Sainte-Cène dominicale de l’Eglise ou Souper du Seigneur ?
Lisons tout d’abord un passage qui pose les choses de manière claire et fondamentale concernant la coupe et le pain du Seigneur (pris dans cet ordre d’ailleurs lors du séder de Pessah’ et non comme il est coutume de le faire lors de la Cène dominicale de l’Eglise) : il s’agit de 1 Cor. 10 : 16-17 : « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas une communion au corps de Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps ; car nous participons tous à un unique pain. »
Continuons notre lecture avec 1 Cor. 11 : 20 :
« Lors donc que vous vous assemblez dans un même lieu, ce n’est pas pour manger la Cène du Seigneur » (Ostervald).
Lors donc que vous vous réunissez, ce n’est pas manger le repas du Seigneur » (Segond).
Darby, quant à lui, parlera de Cène dominicale. Darby colle à la tradition chrétienne de la Sainte-Cène de l’Eglise distribuée au peuple de D.ieu le dimanche matin lors du culte. Mais qu’en est-il du Repas du Seigneur dans tout cela, plutôt que la Sainte-Cène de l’Eglise ?
Le Larousse nous dit que dominical vient du latin et signifie « du Seigneur » mais aussi « du dimanche, jour de congé, repos dominical ».
Qu’en est-il en grec ?
Le grec nous dit qu’il s’agit de « Kuriakon deipnon », textuellement le « souper du Seigneur ».
Deipnon = le souper. Selon Homère, il s’agit du principal repas, quelle que soit l’heure.
Mais ici, il s’agit bien sûr d’un souper, puisque Jésus a pris le repas de Pessa’h le soir et c’est encore le cas aujourd’hui dans la tradition juive (le Seder de Pessa’h). Jésus a pris ce repas le soir juste avant de sortir au jardin de Gethsémané où il a été arrêté (des hommes avec des torches sont venus à sa rencontre). Voir 1 Cor. 11 : 23.
Au cours de ce repas, il a pris la coupe de la délivrance, une des coupes du Séder de Pessa’h (Kos Yeshouot = la coupe des délivrances, selon le Psaume 116 : 13 : « J’élèverai la coupe des délivrances, et j’invoquerai le nom de l’Eternel ». Retenons par ailleurs le verset 15 qui suit et qui nous dit prophétiquement concernant le Seigneur Jésus : « Elle a du prix aux yeux de l’Eternel, la mort de ceux qui l’aiment ». N’est-ce pas merveilleux ?!).
Il a ensuite brisé la matza. On ignore si à l’époque du Seigneur la tradition était déjà comme aujourd’hui de prendre trois matzot posées les unes sur les autres. A l’heure actuelle, selon le séder décrit dans le Talmud, on prend la matza du milieu (un des trois pains sans levain du Séder, sans levain étant d’importance ! Cette matza du milieu étant traditionnellement brisée par les Juifs sans qu’ils sachent qu’il s’agit du corps de Messie, et ensuite cachée sous un linge symbolisant pour les croyants messianiques le linceul du Seigneur, ensuite ôté lorsqu’on le retrouve après l’avoir caché, selon le Séder… Ceci nous parlant de Sa résurrection. Intéressant, n’est-ce pas ?).
Mais ce qui est certain, c’est que le soir du séder (repas de Pessa’h au cours duquel on consommait les agneaux qui avaient été égorgés le jour-même), il n’y avait plus de levain à Jérusalem car celui-ci avait été totalement détruit le jour avant.
Certains nous objecteront que le mot utilisé pour « pain sans levain » dans le texte grec est « azumos » et que le mot utilisé pour parler du pain pris et brisé par le Seigneur lors du repas de Pessa’h est « artos ». Ce mot « artos » se retrouve à d’autres occasions dans le texte. Le dictionnaire grec ancien-français Bailly, qui est « la » référence par excellence, donne la définition suivante pour le mot « artos » : « pain de froment ». Après vérification, il s’avère que la matza (pain azyme utilisé à Pessa’h) est composée de froment et d’eau. Par ailleurs, Bailly ne fait pas mention de pain levé pour le mot « artos » : « artos » est le terme général utilisé pour parler de pain, sans plus.
