Le drame des naufrages de migrants en Méditerranée a fait jeudi de nouvelles victimes, 41 disparus selon des survivants, et douze hommes jetés à la mer après une rixe sur l’embarcation de fortune qui devait les amener en Europe.
Ce nouveau naufrage, après celui du weekend qui aurait fait quelque 400 disparus, porte à près de 950, si ces faits sont confirmés, le nombre de morts en Méditerranée depuis le début de l’année.
Repérés par un avion, ils ont pu être sauvés par un navire militaire italien, qui, une fois parvenu sur les lieux, n’a pu récupérer que ces quatre personnes, alors que leur bateau avait déjà totalement sombré.
Plus de mille d’entre eux ont encore débarqué jeudi en Italie, où des municipalités comme Reggio de Calabre ont du mal à gérer l’afflux de naufragés et où les autorités réclament plus d’aide et de solidarité de l’Union européenne.
Jeudi, près de 600 personnes sont arrivées à Trapani en Sicile, après avoir été récupérées en mer par les garde-côtes et la marine italienne. Près de neuf cents autres étaient attendues dans deux autres ports siciliens, selon les autorités italiennes.
Le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a exprimé sa colère envers l’Union européenne. « Le problème est européen mais le remède est italien, ça ne va pas. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90% sur nos épaules », a-t-il déclaré.
Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont également sommé l’Europe de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames.
Avec le temps calme et printanier qui s’est installé sur la zone, plus de 10.500 arrivées ont été enregistrées depuis le début du mois en Italie, où les structures d’hébergement des demandeurs d’asile accueillent déjà plus de 80.000 personnes.
Des migrants musulmans accusés d’avoir jeté à la mer des chrétiens
A cette quarantaine de disparus, il faut aussi ajouter les douze hommes jetés à la mer mercredi, après une rixe d’origine religieuse entre migrants musulmans et chrétiens.
Quinze immigrés d’origine africaine et de confession musulmane ont été arrêtés jeudi à leur arrivée en Sicile pour avoir, selon des témoins, jeté par-dessus bord douze réfugiés chrétiens après une dispute sur le bateau les transportant en Méditerranée, a annoncé la police de Palerme.
Les quinze hommes, de nationalité ivoirienne, malienne et sénégalaise, étaient arrivés mercredi dans le port sicilien à bord du navire Ellensborg qui les avait recueillis. Ils ont été inculpés jeudi d’ »homicide multiple, aggravé par la haine religieuse ». Le drame est survenu dans le détroit de Sicile. Selon les témoignages fournis à la police par une dizaine de réfugiés nigérians et ghanéens qui se trouvaient à bord de l’embarcation, une dispute a éclaté pour des raisons religieuses.
Les survivants ont expliqué être partis mardi des côtes libyennes sur un canot pneumatique qui transportait au total une centaine de passagers à bord.
« Au cours de la traversée, les Nigérians et les Ghanéens, en minorité, auraient été menacés d’être jetés à l’eau par une quinzaine de passagers », a rapporté le communiqué de la police. Le motif de la colère des agresseurs, a-t-il précisé, « serait la profession de la foi chrétienne par les victimes, au contraire de la foi musulmane professée par les agresseurs. Les menaces se seraient ensuite concrétisées et douze personnes, toutes nigérianes et ghanéennes, auraient succombé dans les eaux de la Méditerranée ».
« Les survivants auraient survécu en s’opposant par la force à la tentative de noyade, formant dans certains cas une véritable chaîne humaine », a indiqué le communiqué qui fait état de « détails épouvantables » donnés par des « témoins en larmes ». Selon des sources judiciaires citées par les médias, ces « témoignages cohérents » ont permis de reconstituer les faits. Certaines photos auraient été prises à bord.
D’autres responsables pourraient être identifiés. La police a remis un rapport au parquet de Palerme qui a 48 heures pour confirmer les arrestations. Des arrestations pour ce motif sont inédites en Italie. Des passeurs ont été arrêtés dans le passé pour avoir maltraité des immigrés ou les avoir laissés mourir sur des bateaux, mais pas en raison de « haine religieuse ».
Dans un autre épisode tout aussi dramatique, quatre migrants, tous Africains, ont raconté à leur arrivée à Trapani en Sicile être les seuls survivants du naufrage de leur embarcation, qui transportait au total quelque 45 personnes.
Selon leur récit au personnel humanitaire qui les a accueillis, leur vieux canot pneumatique s’est rapidement dégonflé et a coulé.
Source: i24 News