Un groupe d’étudiants hollandais est récemment venu en visite à l’Université Bar-Ilan. Ils ont exprimé une demande de conférence autour d’un thème bien spécifique : Est-ce que le fait de comprendre la souffrance de votre ennemi peut contribuer à provoquer une réconciliation? Le Département de l’Université, qui accueillait ces étudiants, m’a demandé de réaliser cette conférence, puisque je pouvais la donner en néerlandais et adapter mon texte aux questions de mon auditoire. Les raisons de ce choix du sujet, de la part des étudiants, n’était pas explicitement mentionné, mais semblait aller de soi. Est-ce qu’Israël, en démontrant de l’empathie envers la souffrance des Palestiniens, peut favoriser l’établissement de la paix avec eux?
Le piège était évident. Si on tente de répondre à ce sujet en l’analysant uniquement par le prisme du conflit palestino-israélien, on est entraîné bien loin de la présentation du tableau plus large et de la dure réalité de la situation au Moyen-Orient et dans le monde arabo-musulman en général.
Sous cet angle étroit (ou petit bout de la lorgnette), l’auditoire s’attend à tort à ce qu’un Israélien insiste sur la valeur de la compassion envers les Palestiniens. Cependant, une fois qu’on a évité cet écueil, ce thème de l’empathie pour l’ennemi peut devenir un outil analytique intéressant, au regard de la position d’Israël au Moyen-Orient.
On parvient à mieux comprendre le véritable cadre dans lequel se pose cette question en parlant de quelques-uns des conflits les plus meurtriers survenus au cours de la dernière décennie, au Moyen-Orient et dans sa périphérie immédiate. Les guerres civiles des années 1980, en Afghanistan offrent une introduction touyt-à-fait adéquate. Entre la première guerre, lorsque l’Union Soviétique soutenait un gouvernement local contre les Mujahideen[1], et la seconde, qui a donné lieu aux massacres principalement perpétrés par les Talibans, entre un million et un million et demi de personnes, essentiellement des civils, ont trouvé la mort[2]. Si cette première évaluation est à peu près exacte, la population de ces personnes assassinées serait équivalente à la totalité de tous les résidents des deuxième et quatrième plus grandes villes hollandaises réunies, à savoir Rotterdam et Utrecht. Si le chiffre exact est plus proche du second bilan, on doit encore ajouter l’équivalent du nombre d’habitants de La Haye, la troisième ville néerlandaise par ordre d’importance.
Puisque la grande majorité de ces meurtres ont été commis par d’autres Afghans, ce conflit illustrait l’absence d’empathie que des nationaux peuvent éprouver envers leurs compatriotes. Et on peut en dire autant de toutes les guerres civiles.
La guerre Iran-Irak des années 1980 est un autre conflit régional majeur et tout aussi meurtrier. Une fois encore, au moins un million de personnes ont trouvé la mort[3]. Les Iraniens ont envoyé beaucoup de leurs propres enfants sur le terrain pour faire exploser les mines irakiennes, de façon à sauver la vie des soldats iraniens durant les combats. Ces faits démontrent une autre facette des normes prévalentes en matière d’empathie au Moyen-Orient : le manque de compassion d’une nation pour ses propres enfants.
Un troisième exemple pertinent concerne la guerre civile algérienne des années 1990, où les soldats d’un gouvernement musulman et des extrémistes islamistes se sont battus les uns contre les autres, durant environ 15 ans, conduisant ainsi à plus de 100.000 morts, au cours de nombreux actes d’une grande barbarie[4]. Cela tend à donner une idée de l’absence d’empathie des Algériens pour ceux qui pratiquent pourtant la même religion qu’eux.
De tels exemples tirés du monde musulman expriment un message clair : dans de nombreux environnements musulmans, on observe un manque d’empathie monumental pour ses propres compatriotes, coreligionnaires et même pour ses propres enfants.
Une brève analyse de l’empathie – ou est-il préférable de parler du manque patent de cette notion – présente au sein du monde chrétien nous offre une illustration supplémentaire de la valeur de ce concept – à de rares exceptions près – qui n’est pas loin de n’être qu’une pure chimère. Cette réalité est manifeste, en dépit de l’obligation faite par le Nouveau Testament de “tendre l’autre joue” lorsqu’on est frappé au visage[5].