On ne peut donc pas affirmer qu’il ne s’agissait pas de matzot. Le repas de la Pâque, selon Matthieu 26 : 26, Marc 14 : 22 et Luc 22 : 19 a été pris le premier jour des pains sans levain. Ce repas a eu lieu le soir à une heure bien précise, qui semble être celle traditionnellement choisie pour le repas de Pessa’h. Voir Luc 22 : 14 : «Quand l’heure fut venue », ce qui indique que Jésus et ses disciples ont respecté la tradition. Encore aujourd’hui, même les Juifs non pratiquants ne peuvent plus trouver de ‘Hametz (levain) dans le pays, où que ce soit, hormis s’ils en ont conservé en cachette chez eux. Ce qui n’était pas le cas des disciples, puisqu’ils avaient été envoyés par le Seigneur pour préparer le repas le premier jour des pains sans levain. Si l’on considère toutes les injonctions que le Seigneur a données à ses disciples à d’autres moments dans les Evangiles, nous voyons qu’Il était toujours très précis et Il leur aurait dit : « Conservez du ‘hametz en vue de préparer le repas de la Pâque demain », par exemple. Mais ce n’est pas le cas. Il n’en est pas fait mention, et d’ailleurs si l’on se remet dans le contexte, cela aurait été extrêmement choquant pour les disciples et ils n’auraient pas manqué de le faire remarquer au Seigneur, comme nous voyons qu’ils le font à d’autres occasions.
Il est impossible que ce jour-là on trouve encore du pain levé ou du levain pour préparer le pain à Jérusalem, je le répète. Tout le levain avait déjà été détruit.
Jésus a donc partagé la coupe de la délivrance et le pain sans levain avec ses disciples, en leur recommandant de faire de même dorénavant en mémoire de Lui.
Il nous recommande à nous aussi d’en faire de même : lors du repas de Pessa’h, en élevant la coupe de la délivrance et en mangeant le pain sans levain qui symbolisent son sang versé et son corps brisé pour nous. Or, nul ne consomme du pain azyme en dehors de la fête des pains sans levain. Le reste de l’année, on mange du pain levé.
Prenons attention à ce qui est écrit dans 1 Cor. 5 : 7-8 : «Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ notre Pâque a été immolé. CELEBRONS DONC LA FETE (éortazômen), non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité. » (Segond). Ostervald va dans le même sens. (N’oublions pas que les Corinthiens n’étaient pas juifs, et que Paul leur recommandait néanmoins de célébrer la fête et de le faire avec du pain sans levain).
Il nous est dit : « Célébrons donc la fête ».
Nous ne devrions donc pas prendre la Sainte-Cène de manière totalement déconnectée de son contexte, je dirai désincarnée, de manière dogmatique mais non biblique. Soyons prêts à remettre en question nos traditions ! Prendre la Sainte-Cène le dimanche matin à la fin du culte, en dehors d’un souper (en l’occurrence ne pouvant être que le Souper du Seigneur), avec un pain levé de surcroît, ne peut être la bonne manière de procéder.
Reportons-nous à ce que 1 Cor. 5 : 8 nous dit et célébrons la fête (Pessa’h) – avec du pain sans levain – en ayant purifié de manière sincère nos cœurs de toute malice et méchanceté, de toute hypocrisie.
Elishéva Goël
Reproduction autorisée avec mention de la source.
Merci frère Haïm pour cet éclairage. Que D.eu nous donne la grâce de persévérer en Yeshoua jusqu’à la fin.
Shabbat Shalom
Merci pour cette étude qui me conforte dans mes convictions sur la cène versus Pessa’h.
Shaoul, l’apôtre, avait dit par l’Esprit Saint : « soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Mashia’h… » Selon ma compréhension, je dois imiter le Seigneur Yeshoua dans Son obéissance à la parole de son Père. Il est juif comme Shaoul, il célébrait Pessa’h et toutes les autres fêtes de l’Eternel. En bref » je dois marcher comme Lui-même a marché…. » et comme les disciples. La cène dominicale n’a pas de base scripturaire.
