Le vote des Européens en faveur d’un Etat palestiniena ouvert la voie à une prise de contrôle de la Bande de Gaza par l’Etat islamique.
Cela peut paraitre cocasse de voir un groupe terroriste islamiste en accuser un autre de ne pas l’être assez et de montrer trop d’« indulgence » quand à l’application de la charia. Mais il y a de quoi s’alarmer dès que les écrivains et les femmes sont menacés par un groupe terroriste. Et c’est justement ce qui se passe de nos jours dans la bande de Gaza ; les partisans de l’Etat islamique accusent le Hamas de ne pas imposer la charia de façon suffisamment stricte à la population palestinienne, comme si le Hamas avait jusqu’à présent adopté une approche libérale et ouverte des lois islamique et s’était rendu coupable de laxisme envers ceux qui violent la charia.
Jusqu’ici, les seuls sujets de préoccupation des Palestiniens dans la bande de Gaza était de savoir comment reconstruire les maisons et les bâtiments détruits pendant la dernière guerre entre le Hamas et Israël. Mais maintenant, presque tout le monde parle des menaces de l’Etat islamiques contre les poètes, les écrivains et les femmes.
C’est un secret pour personne : l’État islamique est présent dans la bande de Gaza. Selon des sources sur place, beaucoup de membres du Hamas mécontents et d’autres groupes salafistes-djihadistes radicaux ont déjà rejoint ses rangs, pour combattre en Syrie et en Irak. Plus tôt cette année déjà, il était clair que l’État islamique avait déjà commencé à être actif à l’intérieur de la bande de Gaza, et ce au grand dam du Hamas qui continue de nier sa présence sur le territoire qu’il est censé contrôler. « Il n’y a pas de membres de l’Etat islamique dans la bande de Gaza », a déclaré Eyad al-bazam, porte-parole du ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas.
Beaucoup de Palestiniens, cependant, ne semblent pas prendre les dénégations du Hamas au sérieux, et n’en sont pas convaincus. Ces derniers jours, deux brochures distinctes, signées par l’État islamique, menaçaient de punir les poètes et écrivains palestiniens pour leur « débauche » et leur « athéisme. » Les dépliants les nommaient explicitement, ce qui a créé un mouvement de panique au sein de la population de la bande.
Les dépliants lançaient également un ultimatum aux femmes palestiniennes les exhortant à se conformer à une tenue islamique stricte dissimulant totalement leur visage dans le style imposé par l’Etat islamique sous peine d’être punies, sans doute lapidées à mort. La teneur du message et la menace donnent la fausse impression que le Hamas permet aux femmes de porter des maillots de bain à la plage et de se promener dans les rues de la ville de Gaza en mini-jupes. Mais c’est ce qui arrive quand un groupe fondamentaliste estime que l’autre n’est pas assez radical. « Nous mettons en garde les écrivains et poètes avec leurs paroles et leurs actes de dévergondés athées, » peut-on lire sur l’un des tracts. « Nous donnons aux apostats trois jours pour renoncer à leur apostasie et leur impudicité et pour rejoindre la religion de l’Islam. »
Les menaces émises par Etat islamique ont provoqué les condamnations de nombreux Palestiniens. C’est la première fois que de telles menaces sont dirigées contre des poètes, des écrivains et des femmes. Bien que le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, ait nié être à l’origine de ces menaces, les responsables du Fatah en Cisjordanie ont été prompts à accuser le mouvement islamiste d’être derrière la propagation de ces dépliants. Mais l’analyste politique palestinien Naji Sharab a expliqué que toute tentative de nier la présence de terroristes Etat islamique dans la bande de Gaza était « irréaliste ». « Il est indéniable que l’Etat islamique existe [dans la bande de Gaza] comme petit groupe ou à titre individuel, » at-il dit. « Les tracts qui ont été distribués cette semaine n’ont pas pu venir de n’importe quelle organisation palestinienne. »
Les Palestiniens soulignent que ces deux tracts ne sont pas les seuls signes de la présence de l’Etat islamique dans la bande de Gaza. Ils disent que les drapeaux de l’État islamiques sont visibles dans de nombreux endroits de la bande de Gaza, en particulier dans les stades de football et les bâtiments publics. En outre, des autocollants de l’Etat islamique sont apparus sur les pare-brise de nombreux véhicules. Plus récemment, les Palestiniens rapportent que des familles ont commencé à faire figurer l’emblème de l’Etat islamique sur les cartons d’invitations de mariage envoyés aux parents et amis. Les photos de Palestiniens qui ont été tués en combattant dans les rangs de l’État islamique en Irak et la Syrie apparaissent dans de nombreux endroits, en particulier les mosquées et les centres éducatifs.
Tout cela bien sûr, alors que le Hamas persiste à dire que l’État islamique n’est pas présent à Gaza. Mais les femmes et les écrivains dont les noms figuraient dans les dépliants prennent les menaces très au sérieux. Amal Hamad, membre de l’Union des femmes palestiniennes, a exprimé sa profonde préoccupation au sujet des menaces proférées par État islamique. « Nous nous dirigeons vers le pire dans la bande de Gaza », se plaint-elle. « Nous tenons les forces de sécurité du Hamas responsables pour ses tracts d’intimidation et de terreur. » Elle et un grand groupe de femmes dans la bande de Gaza ont tenu une réunion d’urgence pour discuter des répercussions de ces menaces.
A en juger par les réactions des uns et des autres, il est clair que de nombreux Palestiniens – y compris le Hamas – sont extrêmement inquiets de la présence de l’État islamique dans la bande de Gaza. Même si le groupe terroriste n’a pas encore beaucoup de combattants dans la bande de Gaza, il a déjà d’innombrables disciples et admirateurs.
Si l’Etat islamique a effectivement réussi à s’infiltrer dans la bande de Gaza, ses chances d’entrer en Cisjordanie sont infimes tant que les Forces de défense israéliennes [FDI] sont présentes en Cisjordanie. L’Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas sont bien conscients que sans Tzahal en Cisjordanie, la zone pourrait facilement tomber entre les mains du Hamas ou de l’Etat islamique.
La bande de Gaza a déjà été transformée en un « émirat islamiste » dirigé par le Hamas et d’autres groupes radicaux comme le Jihad islamique. Il est clair que si et quand le régime du Hamas va s’effondrer, la bande de Gaza ne tombera pas dans les mains des Palestiniens moins radicaux. Il est important de garder à l’esprit que les pays Européen qui votent aujourd’hui pour un Etat palestinien ouvrent la voie à sa prise de contrôle par l’Etat islamique.
Khaled Abu Toameh – Gatestoneinstitute – Adaptation Kathie Kriegel
Source: JForum
