Mort d’inhalation de gaz lacrymogènes, selon les Palestiniens; d’une crise cardiaque selon Israël
Le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein Al Cheikh a déclaré jeudi matin à l’agence de presse Reuters que l’autopsie de Ziyad Abou Ein, le vice-ministre pour les Prisonniers décédé mercredi lors d’une manifestation, a révélé qu’il était mort suite à des coups, à l’inhalation de gaz lacrymogènes et à un manque de soins médicaux.
Un responsable médical israélien spécialiste de la médecine médico-légale et connaissant personnellement Abou Ein, affirme quant à lui que le responsable palestinien pourrait avoir succombé à une crise cardiaque suite à une pression au niveau du cou lors de heurts avec les forces de sécurité israéliennes.
La mort d’un haut responsable palestinien, après des heurts avec la police des frontières lors d’une manifestation près d’une implantation israélienne aux abords de Ramallah, a provoqué de vives réactions dans le monde arabe, et attise les inquiétudes de soulèvement du côté israélien jeudi.
Ziyad Abu Ein, décédé au cours de la manifestation, est enterré à Ramallah jeudi, la veille des prières du vendredi, qui devraient être accompagnées d’une vague de protestations intenses du Fatah et de l’Autorité palestinienne.
Les évènements de la fin de semaine donneront le ton aux semaines à venir – à savoir si la coopération sécuritaire sera assurée, et si la vague de violence pourra être endiguée.
Mercredi soir, les ministres palestiniens se sont rencontrés à Ramallah pour prendre une décision quant à la coopération de sécurité avec Israël, après que le leader du Fatah Jibril Rajoub a annoncé que l’AP cesserait de travailler en coordination avec les forces israéliennes en Cisjordanie.
Une lettre a également été communiquée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon mercredi, rédigée par la direction de l’Autorité palestinienne, employant des termes accusateurs, comme « Israël meurtrier », « totalement responsable de ce crime atroce ».
L’ambassadeur palestinien à l’Onu, a qualifié de « culture d’impunité », exhortant le conseil à condamner l’incident, dont la responsabilité n’est pour le moment pas imputée à Israël.
Des troupes de l’armée israélienne ont été déplacées en Cisjordanie, des mesures de sécurité supplémentaires ayant été mises en place à l’aune de l’enterrement du ministre Abu Ein jeudi.
Le chef d’état major israélien Benny Gantz a annoncé jeudi le transfert de deux unités ainsi que deux battalions de la police des frontières, a rapporté la radio israélienne.
Des diplomates de l’Union européenne et des Nations unies ont exprimé leurs condoléances suite à la mort du responsable, en pleine protestation contre les forces de défense israéliennes mercredi près de Ramallah.
« C’est un rappel dramatique pour l’intégralité de la communauté internationale, de la détérioration de la situation sur le sol », a déclaré Federica Mogherini, à la tête des Affaires étrangères de l’UE.
L’Iran condamne – mais estime que l’incident renforcera l’unité
L’Iran a condamné mercredi la mort d’Abu Ziyad, estimant que cela allait « renforcer l’unité » des Palestiniens.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, a dénoncé un « acte inhumain » des militaires israéliens après la mort de Ziad Abou Eïn,
Sa mort « va renforcer la nation palestinienne dans sa volonté de résister », a-t-elle déclaré, citée par l’agence officielle Irna. « Cela va également renforcer l’unité entre les Palestiniens », a ajouté Mme Afkham.
L’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, fournit aux terroristes palestiniens du Hamas et du Djihad islamique la technologie nécessaire pour la fabrication de missiles utilisés pour frapper les villes israéliennes depuis Gaza.
De son côté, l’Union européenne a demandé une enquête « immédiate » et « indépendante » sur les circonstances de sa mort.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a dépêché son envoyé spécial Yitzhak Molho pour faire la lumière sur les circonstances de l’incident.
Ban Ki-Moon a demandé à Israël d’ouvrir « enquête rapide et transparente ».
Plus tôt, l’Autorité palestinienne a annoncé qu’elle rompait sa coopération sécuritaire avec Israël en réponse à « l’attaque brutale qui a provoqué la mort » de Ziad Abou Eïn, « tombé en martyr ».
Les circonstances de la mort du ministre palestinien restaient cependant floues mercredi soir. Selon certains témoins, Abou Ein aurait été frappé au visage et sur le torse par un policier israélien qui aurait ensuite tenté de l’étrangler, ont rapporté les médias palestiniens. Mais cette version est contredite par d’autres témoins qui ont vu l’homme s’effondrer après avoir inhaler une dose importante de gaz lacrymogène.
Abu Ein, était un membre haut placé du Fatah, ami proche de Marwan Barghouti (avec qui il a été de nouveau arrêté par Israël en 2002), et un ancien prisonnier israélien. Il était membre d’une cellule terroriste palestinienne qui a posé des bombes à Tibériade dans les années 1970, tuant deux adolescents israéliens en 1979, et a été libéré en 1985 suite à un échange de prisonniers – l’accord Jibril.
« Toutes nos options sont ouvertes »
Mercredi, Abbas a qualifié d' »acte barbare » la mort du responsable, et a décrété trois jours de deuil national, indiquant que « toutes nos options sont ouvertes. »
Il a en outre condamné « l’attaque brutale qui a provoqué la mort » de Ziad Abou Eïn, « tombé en martyr ». C’est un « acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré », a-t-il ajouté, selon l’agence de presse WAFA.
« Israël va payer pour le meurtre de Ziad », a déclaré le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad al-Maliki.
De con côté, l’armée israélienne a indiqué examiner les circonstances de la mort d’Abou Ein, alors que le ministre de la Défense Moshe Yaalon a dit « regretter » sa mort.
Le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les Territoires, le Général de division Yoav Mordechai et son homologue palestinien, Hussein Al-Sheikh, ont convenu qu’un médecin pathologiste israélien se joindra à une délégation de médecins de Jordanie pour faire la lumière sur la mort d’Abou Ein, selon un communiqué de Tsahal, précisant qu’une demande avait été faite aux Palestiniens de former une équipe commune pour l’enquête.