Elisabeth Tsurkov a subi des décharges électriques et des agressions sexuelles


Elisabeth Tsurkov, doctorante israélo-russe de l’université de Princeton, a brisé le silence mercredi dans un entretien accordé au New York Times, près de deux mois après sa libération. Ses révélations sur ses deux ans et demi de captivité en Irak dressent l’image glaçante d’une détention marquée par la torture systématique.
« Ils m’ont frappée sur tout le corps. Ils m’ont utilisée comme un punching-ball », confie la jeune femme de 38 ans, encore incapable de s’asseoir en raison de ses blessures. Selon son témoignage, ses ravisseurs l’ont enchaînée, suspendue au plafond et battue jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Elle a subi des décharges électriques et des agressions sexuelles. Quand elle perdait connaissance, ils lui jetaient de l’eau au visage pour poursuivre les sévices.
Tsurkov affirme avoir été détenue par Kataeb Hezbollah, puissante milice chiite pro-iranienne désignée comme organisation terroriste par Washington. Malgré les salaires versés par l’État irakien à des milliers de ses membres, le gouvernement de Bagdad n’exerce qu’un contrôle limité sur ses activités.
Les dossiers médicaux de l’hôpital Sheba en Israël, consultés par le NY Times, attestent de lésions nerveuses potentiellement permanentes et évoquent un besoin de « réhabilitation physique et psychologique de long terme » face aux « graves dommages et traumatismes complexes » subis.
Son calvaire a débuté le 21 mars 2023 à Bagdad, où elle se rendait régulièrement pour ses recherches sur le mouvement chiite. Alors qu’elle voyage avec son passeport russe, se présentant comme ressortissante russe, elle est enlevée après un rendez-vous qui s’avère être un piège. Un mois plus tard, ses ravisseurs découvrent sa nationalité israélienne et l’accusent d’espionnage, ce qu’elle nie formellement.
Pour faire cesser les coups, elle invente de fausses confessions, veillant à ne compromettre aucun Irakien. Les quatre premiers mois sont les plus brutaux. Sa situation s’améliore ensuite : on cesse de la torturer, une infirmière la soigne, elle reçoit des livres et une télévision. Mais elle reste isolée, sans jamais voir la lumière du jour.
Son cas prend une dimension diplomatique majeure. L’administration Trump fait pression sur Bagdad, et l’envoyé spécial Adam Boehler mène campagne sur les réseaux sociaux. Marc Swaiya, homme d’affaires proche de Trump et futur envoyé spécial pour l’Irak, joue un rôle décisif dans sa libération le 9 septembre dernier, après 903 jours de captivité.
« Je crois sincèrement que je serais morte s’ils n’avaient pas agi avec autant de constance et de détermination », déclare-t-elle, saluant l’engagement américain. Tsurkov a choisi de témoigner pour « donner une voix aux Irakiens torturés par ce groupe ».


