en arabe une « Palestine mon amour » d’où Israël est exclu.

Dans les années qui ont précédé la fondation du nouvel État, le moufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini, a développé une politique de rejet ou d’élimination de toute trace de présence juive sur ce qui constitue aujourd’hui le territoire d’Israël [1]. Cette politique est toujours en place. Des cartes en langue arabe montrant une « Palestine » en lieu et place d’Israël symbolisent cette aspiration permanente. Le rejet est si profondément ancré qu’il anime non seulement la scène politique palestinienne mais également l’ensemble de la société palestinienne. Avec une énergie et une persévérance inflexibles, les Palestiniens ont mené une politique de rejet déclinée selon trois approches : la démoralisation des sionistes par l’usage de la violence politique, les nuisances portées à l’économie israélienne par le recours aux boycotts commerciaux et la remise en cause de la légitimité d’Israël par la recherche de soutiens étrangers. Les différences qui séparent les factions palestiniennes sont plutôt d’ordre tactique : faut-il ou non discuter avec les Israéliens en vue d’obtenir des concessions ? Alors que Mahmoud Abbas représente la première option, Khaled Mashal incarne la seconde.

Du côté israélien, pratiquement tout le monde s’accorde sur la nécessité d’obtenir la reconnaissance des Palestiniens (ainsi que des autres Arabes et de l’ensemble des musulmans), les différences étant, ici aussi, d’ordre tactique. David Ben Gourion adoptait l’approche consistant à montrer aux Palestiniens les bénéfices qu’ils pouvaient tirer du sionisme. Vladimir Jabotinsky développait la vision opposée affirmant que les sionistes n’avaient pas d’autre choix que de briser la volonté intraitable des Palestiniens. Leurs approches antagonistes demeurent la pierre d’achoppement du débat israélien en matière de politique étrangère, où l’on retrouve Isaac Herzog en héritier de Ben Gourion et Benyamin Netanyahou en successeur de Jabotinsky.

Ces deux conceptions – rejet et reconnaissance – n’ont pas fondamentalement changé depuis un siècle. L’Autorité palestinienne, le Hamas, le Parti travailliste et le Likoud d’aujourd’hui sont les descendants directs des Husseini, Ben Gourion et Jabotinsky. Les variations quant aux idéologies, aux objectifs, aux tactiques, aux stratégies et aux acteurs indiquent que ce sont les détails qui ont varié alors que les fondamentaux se sont remarquablement maintenus. Les guerres et les traités se sont succédé pour ne produire que des changements mineurs. Étonnamment, les nombreuses phases de combat ont eu peu d’impact sur les objectifs primordiaux alors que les différents accords formels (tels les Accords d’Oslo de 1993) se sont révélés contreproductifs étant donné qu’ils n’ont fait qu’attiser l’hostilité envers l’existence d’Israël.

Le rejet ou la reconnaissance d’Israël par les Palestiniens se résume à une vision binaire – c’est oui ou non, sans solution intermédiaire – qui rend tout compromis quasi-impossible, toute solution nécessitant de la part d’un camp l’abandon complet de ses objectifs. Soit les Palestiniens abandonnent leur rejet séculaire de l’État juif, soit les sionistes abandonnent leur projet, vieux de 150 ans, de foyer national indépendant. En dehors de cette alternative, toute solution constitue un accord instable dont le seul effet est d’ouvrir la voie à une nouvelle phase du conflit.

Le « processus de paix » en échec

La dissuasion, qui consiste à convaincre les Palestiniens et les États arabes d’accepter l’existence d’Israël sous peine de dures représailles, a permis à Israël de développer, de 1948 à 1993, une vision stratégique et une intelligence tactique d’une formidable efficacité. Pendant tout ce temps, la dissuasion a si bien fonctionné que les États arabes ennemis d’Israël ont perçu le pays très différemment jusqu’à la fin de la période. Alors qu’en 1948 les armées d’invasion arabes espéraient étrangler l’État juif à peine né, en 1993 Arafat s’est vu contraint de signer un accord avec le Premier ministre israélien.

Cependant, la dissuasion n’a pas permis d’en finir pour autant. Alors que les Israéliens construisaient un pays moderne, démocratique, prospère et puissant, le fait que les Palestiniens, les Arabes, les musulmans et (de plus en plus) la gauche continuaient à rejeter ce pays, est devenu une source de frustrations grandissantes. La population israélienne, impatiente et affairée, s’est lassée des aspects peu attrayants de la dissuasion qui est par nature passive, indirecte, rigoureuse, lente, ennuyeuse, humiliante, réactive, coûteuse et, sur le plan international, impopulaire.

