Hébreux 1.6
« Lorsqu’à nouveau Il introduit le premier-né dans le monde habité
(oïkoumenèn) … » (Traduction littérale du texte grec original.)
Nouvelle Edition de Genève : « Et de nouveau, lorsqu’Il introduit
dans le monde le premier-né… »
Le monde = kosmos en grec.
On retrouve l’expression le monde habité au verset 5 du chapitre 2.
MacArthur, dans son commentaire sur ce verset dit qu’il s’agit du
Millenium, mais le Millenium est le monde à venir, alors qu’au verset
6 du chapitre 1, ce n’est pas le cas.
Pourquoi dès lors est-il mentionné que D.ieu introduit le Fils dans le
monde habité ? La réponse est peut-être dans l’expression à
nouveau. En effet, D.ieu a créé le monde par la Parole, qui est le
Fils. Alors le monde n’était pas encore habité. Il l’a donc encore une
fois amené dans le monde (cette fois habité) pour le sauver.
Pour preuve que ce passage a un sens bien particulier à ne pas
négliger, c’est qu’à aucun autre endroit dans la Brit Ha’Hadasha on
ne retrouve la mention du monde habité. Par contre le mot kosmos
(le monde) se trouve dans de nombreux passages, tels que
1 Timothée 6.7, 1 Timothée 1.15, Hébreux 9.26, etc.
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Hébreux 1.8
« Mais Il a dit au Fils : Ton trône, ô D.ieu, est éternel. » (Nouvelle
Edition de Genève)
En grec, il n’est pas écrit éternel, mais pour l’ère de l’ère (eis ton
aiôna tou aiônos). Aiôn signifie le temps, l’éternité. Cette expression
démontre parfaitement que l’auteur de cette épître est un Hébreu
écrivant pour des Hébreux.
On retrouve en hébreu des expressions très proches de celle-ci,
telles que ledor vador = de génération en génération, lenètzer
netza’him, ou plus souvent encore leolam vaed, (utilisé dans le
Nouveau Testament hébreu-français de la Société pour la
distribution des Saintes Écritures hébraïques).
Il est très possible aussi qu’en grec, les imprégnations au niveau du
langage étant très fortes entre les civilisations de l’époque, le terme
éternel était plutôt nommé par l’ère de l’ère, comme en hébreu.
Verset 9b : « … C’est pourquoi, ô D.ieu, Ton D.ieu t’a oint d’une
huile de joie au-dessus de tes collègues ». (Nouvelle Edition de
Genève)
En grec, le mot utilisé n’est pas joie, car il serait écrit ‘hara, comme
dans Luc 1.14. Il est plutôt écrit agalliaséôs qui signifie allégresse.
Par ailleurs, le texte original grec utilise le mot para (qui signifie
contrairement à, ou contre, ou encore de préférence à, plutôt
qu’au-dessus de).
Et il n’est pas question de collègues dans le texte, mais de
compagnons, en grec. La TOB et la Bible en français courant
utilisent d’ailleurs aussi le terme compagnons, qui est plus juste et
plus explicite d’ailleurs que collègues. Tous meto’hous
(compagnons) vient de mete’hô qui signifie partager, avoir part,
participer à.
Verset 14 :
« Tous ne sont-ils pas des esprits en fonction (leitourguika) pour le
service (diakonian) envoyés (apostellomena) à cause des (ou de
ceux) qui devant hériter du salut ? » (Texte littéral traduit du grec.)
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Nouvelle Edition de Genève : « Ne sont-ils pas tous de esprits au
service de D.ieu (de D.ieu est rajouté au texte original), envoyés
pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du
salut ? »
Hébreux 4.12 – L’âme et l’esprit
« Car la parole de D.ieu est vivante et efficace, plus tranchante
qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à
partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les
sentiments et les pensées du cœur. »
J’ai été profondément troublée en lisant le commentaire de
MacArthur au sujet de l’âme et de l’esprit. J’apprécie bien souvent
sa sagesse et sa connaissance de l’Histoire, de l’archéologie,
certains de ses commentaires. Mais celui qui va suivre m’a mise
très mal à l’aise et m’a poussée à faire quelques recherches
Voici ce qu’il écrit : « Âme et esprit. Ces deux termes ne
décrivent pas deux entités distinctes (pas plus que jointures et
moelles) mais sont utilisés, comme on emploie l’expression ‘corps
et âme’, pour exprimer la plénitude (Cf. Luc 10.27 ; Actes 4.32 ;
voir la note sur 1 Thessaloniciens 5.23). Ils sont utilisés ailleurs de
façon interchangeable pour décrire l’identité immatérielle de
l’homme, son être intérieur éternel ».
