Tokyo condamne « dans les termes les plus forts » cette nouvelle provocation. Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir en urgence vendredi.
LE MONDE | • Mis à jour le |Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait se réunir vendredi 15 septembre à huis clos pour aborder à nouveau la question nord-coréenne. Décidée dans l’urgence, la rencontre suit un nouveau tir de missile par Pyongyang. Parti à 6 h 57, heure de Corée du Sud, de Sunan, dans la banlieue de Pyongyang, l’engin a, comme le 29 août, survolé l’archipel pour aller s’abîmer dans l’océan Pacifique, à quelque 2 000 km à l’est du cap Erimo, dans le sud de l’île nippone d’Hokkaido.
Le tir intervient trois jours après l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité assortie de nouvelles sanctions, notamment une interdiction des livraisons de gaz à la Corée du Nord, un blocage de ses exportations de ses produits textiles et des limites à l’accueil de ses ressortissants pour travaillerdans d’autres pays.
Votée après le sixième essai nucléaire mené le 3 septembre par Pyongyang, elle a été vivement critiquée par le régime, qui a menacé le 14 septembre par l’intermédiaire de la commission pour la paix en Asie-Pacifique de « couler » le Japon et de réduire les Etats-Unis « en cendres », et appelé à dissoudre le Conseil de sécurité, un « outil diabolique » réunissant des pays « corrompus » obéissant aux ordres des Etats-Unis.
Lire aussi : « Mettre la Corée du Nord sous pression n’est pas la solution »
Le nouveau missile serait un modèle balistique à portée intermédiaire selon les premières évaluations de l’armée sud-coréenne et du commandement américain du Pacifique (Pacom), qui a par ailleurs « établi qu’il ne représentait pas une menace directe pour Guam », une île américaine du Pacifique. Mais la distance parcourue, 3 700 km, montre que le régime nord-coréen aurait désormais les moyens de l’atteindre.
Guam se situe à 3 400 km de Pyongyang. Le territoire, qui abrite d’importants moyens militaires américains, a été au cœur d’un vif échange verbal entre Washington et Pyongyang en août. Le régime nord-coréen a menacé de tirerdes missiles Hwasong-12 – identiques à celui lancé le 29 août – autour du territoire.
Le président américain Donald Trump ne s’est pas encore exprimé, mais Washington a immédiatement enjoint à la Chine, principal allié et soutien économique de Pyongyang, et à la Russie, de faire directement pression « de leur propre chef » sur le régime nord-coréen.
Maîtrise de la rentrée dans l’atmosphère des missiles
Pyongyang aurait également cherché, selon l’armée sud-coréenne, à affiner la maîtrise de la rentrée dans l’atmosphère des missiles, indispensable à la mise au point de missiles intercontinentaux dotés d’ogives nucléaires. Le dernier projectile tiré a atteint une altitude de 770 km.
Au Japon à nouveau survolé, le tir a provoqué le déclenchement du système J-Alert de la sécurité civile dans douze départements de l’est et du nord du pays. C’est au son des sirènes et des alertes sur téléphone portable que les habitants de la région se sont réveillés. La chaîne publique NHK a immédiatement interrompu ses programmes pour assurer la couverture des suites données au tir.
Lire aussi : « Mettre la Corée du Nord sous pression n’est pas la solution »
« Il n’y a aucun dégât sur le sol nippon », a fait savoir le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga qui a qualifié le lancement d’« inacceptable ». « Notre pays ne peut plus tolérer les provocations répétées de la Corée du Nord, a-t-il déclaré alors que le premier ministre Shinzo Abe est revenu d’une visite officielle en Inde où il a abordé la question nord-coréenne avec son homologue Narendra Modi. Nous avons vivement protesté et nous transmettons la forte indignation du peuple japonais. » Et M. Suga de rappeler l’étroite coopération sur cette question avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. Les Forces d’autodéfense n’ont pas cherché à abattre le missile.
En Corée du Sud, un nouveau missile air-sol
En Corée du Sud, outre une réunion du Conseil de sécurité nationale, la ministre des affaires étrangères Kang Kyung-wha s’est entretenue avec le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson.
L’armée aurait mené, selon l’agence Yonhap, des tirs de missiles balistiques en mer du Japon (Mer de l’Est). Elle l’a déjà fait après des tirs précédents et l’essai nucléaire du 3 septembre. Elle a également effectué le 13 septembre à partird’un avion de combat F-15K un essai d’un nouveau missile air-sol d’une portée de 500 km et acheté auprès de la société allemande Taurus System. L’engin a des capacités furtives ce qui le rend théoriquement indétectable.
Par ailleurs la Banque de Corée devait se réunir dans l’urgence pour vérifierl’état de préparation des moyens pouvant être mobilisés pour faire face à toute déstabilisation des marchés. Le Kospi, le principal indice de la bourse sud-coréenne, a entamé la séance en recul de 0,4 %.