Cette impatience a conduit au processus diplomatique dont le point d’orgue a été cette poignée de main échangée sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, en 1993, en guise de confirmation de la signature des Accords d’Oslo. Pendant une courte période, « la poignée de main » (ainsi cherchait-on à valoriser l’événement à l’époque) entre le dirigeant palestinien Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin a fait office de symbole d’une médiation réussie qui a donné à chaque camp ce qu’il souhaitait le plus : la dignité et l’autonomie pour les Palestiniens, la reconnaissance et la sécurité pour les Israéliens. En récompense, Arafat, Rabin et le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres ont reçu, entre autres distinctions, le Prix Nobel de la Paix.

Arafat, Peres et Rabin se partageant le Prix Nobel, en 1994.

Cependant, les accords n’ont pas tardé à décevoir les deux parties. Alors que les Israéliens et les Palestiniens s’entendent sur très peu de choses, ils sont au moins d’accord à la quasi-unanimité sur le fait qu’Oslo a été un désastre.

À l’époque où, avant Oslo, les Palestiniens vivaient en permanence sous contrôle israélien direct, l’acceptation d’Israël progressait et la violence politique diminuait. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza pouvaient voyager localement sans checkpoint et accéder à leurs lieux de travail situés en Israël. Ils bénéficiaient de l’État de droit et d’une économie qui a plus que quadruplé indépendamment de toute aide étrangère. Des écoles et des hôpitaux en état de marche se sont multipliés tout comme plusieurs universités.

Alors qu’il promettait à cette époque de faire de Gaza « la Singapour du Moyen-Orient », Yasser Arafat a, au contraire, par son despotisme et son agressivité à l’encontre d’Israël, transformé son fief non pas en Singapour mais en cauchemar comparable au Congo. Refusant d’abandonner la révolution permanente et rebelle à l’idée de devenir le chef ordinaire d’un État de second ordre, Arafat s’est servi des Accords d’Oslo pour infliger aux Palestiniens la dépendance économique, la tyrannie, des institutions défaillantes, la corruption, l’islamisme et le culte de la mort.

Pour les Israéliens, les Accords d’Oslo n’ont pas conduit à la fin espérée du conflit. Ils ont, au contraire, attisé l’ambition palestinienne d’éliminer l’État juif. La fureur palestinienne est montée en flèche et le nombre d’Israéliens assassinés dans les cinq années qui ont suivi les Accords d’Oslo a été plus important que dans les quinze années antérieures. Les discours incendiaires et les actions violentes se sont multipliés et se répandent sans faiblir 23 ans plus tard. Par ailleurs, les efforts de délégitimation entrepris par les Palestiniens ont coûté cher aux Israéliens sur la scène internationale : la gauche s’est retournée contre Israël et a accouché de nouveautés antisionistes comme la Conférence des Nations unies contre le Racisme, à Durban, et le mouvement Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS).

La Conférence des Nations unies contre le Racisme de Durban a vu l’antisionisme gauchiste apparaître au grand jour.

Vu du côté israélien, les sept années d’apaisement qui ont suivi Oslo, 1993-2000, ont miné les 45 années d’une dissuasion efficace. Les six années de retraits unilatéraux qui ont suivi, de 2000 à 2006, ont achevé d’enterrer la politique de dissuasion. La décennie qui s’est écoulée depuis 2006 n’a pas été le témoin de changements majeurs.

L’expérience d’Oslo a montré l’inanité des concessions faites par Israël aux Palestiniens alors que ces derniers n’ont pas réussi à se montrer à la hauteur de leurs engagements. En montrant la faiblesse d’Israël, Oslo n’a fait qu’envenimer la situation au point que ce qu’il est convenu d’appeler « processus de paix » devrait plutôt être qualifié de « processus de guerre ».

Le faux espoir d’une victoire obtenue par ruse

Pourquoi les choses ont-elles si mal tourné par rapport à ce qui semblait être un accord si prometteur ?

La responsabilité morale de l’échec d’Oslo revient uniquement à Yasser Arafat, Mahmoud Abbas et l’ensemble des dirigeants de l’Autorité palestinienne. Ils ont fait mine d’abandonner la politique de rejet et de reconnaître l’existence d’Israël tout en cherchant à éliminer Israël par d’autres moyens plus sophistiqués comme l’usage de la délégitimation en lieu et place de la force.