Il n’est pas nécessaire de remonter jusqu’aux Croisades ni à l’ère des Conquistadors européens ravageant les Amériques. Le manque d’empathie chrétienne est évidente, par exemple, dans le déroulement bien plus proche de nous, des guerres de Yougoslavie, dans les années 1990, où les Musulmans ont constitué les principales victimes de meurtriers dont la plupart était Chrétiens[6]. Il semble que la possibilité de tendre l’autre joue, comme Jésus le recommandait, ne s’est avérée ni pratiquée ni pratiquable en de telles occasions.
Au cours du génocide rwandais, pour ne mentionner rapidement qu’une autre illustration du comportement humain, un groupe de Chrétiens a assassiné massivement un nombre estimé à 800.000 autres Chrétiens[7].
De telles situations indescriptibles ont été tellement macabres, et les proportions de ceux qui ont été massacrés, déjà tellement élevées, que l’on n’a même pas à insister sur les autres aspects de ces carnages, tels que les très nombreux autres qui ont été blessés et mutilés, les réfugiés déplacés et les victimes de nettoyages ethniques.
Au-delà de ces lieux de massacres, les études sur les attitudes des diverses populations peuvent contribuer à comprendre un peu mieux le statut de l’empathie au Moyen-Orient et au sein du monde musulman. Le Centre de Recherche Pew a mené plusieurs études. Une d’entre elles indiquait que, durant de nombreuses années, des centaines de millions d’individus issus du monde musulman ont soutenu Ousama Ben Laden et les attentats-suicide. Ces études rendent évident que l’extrémisme musulman n’est pas simplement le fait de quelques musulmans extrémistes[8] .
Une autre recherche de l’Institut Pew a réalisé un sondage auprès de Musulmans au sein de divers pays musulmans, pour connaître leur opinion concernant les Juifs[9]. Il s’est avéré, cependant, que dans tous ces pays musulmans, l’opinion générale leur est extrêmement défavorable. Ces stéréotypes étaient confirmés par les données d’une étude de la Ligue Contre la Diffamation (Anti-Defamation League) sur les pourcentages de la population des pays musulmans qui adoptent des attitudes antisémites. Dans chacun d’entre eux, il s’agissait, chaque fois, d’une grande majorité. Les pays les moins problématiques étaient la Turquie, où 69% se disaient antisémites et l’Iran, avec 56%[10].
C’est à partir de ce décor global qu’on peut expliquer plus clairement ce qu’est le conflit palestino-israélien et où, comment le situer. L’empathie palestinienne pour autrui est inexistante. L’organisation islamonazie Hamas, dont la charte appelle au Génocide des Juifs, a obtenu la majorité des sièges au cours des seules élections parlementaires qui s’y soient jamais tenues et qui se sont déroulées en 2006[11].
Si de nouvelles élections pour élire un nouveau Président palestinien devaient avoir lieu aujourd’hui, le dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh prendrait facilement le dessus sur le dirigeant du Fatah, Mahmoud Abbas, qui, de concert avec ses associés, glorifie fréquemment le meurtre des civils israéliens[12]. Au cours de la dernière guerre de Gaza, en 2014, le Hamas a fait en sorte que le nombre de morts palestiniens soit aussi élevé que possible, pour ainsi s’aliéner la sympathie de l’opinion internationale et criminaliser Israël[13].
En contraste saisissant avec cet environnement régional horrible et dépourvu d’empathie, Israël est le pays qui fait exception, où une certaine empathie existe réellement pour les autres, y compris une partie de ses ennemis. On trouve un exemple de ce phénomène par le traitement hospitalier des blessés qui traversent la frontière syrienne, un pays avec lequel Israël est pourtant toujours techniquement en guerre. Aux alentours de la fin 2014, on évalue à près de 1400 le nombre de Syriens qui ont bénéficié de soins intensifs[14]. La même chose est vraie, concernant les soins hospitaliers dont bénéficient les Palestiniens de Gaza, au titre desquels on peut citer la propre fille d’Haniyeh[15].
