Au Moyen Orient les Chrétiens prennent enfin les armes
Michel Garroté, réd. Chef — Menacés d’extermination par l’avancée de l’Etat islamique, des chrétiens d’Irak, commencent à former leurs propres groupes de résistance armés, estimant que parfois, même les forces kurdes et irakiennes, ne suffisent pas à les protéger, face aux djihadistes qui ont pris plusieurs villes et villages chrétiens, tel Sharafya, dans le nord de la plaine de Ninive, au nord. Les djihadistes qui avaient pris ce village en ont été délogés mi-août, mais un mois plus tard, ses rues sont toujours vides.
Les combattants de l’EI ne sont qu’à quelques kilomètres, dans le village de Tel Kef, et seuls quelques hommes en uniformes arpentent le secteur. A quelques kilomètres du village irakien de Sharafya se trouve la ville chrétienne d’Al-Qosh, posée à flanc de montagne, à l’ombre du monastère Rabban Hermizd. Aucun membre de l’EI n’a posé un pied à Al-Qosh, mais la population a fui début août, quand les djihadistes se sont emparés de plusieurs villages en contrebas.
Au premier abord, les groupes armés chrétiens irakiens ressemblent aux peshmergas, les forces kurdes : uniforme kaki et kalachnikov en bandoulière. Mais brodé sur la manche ou porté fièrement sur la poitrine, un écusson les distingue : le drapeau assyrien, barré de deux fusils.
Ces hommes appartiennent à une toute nouvelle brigade de protection des Assyriens, un peuple chrétien installé depuis deux mille ans dans la plaine de Ninive. Formée le 11 août, la brigade est baptisée Dwekh Nawsha dans la langue araméenne locale. Elle compte une centaine d’hommes, selon le lieutenant-colonel Odicho. Et 2’000 hommes se sont déjà portés volontaires pour organiser la résistance armée face aux mercenaires l’EI.
Afin de renforcer les rangs, une délégation de chrétiens assyriens irakiens s’est rendue au Liban pour rencontrer des membres du parti chrétien des Forces libanaises (FL), issu du principal groupe de résistance chrétienne aux Syriens durant la guerre au Liban de 1975 à1990. La création de Dwekh Nawsha en Irak rappelle l’engagement des Assyriens en Syrie voisine, où ils ont formé le Conseil militaire syriaque, qui se bat activement aux côtés du parti YPG des Kurdes syriens.
Aujourd’hui, à Al-Qosh, au milieu des rues désertes, impossible de rater le bâtiment du Mouvement démocratique assyrien. Son violet – la couleur du parti – tranche avec la couche de sable qui recouvre une grande partie de la région. A l’intérieur d’un bâtiment, des hommes en uniformes, armes au pied, sont assis autour de thés fumants. Ils sont tous chrétiens, civils dans leur immense majorité, et ont décidé de rester pour défendre Al-Qosh.
Une centaine de chrétiens en tout patrouillent de jour, et restent en alerte la nuit. Des peshmergas sont revenus, et gardent désormais l’entrée du village. « Peut-être qu’ils vont fuir à nouveau, alors on reste », dit Athra Kado, membre d’un groupe de résistance chrétien irakien.
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Michel Garroté, réd. Chef www.dreuz.info
Sources :
http://www.leveilleurdeninive.com/2014/09/les-syriaques-de-syrie-et-dirak.html