Toutefois, les Israéliens ont commis une énorme erreur du fait de s’être engagés dans le processus d’Oslo en partant d’un principe erroné que Yitzhak Rabin a plus d’une fois résumé par cette phrase : « Vous ne faites pas la paix avec vos amis. Vous la faites avec des ennemis qui sont tout sauf agréables. » [2] En d’autres termes, il s’attendait à ce que la guerre prenne fin grâce à la bienveillance, la conciliation, la médiation, la flexibilité, la retenue, la générosité et le compromis, le tout couronné par des signatures au bas de documents officiels. C’est dans cet esprit que son gouvernement et tous ceux qui lui ont succédé se sont accordés à faire un grand nombre de concessions, jusqu’à permettre la création d’une milice palestinienne, toujours dans l’espoir de voir les Palestiniens accepter en retour l’existence de l’État juif.

Or, les Palestiniens ne l’ont jamais fait. Au contraire, les concessions israéliennes n’ont fait que renforcer l’hostilité palestinienne, chacune d’elles entraînant une radicalisation, une exaltation et une mobilisation accrues du monde politique palestinien. Les efforts israéliens en vue de « faire la paix » ont été perçus comme autant de signes de démoralisation et de faiblesse. Les « concessions douloureuses » ont réduit la crainte qu’Israël inspirait aux Palestiniens et, en faisant apparaître l’État juif comme vulnérable, ont suscité chez ces derniers des rêves irrédentistes d’anéantissement.

Rétrospectivement, ce n’est pas surprenant. Contrairement au slogan de Rabin, « on ne fait pas la paix avec des ennemis qui sont tout sauf agréables » mais bien avec d’anciens ennemis qui sont tout sauf agréables, c’est-à-dire des ennemis qui ont été vaincus.

Ce qui nous amène au concept clé de mon analyse, qui est la victoire ou le fait d’imposer ses propres volontés à l’ennemi et le contraindre, par les pertes qu’on lui a infligées, à abandonner ses ambitions de guerre. Comme le montre l’histoire, les guerres prennent fin grâce non pas à la bienveillance mais à la défaite. Celui qui ne gagne pas, perd. Les guerres se terminent généralement quand l’échec pousse un camp au désespoir, quand ce camp a abandonné ses objectifs de guerre et accepté la défaite, et quand cette défaite a épuisé sa volonté de combattre. Inversement, aussi longtemps que chacun des deux camps garde l’espoir d’atteindre ses objectifs de guerre, la lutte continue ou est susceptible de reprendre.

À travers les époques, les penseurs et les guerriers s’accordent sur l’importance de la victoire comme objectif véritable de la guerre. À titre d’exemple, Aristote a écrit que « la victoire est la fin de la stratégie » et Dwight D. Eisenhower a déclaré que « dans une guerre, il n’y a pas de substitut à la victoire. » C’est là une vérité que les progrès technologiques n’ont pas altérée.

Aristote (384-322 AEC)

Les guerres du 20ème siècle qui ont connu une fin décisive comprennent la Deuxième Guerre mondiale, les affrontements Chine-Inde, Algérie-France, Nord-Vietnam-États-Unis, Grande Bretagne-Argentine, Afghanistan-URSS ainsi que la Guerre froide. La défaite peut résulter soit d’une lourde défaite militaire, soit d’une conjonction de pressions économiques et politiques. Elle n’implique pas une perte militaire totale ni une destruction économique et encore moins l’anéantissement d’une population. Ainsi, la seule défaite américaine de l’histoire, au Sud-Vietnam en 1975, s’est produite non pas en raison d’un effondrement de l’économie, d’une pénurie de munitions, ou d’un échec stratégique (le camp américain était en train de gagner la guerre au sol) mais pour la simple raison que les Américains ont perdu la volonté de poursuivre le combat.

L’année 1945 marque à ce propos un tournant. Avant cette date, c’est surtout la supériorité militaire écrasante qui faisait plier chez l’ennemi sa volonté de combattre. Depuis lors, les grandes victoires militaires sur le terrain ont été rares. La supériorité sur le champ des opérations ne consiste plus comme par le passé à saper la détermination de l’ennemi à combattre. Pour reprendre les termes de Clausewitz, ce sont le moral et la volonté et non plus les tanks et les bateaux, qui constituent désormais le centre de gravité. En Algérie, les Français avaient beau avoir la supériorité sur leurs ennemis en termes d’effectifs et d’armement, à l’instar des Américains au Vietnam et des Soviétiques en Afghanistan, les Français comme les Américains et les Soviétiques ont néanmoins perdu leur guerre. Inversement, les pertes subies à la guerre par les États arabes entre 1948 et 1982, par la Corée du Nord en 1950-1953 et par l’Irak en 1991 et en 2003, ne se sont pas traduites par la capitulation ou la défaite.

Quand le camp des perdants conserve ses objectifs de guerre, la reprise de la guerre demeure possible voire, probable. Après leur défaite lors de la Première Guerre mondiale, les Allemands ont gardé leur objectif de domination de l’Europe et se sont tournés vers Hitler pour une nouvelle tentative, ce qui a incité les Alliés à viser la victoire totale afin d’éviter que les Allemands ne recommencent une troisième fois. La Guerre de Corée s’est terminée en 1953 mais le Nord et le Sud ont tous deux maintenu leurs objectifs de guerre, ce qui implique que le conflit peut reprendre à n’importe quel moment, à l’instar des guerres entre l’Inde et le Pakistan. Les Arabes ont perdu toutes les guerres face à Israël (1948-1949, 1956, 1967, 1973 et 1982) mais ont toujours considéré leurs défaites comme autant d’essais manqués annonciateurs d’une nouvelle tentative.

II. Le travail difficile de la victoire

Comment Israël pourrait-il inciter les Palestiniens à abandonner leur politique de rejet ?

Pour commencer, on a vu au fil des décennies l’élaboration d’une grande variété de plans (incompatibles entre eux) visant à mettre fin au conflit d’une façon favorable à Israël. [3] Allant du plus doux au plus dur, ces plans incluent :

Le problème est qu’aucun de ces plans n’inclut la nécessité de briser la volonté palestinienne de combattre. Ils consistent tous à gérer le conflit sans le résoudre et visent tous à obtenir la victoire par le biais de stratagèmes. Tout comme les négociations d’Oslo ont échoué, toute autre solution échouera tant qu’on renoncera à suivre le chemin escarpé de la victoire.

Cette configuration historique montre que, pour obtenir sa reconnaissance par les Palestiniens, Israël n’a pas d’autre choix que de revenir à son ancienne politique de dissuasion en sanctionnant les Palestiniens à la moindre agression. La dissuasion ne se résume pas à la stratégie de fermeté qu’emploient tous les gouvernements israéliens. Elle exige des politiques systémiques qui encouragent les Palestiniens à reconnaître Israël et découragent leur politique du rejet. La dissuasion exige une stratégie à long terme qui incite à un changement de mentalité.

L’incitation à un tel changement, qui n’a rien d’une sinécure, repose sur une politique de riposte proportionnée et graduelle. Si les Palestiniens transgressent modérément, ils devront payer modérément, et ainsi de suite. La riposte dépend de circonstances particulières, et donc ce qui suit n’est qu’un ensemble de suggestions d’ordre général en guise d’exemples pour Washington, allant du plus conciliant au plus rigoureux :

Si les « martyrs » palestiniens provoquent des dégâts matériels, les réparations devront être payées sur les 300 millions de dollars de charges fiscales que le gouvernement israélien transfère chaque année à l’Autorité palestinienne. Aux actes destinés à isoler et à affaiblir Israël sur le plan international, il faudra riposter par une limitation de l’accès à la Cisjordanie. Si l’auteur palestinien d’un attentat est tué, son corps devra être enterré en toute discrétion et de façon anonyme dans une fosse commune. Si la direction de l’Autorité palestinienne incite à la violence, il faudra empêcher les officiels à l’étranger de regagner l’Autorité palestinienne. Aux meurtres d’Israéliens, il faudra riposter par l’extension des villes juives en Cisjordanie. Si les armes de l’Autorité palestinienne se tournent contre Israël, ces armes devront être saisies et toutes les autres prohibées et si cela se produit de façon répétitive, les infrastructures de sécurité de l’Autorité palestinienne devront être démantelées. Si la violence venait à se poursuivre, il faudra alors réduire et ensuite couper l’eau et l’électricité fournies par Israël. En cas de tirs d’artillerie, de tirs de mortiers ou de missiles, les zones d’où proviennent ces tirs devront être occupées et placées sous contrôle.

