Les ministères
Le mot « ministère » vient du latin « ministerium » (qui signifie « service ») et
« minister » (« serviteur »). