Sinaï : Le nouveau commandement avancé de Daesh aux portes d’Israël.
Un groupe d’au moins dix officiers des opérations et des renseignements de l’Etat Islamique, menés par un commandant de haut-rang, est arrivé dans le Sinaï et a pris en charge la direction des Jihadistes locaux de l’Ansar Baït Al Maqdis, en ouvrant par là un nouveau front dangereux contre l’Egypte et Israël, à proximité du Canal de Suez, de la Bande de Gaza et de la Judée-Samarie, selon des sources exclusives du contreterrorisme, approchées par Debkafile.
On connaît pas leur identité, mais leur relocalisation depuis l’Irak vers la péninsule égyptienne a été organisée avec minutie. Ils sont venus en se faisant passer pour des touristes en vacances dans la cité balnéaire de Sharm El-Sheikh, arrivés par des vols charter, au départ du Moyen-Orient et d’Europe, munis de faux passeports. Cela leur a permis d’échapper aux contrôles stricts de la sécurité, à l’aéroport international du Caire.
En assumant le commandement du groupe terroriste local, l’Ansar Bait al Maqdis, qui a juré allégeance à l’Etat Islamique, le mois dernier (en réalité, depuis le 1er juillet 2014), Abu Bakr al Baghdadi fait en sorte d’ajouter le Sinaï en tant que nouvelle province acquise au Califat qu’il a préalablement établi dans certaines régions de l’Irak et de la Syrie.
Au cours de ces dernières semaines, révèlent nos sources du contre-terrorisme, les tacticiens de l’Etat Islamique ont commencé à doter le Sinaï d’une réserve stratégique, en postant 300 combattants venus d’Irak et de l’Est de la Libye. Le groupe a aussi fourni des armes à son contingent égyptien.
L’Egypte se trouve, par conséquent, encerclée par les forces fidèles à l’Etat Islamique, sur ses frontières occidentales de Libye et profondément menacée depuis le Nord-Est du Sinaï ; alors qu’Israël est confronté à la même menace jihadiste, par le Sud-Ouest, dans le Sinaï et dans leNord, par la Syrie.
Dès leur arrivée dans le Sinaï, les commandants de l’Etat Islamique ont annoncé que la mission de leur mouvement est remaniée et redirigée contre « l’alliance Egypto-sioniste », au lieu de l’être uniquement contre l’Egypte.
L’une de leurs toutes premières taches sera de contrer les récents succès de l’armée égyptienne, qui a approfondi sa pénétration des tribus bédouines de la péninsule et infligé de lourdes pertes à l’Ansar Bait al Maqdis. Israël se trouve, pour l’instant, débordé par ce nouveau déploiement de Daesh dans le sinaï. Tsahal a lourdement renforcé ses positions dans le Nord, pour faire face à toute menace jihadiste provenant de Syrie sur le Golan, en créant la Division Bashan, parée à combattre les incursions du Jihad. Afin d’éviter une telle éventualité de choc frontal, les unités syriennes de l’Etat Islamique se sont dispatchées en se focalisant sur les combats au Nord et à l’Est de la Syrie.
Mais, ainsi, en se préparant à plaquer sur place toute tentative d’empiètement islamiste, au Nord, Israël retrouve ces mêmes forces en plein recadrage, tout le long de sa frontière Sud, sans y disposer de renforts militaires aussi étoffés, sur place.
Les projets d’Abu Bakr al Baghdadi pour le Sinaï contredisent les prétentions des principaux commandants de l’armée américaine, affirmant que l’Etat Islamique serait en repli en Irak, après avoir été gravement atteint par les frappes aériennes de la coalition dirigée par les Etats-Unis. La semaine dernière, il y a eu à peine 31 frappes en Irak et 15 en Syrie. Tout ce que cette charge de la cavalerie légère conduite par Washington a réussi à réaliser, jusqu’à présent, c’est à pousser les dirigeants de l’Etat Islamique à opter pour un changement tactique de terrain et à passer de l’expansion territoriale à la défense et à la guerre de tranchée, sur les zones qu’il détient.