Il va de soi que ces mesures sont à l’exact opposé de la vision consensuelle adoptée actuellement par Israël qui cherche par-dessus tout à ce que les Palestiniens se tiennent tranquilles. Cependant, quand on sait que cette myopie s’est développée sous la pression internationale incessante, et particulièrement de la part du gouvernement américain, en vue de plaire à l’Autorité palestinienne, il suffirait certainement que cette pression disparaisse pour que les Israéliens adoptent les mesures stratégiques plus fermes brièvement exposées ici.

Sceller une paix véritable implique le recours à une coercition qui permettrait aux Palestiniens de changer d’état d’esprit c’est-à-dire d’abandonner la politique de rejet et de reconnaître les juifs, le sionisme et Israël. Une fois qu’un nombre suffisant de Palestiniens aura abandonné le rêve d’éliminer Israël, ils feront les concessions nécessaires pour mettre fin au conflit. Pour cela, Israël devra convaincre plus de 50 % des Palestiniens de leur défaite.

Le but poursuivi ici n’est pas de faire aimer Sion aux Palestiniens mais bien d’enrayer la machine de guerre en fermant les usines à suicide, en mettant fin à la diabolisation des juifs et d’Israël, en reconnaissant les liens qui unissent les juifs à Jérusalem et en « normalisant » les relations avec les Israéliens. La reconnaissance d’Israël par les Palestiniens sera réalisée quand, au terme d’une longue période et après être allé jusqu’au bout de la logique, la violence prendra fin et fera place à une véhémence simplement verbale, celle des protestations et des billets d’humeur auprès des rédactions des journaux. Sur un plan symbolique, le conflit sera terminé quand les juifs vivant à Hébron (en Cisjordanie) n’auront plus besoin d’un niveau de sécurité supérieur à celui des Palestiniens vivant à Nazareth (en Israël).

La police des frontières israélienne escortant un groupe de touristes israéliens en visite à Hébron, en avril 2014.

À ceux qui considèrent que les Palestiniens sont trop fanatiques pour être vaincus, je réponds : si, alors qu’ils étaient tout aussi fanatiques et bien plus puissants, les Allemands et les Japonais ont pu être vaincus lors de la Deuxième Guerre mondiale et devenir ensuite des citoyens normaux, pourquoi pas les Palestiniens aujourd’hui ? De plus, l’histoire montre que les musulmans ont à plusieurs reprises cédé face aux infidèles quand ils étaient confrontés à une force supérieure et déterminée, que ce soit en Espagne, dans les Balkans ou encore au Liban.

Israël est doublement chanceux. D’une part, le pays ne part pas de rien : des sondages et d’autres indicateurs montrent que 20 % des Palestiniens et des autres Arabes acceptent de toute façon l’existence de l’État juif. D’autre part, Israël n’a besoin de dissuader que les Palestiniens, qui sont un acteur très faible, et non pas l’ensemble des Arabes ou des musulmans. Même s’ils sont objectivement faibles (économie, force militaire), les Palestiniens sont le fer de lance de la guerre contre Israël. C’est pourquoi une fois qu’ils auront abandonné leur politique de rejet, les autres (comme les Marocains, les Iraniens, les Malaisiens, et les autres) leur emboîteront le pas et, avec le temps, suivront probablement leur exemple.

Les Palestiniens tirent profit de leur défaite

Même s’ils seront nombreux à tirer profit d’une solution au problème résiduel palestinien, les Israéliens vivent d’ores et déjà dans un pays moderne et prospère ayant dépassé le stade de la violence et de la délégitimation qui leur ont été imposées. [4] Des études ont ainsi montré que les Israéliens sont parmi les gens les plus heureux au monde, un sentiment confirmé par les taux de natalité en hausse dans le pays.

Au contraire, les Palestiniens vivent empêtrés dans la misère et constituent la population la plus radicalisée de la planète. Des enquêtes d’opinion montrent les unes après les autres leur choix pour le nihilisme. Y a-t-il d’autres parents pour célébrer la transformation de leurs enfants en kamikazes ? Quel autre peuple s’attache davantage à nuire à son voisin qu’à améliorer son propre sort ? Le Hamas et l’Autorité palestinienne sont tous deux à la tête de régimes autoritaires qui répriment leur population et poursuivent des objectifs destructeurs. L’économie de la Cisjordanie et de Gaza dépend, plus que partout ailleurs, de l’aide financière étrangère, ce qui génère à la fois la dépendance et le ressentiment. Les mœurs des Palestiniens sont rétrogrades et avec le temps deviennent de plus en plus moyenâgeuses. Une population qualifiée et ambitieuse est prisonnière de la répression politique, d’institutions défaillantes et d’une culture qui valorise le délire, l’extrémisme et l’autodestruction.

