Dans ce contexte, seul un gouvernement israélien fort et stable pourra relever tous les défis dans tous les domaines. La continuité dans le changement est sans doute préférable à l’inconnu et à l’imprévisible.
Par Freddy Eytan – jcpa-lecape
La course à la victoire électorale entre dans son sprint final. Les partis s’arrachent les voix des indécis et les nombreux sondages nous laissent perplexes.
Tout pronostic reste hasardeux bien qu’il existe un léger avantage au bloc de droite pour former une prochaine coalition viable. Rien n’est donc joué et il est impératif de voter ! C’est un privilège mais aussi un devoir car ce jour-là l’électeur est roi. Il est maître de la situation et de la destinée de son pays.
Israël est le seul Etat démocratique de la planète dont l’existence est mise en danger par de nombreux pays et organisations terroristes qui souhaitent le voir disparaître et le rayer définitivement de la carte.
En dépit du fait que les affaires économiques et sociales nous préoccupent profondément, les questions sécuritaires et les menaces proches ou lointaines dominent et sont omniprésentes.
Les Israéliens forment une société très politisée ; pourtant nous assistons lors de ces élections à une personnalisation des partis. Il est regrettable que cette campagne électorale, comme d’ailleurs les précédentes, ait effacé les idéologies, les vrais partis, les programmes électoraux, les grands meetings et le militantisme. Avec la banalisation de la démocratie, le peuple s’est transformé en simple spectateur passif devant le petit écran. Tout est devenu spectacle avec ses messages creux, ses sondages éphémères, ses promesses vides de sens, populistes et irréalisables.
Les politiciens se transforment en vedettes de la télé et parfois en guignols ; les journaux et les éditorialistes osent manipuler sans scrupule les lecteurs et l’opinion publique. Les stratèges de campagne venus d’Amérique donnent le ton. Des milliardaires étrangers offrent le pognon, tandis que le peuple assoiffé d’un meilleur avenir se contente d’observer ce manège, dans le désarroi total.
Hélas, on ne fait plus la distinction entre l’important et l’insignifiant, l’essentiel et la futilité, le faux et le vrai et les messages diffusés sont généralement secondaires et médiocres.
Les Israéliens vont aux urnes dans l’apathie et la morosité. Ils veulent changer de pouvoir et de système électoral sans savoir comment. Soulignons que le vote sanction n’est pas un coup de baguette magique, car en l’absence d’une meilleure alternance le risque pourrait être le pire.
Il existe, comme d’ailleurs dans le monde entier, une carence en leadership. Ici chacun prétend devenir, du jour au lendemain, ministre de la Défense ou des Finances, voire Premier ministre. La mégalomanie l’emporte sur la modestie et les compétences. Les jeunes loups et les charlatans de la politique sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux que les véritables leaders, les vrais hommes d’Etat, ceux qui possèdent le charisme, l’audace, l’expérience, la force tranquille et surtout les intérêts des citoyens et des affaires de l’Etat.
C’est aussi la première fois dans l’histoire des élections que la lassitude l’emporte, que l’indifférence gagne les esprits et que les indécis sont si nombreux. Pourtant, les défis comme les menaces sont toujours là, à nos portes, omniprésents. La situation économique est toujours précaire et les turbulences islamiques dans notre région sont dévastatrices.
Le Mal israélien réside sans doute dans la multiplication des petits partis et la présence de démagogues et populistes. Il est donc impératif et urgent de modifier radicalement le système électoral actuel. Un Premier ministre élu au suffrage universel ne devrait plus être dépendant de petits partis charnières capricieux pour prendre des décisions audacieuses et lancer des réformes.
Nous devons aussi cesser de nous bercer d’illusions et de continuer à tromper le peuple en lui promettant des réformes immédiates dans le logement, la santé ou l’éducation. Une nouvelle politique est sans doute nécessaire mais les changements n’apparaîtront pas rapidement. Nous sommes un jeune Etat qui a commis déjà de nombreuses merveilles et nous devons être déterminés, mais patients.
Dans la même veine, celui qui pense que la Paix est à nos portes et que se dessine déjà un nouveau Proche-Orient beau et prospère, désinforme et trompe. Hélas, la fin de la belligérance avec nos voisins n’est pas à l’horizon et la paix définitive avec tous les Palestiniens n’est pas non plus réalisable dans un prochain avenir.
Dans ce contexte, seul un gouvernement israélien fort et stable pourra relever tous les défis dans tous les domaines. La continuité dans le changement est sans doute préférable à l’inconnu et à l’imprévisible.