Je suis donc allée lire la note de MacArthur sur 1 Th. 5.23 : « Paul
ne croyait pas non plus que l’homme soit composé de trois parties,
mais de deux : l’une matérielle, l’autre immatérielle (voir Ro. 8.10 ;
1 Corinthiens 2.11 ; 5.3-5 ; 7.34 ; 2 Corinthiens 7.1 ; Galates 6.18 ;
Colossiens 2.5 ; 2 Timothée 4.22). Il considérait qu’il n’y avait
pas de division entre âme et esprit, mais qu’il s’agissait de
deux termes interchangeables. Leur emploi simultané aurait une
valeur emphatique, comme des synonymes. (Deutéronome 6.5 ;
Matthieu 22.37 ; Marc 12.30 ; Luc 10.27). »
Tout cela m’a semblé incroyable ! Un homme aussi érudit que Paul,
instruit aux pieds de Gamaliel, connaissant les fondements de la
Torah et du Tana’h tout entier, sachant qu’il existe bien une
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néshama (= âme contenant l’étincelle divine, reçue lors de la
création de l’homme – Genèse 2.7 : Nishmat ‘haïm. Néshama ayant
la même racine que le mot souffle, respiration), un néfesh (= âme
individuelle, relative aux sentiments, émotions, etc.) et un roua’h (=
esprit), en plus du corps physique, dans le judaïsme, connaissant
aussi le monde grec qui reconnaissait une âme (= psuchè) et un
esprit (= pneumatos), aurait-il élaboré un dogme rassemblant l’âme
et l’esprit en une seule entité ? Et ce dans quel but ?
N’est-il pas évident que l’âme de l’homme inclut ses sentiments, ses
émotions, ses pensées, son intellect ?
N’est-il pas clair que son esprit est le média par lequel il accède à
D.ieu s’il est né de nouveau (ou plutôt « engendré d’en haut », si on
lit le texte original), ou aux puissances démoniaques s’il ne l’est
pas ?
J’ai lu les versets cités par MacArthur, et ils ne sont absolument pas
convaincants pour appuyer ses allégations. Si Paul utilise
quelquefois le mot « âme » dans certaines circonstances, cela
n’exclut pas qu’il ne croit pas qu’il existe un esprit. Et vice versa. On
peut parler de deux choses différentes à des moments différents,
sans pour autant nier l’existence de l’une ou de l’autre.
Lisons 1 Thessaloniciens 5.23 (épître de Paul, notons-le bien) :
« Que le D.ieu de paix vous sanctifie Lui-même tout entiers, et que
tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé
irréprochable, lors de l’avènement de notre Seigneur JésusChrist ! »
Ce verset à lui seul contredit totalement les allégations de John
MacArthur.
Je citerai seulement quelques versets prouvant qu’il est mentionné
une néshama, un néfesh et un (ou une, selon les versets) roua’h
dans le Tana’h, mais il est évident qu’il en existe bien d’autres :
Néshama : Genèse 2.7 ; Psaumes 33.19 ; Daniel 5.23.
Néfesh : 1 Rois 17.21 ; Psaumes 19.8.
Roua’h : Nombres 14.24 ; Nombres 16.22 ; Psaumes 34.19.
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Quant aux mots grecs âme (psuchè) et esprit (pneumatos) dans la
Brit Ha’Hadasha, on les trouve également à de nombreuses
reprises.
Je ne citerai que Matthieu 10.28 ; Marc 8.37 ; Luc 1.46 ;
Actes 20.10 pour l’âme, et Matthieu 27.50 ; Marc 2.8 ; Luc 1.17 ;
Romains 8.16, pour l’esprit. (Lisez Romains 8.16, ce verset est
très instructif.)
Pour revenir à ce que nous dit MacArthur, je reste perplexe quant à
ses motivations. Je ne peux pas croire qu’un homme d’une telle
culture (biblique et autre) puisse croire cela, sinon peut-être pour
aller dans le sens du dogme qu’il professe concernant le fait que le
Saint-Esprit n’est plus agissant aujourd’hui dans le monde et n’est
plus déversé sur les croyants nés de nouveau, avec les neufs dons
spirituels décrits dans 1 Corinthiens 12. (Évitez les commentaires
de MacArthur sur ce chapitre et sur d’autres traitant du même sujet
si vous ne voulez pas être complètement dans la confusion !)
Il est probable que certains autres courants dans l’Église déclarent
également que l’âme et l’esprit sont une seule et même entité. Mais
je ne suis pas suffisamment versée dans la connaissance de ces
choses pour pouvoir l’affirmer. À vous de faire une recherche sur le
sujet si vous le souhaitez.
Il n’en reste pas moins vrai que la parole de D.ieu est Vérité et
qu’elle ne peut être modifiée à l’envi, selon nos théories
personnelles, pour appuyer un dogme quelconque. La Parole est
sévère concernant ceux qui pratiquent de telles choses
(Matthieu 5.18-19 ; Deutéronome 4.2 ; 12.32 ; Proverbes 30.5-6 ;
Jérémie 26.2 ; Apocalypse 22.18-19).