Shalom en Lui.
Malheureusement comme vous le dites, tout le monde n’a pas étudié l’hébreu ni le grec ancien….
Merci pour votre avis.
La Septante serait très fidèle au texte.
Amen, L’Adôn m’a montré ces choses il y a 2.3 ans et je dis Merci Adonaï.
A. Chouraqui traduit :
1 Corinthiens 1.20. Maintenant, quand vous vous réunissez ensemble,
ce n’est pas le dîner de l’Adôn que vous mangez.
Je ne fais pas la promotion de Chouraqui, mais c’est une traduction que je trouve au plus près de l’hébreu et c la seule qui ait conservé les noms hébreux tel que YHVH, El, Eloha, Adôn, Yesha’yahou (Esaïe) etc.
Cependant il vaut mieux la lire avec une autre version car elle est assez assez difficile à comprendre parfois.
Dans le shalom.
Chère soeur,
Chouraqui, outre le fait comme vous le dites qu’il a utilisé les termes bibliques tels que YHWH, etc., est intéressant à consulter car il offre une approche interpellante du texte, poétique, voire lyrique, libre, très personnelle. A le lire, on sent qu’il a profondément réfléchi à la lecture des Ecritures saintes, mais ses interprétations restent personnelles et fréquemment à mettre en doute, car il a des conceptions très oecuméniques, par moments, ou très poétiques, qui éloignent de ce que l’auteur biblique a réellement voulu dire. On ne peut pas dire qu’il soit fidèle au texte et on aurait tort de s’y référer uniquement car il est trop tendancieux. Cela peut être dangereux pour une bonne compréhension des Ecritures.
En règle générale, il est bon de travailler sur plusieurs versions, car aucune n’est vraiment exacte à 100 %. Il y a de nombreuses distorsions de sens de l’Ecriture ici et là.
Prenons Darby : il interprète le texte très régulièrement et on ne peut pas s’y fier, tout comme la Martin ou l’Ostervald qui sont plus fidèles (car issues du Texte Reçu, dans lequel se trouvent des passages qui ont été « gommés » des versions postérieures) mais régulièrement également on doit aller voir ailleurs, car certains mots sont extrêmement frustrants et même faux (ah, la théologie du remplacement,…). Tout comme la Segond qui n’est pas vraiment satisfaisante, à part la Segond à la Colombe qui est plutôt fidèle, je l’ai constaté plus d’une fois. Et plusieurs autres, comme la N.E. de Genève, qui laissent sur sa faim par rapport au texte hébreu ou grec.
Une excellente traduction du Tana’h se trouve dans le ‘Houmash (édition Edmond Safra). La version Zadok Kahn est également bonne, mais à prendre avec prudence, à cause de certaines interprétations judaïques qui visent à décrédibiliser le christianisme.
A tout cela s’ajoute la réalité de la Septante, qu’il faut prendre en compte…
Bref, personnellement j’aime étudier en priorité avec le texte hébreu ou grec et un bon dictionnaire et, si nécessaire, je vais consulter l’une ou l’autre de ces versions françaises pour mieux comprendre.
Mais tout le monde n’a pas étudié l’hébreu ni le grec anciens. Dès lors, il revient de faire confiance au Seigneur. Je suggérerai dans ce cas surtout la lecture de la Segond à la Colombe que l’on trouve dans la bible Thompson avec d’excellents ajouts, par ailleurs. Et si l’on veut aller plus loin, la traduction française de la Torah dans le ‘Houmash pour l’hébreu est très intéressante car on y trouve davantage de connaissance du monde de la torah, ce qui manque évidemment aux chrétiens, il faut le reconnaître.
Cet enseignement sur le souper du Seigneur est fondamental. Il est important de le remettre dans son contexte, c’est-à-dire du séder de Pessah’ que le Seigneur a célébré selon la tradition biblique juive. Espérons que cela conduira de nombreux croyants à une réflexion profonde sur ce thème à partir des Ecritures , en les resituant dans leur contexte.