Une enfant syrienne soignée en Israël dévore sa matzah!
Il y a bien d’autres aspects de la vie courante qui met Israël radicalement à l’écart de ses voisins arabes. On peut évoquer l’un d’entre eux dans le fait qu’Israël tente de limiter le nombre de pertes civiles au cours de ses campagnes militaires et que ce petit pays y parvient bien mieux que les Américains et les Britanniques, selon le Commandant des troupes britanniques en Afghanistan, le Colonel Richard Kemp[16].
Le chauffeur de taxi qui m’a raccompagné à la fin de cette conférence m’a apporté sa propre contribution à l’nerichissement de ce sujet. Il me racontait qu’une fois, il avait conduit une femme de Gaza jusqu’au passage frontalier. Elle venait d’être soignée dans un hôpital israélien et louait l’aide dont elle avait bénéficié. Le chauffeur de taxi lui a alors demandé si elle allait faire en sorte que son entourage le sache à Gaza. Cette femme a alors fait un mouvement de la main autour de son cou, en signe d’objet tranchant, indiquant ainsi que si, par malheur elle en faisait part, on lui couperait la gorge.
Par Manfred Gerstenfeld
Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.
Adaptation : Marc Brzustowski.
[1] Alan Taylor, “The Soviet War in Afghanistan, 1979 – 1989,” The Atlantic, 4 August 2014.
[2] “Human Costs of War: Direct War Death in Afghanistan, Iraq, and Pakistan October 2001- April 2014,” Costs of War, Brown University.
[3] Ian Black, “Iran and Iraq remember war that cost more than a million lives,” The Guardian, 23 September 2010.
[4] Roman Hagelstein, “Explaining the Violence Pattern of the Algerian Civil War,” HiCN- Households in Conflict Network, March 2008.
[5] Luke 6:29
[6] Alissa J. Rubin, “Religious Identity at Heart of Balkan War,” Los Angeles Times, 18 April 1999.
[7] “Background and Resources: Rwandan Genocide, 1994,” Anti-Defamation League, 2005.
[8] « On Anniversary of bin Laden’s Death, Little Backing of al Qaeda, » Pew Research Center, 30 April 2012.
[9] Amir Mizroch, “Poll: 90% of ME views Jews unfavorably,” The Jerusalem Post, 2 September 2010.
[10] “Chapter 2: How Muslims and Westerners View Each Other,” Pew Research Global Attitudes Project, 21 July 2011.
[11] “Hamas Covenant 1988,” Yale Law School, 18 August 1988.
[12] “Palestinian Public Opinion Poll No -53,” Palestinian Center for Policy and Survey Research, 29 September 2014.
[13] Ricky Ben-David, Lazar Berman, et. al. More rockets fired at TA, Deif: Hamas fighters ‘eager for death,’ Kerry says PM discussed truce,” The Times of Israel, 29 July 2014.
[14] “IDF soldiers treating wounded Syrians on Israel border,” Haaretz 17 December 2014.
[15] Reuters, “Israeli hospital confirms that it treated Haniyeh’s daughter,” The Jerusalem Post, 19 October 2014.
[16] Lahav Harkov, “Former British commander in Afghanistan: No army acts with as much discretion as IDF does,” The Jerusalem Post, 9 April 2014.
Si les hommes meurent, l’esprit diabolique reste, Israël est l’objet d’une promesse divine : sa restauration (la Bible actes 1 : 8) Au travers des siècles, cet esprit s’est opposé à la réalisation de cette promesse au travers de l’Eglise romaine, du communisme, du nazisme et de l’islam pour ne citer que le plus récents.
Selon les prophéties, Israël doit encore subir de grandes souffrances jusqu’à ce qu’il crie vers Yahwé et que vienne pour les secourir Celui qu’ils ont percé (Zacharie 14).
En tant que chrétien, j’aime Israël et je prie pour sa bénédiction mais aussi pour tous les hommes pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à Dieu (l’apôtre Paul : Actes 26)