Une victoire israélienne libérera les Palestiniens qui, par leur défaite, seront forcés de faire le deuil de leurs fantasmes irrédentistes et de leur rhétorique révolutionnaire creuse. Leur défaite les rendra également libres d’améliorer leur quotidien. Débarrassés de cette obsession génocidaire à l’encontre d’Israël, les Palestiniens pourront devenir un peuple normal et capable de travailler à son développement politique, économique, social et culturel. Les négociations pourraient enfin commencer pour de bon. En fin de compte, étant donné le point très bas duquel ils partent, les Palestiniens pourraient, ironie du sort, gagner en tant que vaincus autant si pas plus que les vainqueurs israéliens.

Toutefois, ce changement ne sera ni facile, ni rapide : une fois rejeté l’héritage répugnant d’Amin al-Husseini et une fois reconnue leur erreur séculaire, les Palestiniens devront supporter pendant un temps le goût amer de la défaite et son lot de privations, de destructions et de détresse. Il n’y aura pas d’alternative.

La nécessité du soutien américain

Les Palestiniens disposent d’un comité de soutien planétaire unique composé des Nations unies et d’un grand nombre de journalistes, d’activistes, d’éducateurs, d’artistes, d’islamistes et de gauchistes. Ils constituent non pas un obscur front de libération africain mais bien la cause révolutionnaire la plus privilégiée au monde. C’est ce qui rend la tâche d’Israël d’autant plus longue, plus difficile et plus dépendante d’alliés indéfectibles au premier rang desquels le gouvernement américain.

Si Washington veut jouer un rôle utile, il lui faudra, non pas ramener à nouveau les parties à la table des négociations, mais soutenir fermement Israël dans sa route vers la victoire. Cela se traduit non seulement par un soutien aux démonstrations de force épisodiques d’Israël mais aussi par un effort international systématique et soutenu entrepris avec Israël, certains États arabes et d’autres pays en vue de convaincre les Palestiniens de l’inanité de leur politique de rejet : Israël est bel et bien là, son existence est permanente et bénéficie d’un large soutien.

Cela signifie qu’il faut soutenir Israël dans sa politique de mesures fortes décrites plus haut, allant de l’enterrement anonyme des assassins jusqu’à la neutralisation de l’Autorité palestinienne. Cela signifie un soutien diplomatique à Israël qui se traduise, par exemple, par l’annulation de cette farce des « réfugiés palestiniens » et par le rejet des prétentions de proclamer Jérusalem comme capitale palestinienne. Cela entraîne également la fin des avantages pour les Palestiniens s’ils ne travaillent pas en faveur d’une reconnaissance pleine, entière et définitive d’Israël : pas de diplomatie, pas de reconnaissance comme État, pas d’aide financière et certainement pas d’armes et encore moins d’entraînement militaire.

Tant que les Palestiniens n’auront pas reconnu l’État juif, toute initiative diplomatique israélo-palestinienne demeurera prématurée. Tant qu’une partie continuera à rejeter l’autre, toute discussion sur les questions clés des Accords d’Oslo (frontières, eau, armements, lieux saints, communautés juives de Cisjordanie, « réfugiés palestiniens ») restera vaine. Ce n’est qu’à partir de l’heureux moment où les Palestiniens auront accepté l’État juif que les négociations pourront reprendre et remettre les questions d’Oslo sur la table. Toutefois, cette perspective s’inscrit dans un avenir assez lointain. Pour le moment, Israël a besoin de victoire.

[1] À ce sujet, j’ai fourni en décembre 1997 une analyse pour la revue Commentary.

[2] Curieusement, ce propos paraphrasait la déclaration faite 15 ans plus tôt par un dirigeant de l’OLP, Saïd Hammami.

[3] En février 2003, j’ai analysé dans le détail ces propositions pour la revue Commentary.

[4] À titre d’exemple, le nombre de morts et de blessés dans les accidents de la route en Israël pour la période 2000-2005 s’élève à 30.000 alors que le nombre de victimes d’actes liés au terrorisme est de 2000.

 

Source http://fr.danielpipes.org/17203/victoire-israel-defaite-palestiniens

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