Daech : l’enfant bourreau choque Toulouse
Après la diffusion de la vidéo de Daech où un enfant originaire du quartier du Mirail tue un otage, le traumatisme est profond dans la Ville rose, encore sous le choc des crimes de Mohamed Merah.
« C’est un choc immense, surtout que c’était un gosse mignon. Il jouait au foot au club d’à côté. C’est tellement gros qu’on se dit que ce n’est pas possible », raconte dans un sanglot Amandine. Mère d’un jeune homme ayant fait toute sa scolarité au Mirail, à Toulouse (Haute-Garonne), elle habite l’un des immeubles HLM surplombant le collège, tout proche de l’université du Mirail.
Elle a connu le petit R. quand il était à l’école maternelle des Vergers, et ne se remet pas de la nouvelle. « Sur la capture d’écran, ses yeux étaient sombres, mais quand j’ai vu la vidéo, je n’ai eu aucun doute. Je n’ai pas dormi de la nuit », poursuit Amandine. Elle se souvient de la maman de R., qui venait le chercher à l’école toute pomponnée et s’est mise à porter le voile du jour au lendemain.
L’enfant de 12 ans, bourreau présumé, présent sur la vidéo des terroristes de Daech, a été reconnu mercredi par ses anciens camarades de CM 2 de l’école des Vergers, aujourd’hui collégiens à Vauquelin. Sur les images, qui circulaient sur les réseaux sociaux, on le voit tuer un otage arabe israélien. De quoi traumatiser ces jeunes adolescents, revenus, pour certains, en pleurs au collège le lendemain. Jennifer, élève en 5e, a fait tout son primaire dans la même école que R. « Je ne le pensais pas capable de tuer quelqu’un. Il avait parfois des histoires avec d’autres enfants, mais il était assez calme. »
«On vit dans un monde violent, donc je ne suis pas surpris»
Les élèves n’avaient plus revu leur camarade depuis le 14 mars 2014. Il aurait gagné la Syrie avec sa mère, ses trois frères et soeurs en bas âge, et son beau-père, Sabri Essid. Ce dernier, qui profère des menaces jihadistes sur la vidéo, a été identifié par des sources policières comme étant bien le demi-frère autoproclamé de Mohamed Merah.
A quelques mètres de l’école primaire des Vergers, deux jeunes refusent de s’exprimer. Ils intiment à deux enfants de se taire également. « On ne parle que du pire, et jamais de toutes ces mères, par exemple, qui se bougent pour le quartier », s’emporte une jeune femme, écoeurée. Michaël, éducateur sportif au Mirail, évoque la pédagogie des cités : « Ici, l’éducation se fait par l’expérience. Les jeunes n’écoutent pas la morale. On vit dans un monde violent, donc je ne suis pas surpris par les faits. »
Trois ans exactement après l’affaire Merah, qui avait braqué les projecteurs du monde entier sur le quartier nord de la Ville rose, les Izards, c’est le sud de la commune qui se retrouve, depuis trois jours, au centre de la stupeur.
Jeudi, des groupes de parole ont été mis en place au sein du collège et de l’école pour les parents, les enseignants et les jeunes. « On a mobilisé toutes les compétences pour que médecins, psychologues et éducateurs puissent apporter des réponses à quelque chose d’irrationnel », a expliqué Jacques Caillaut, inspecteur d’académie de Haute-Garonne. Accompagné par des professionnels de santé, il a rencontré jeudi soir l’ensemble des familles et le personnel. Il a indiqué que le dispositif d’écoute serait poursuivi autant que nécessaire. Par ailleurs, les investigations se poursuivent pour identifier officiellement cet enfant soldat instrumentalisé par le jihad.
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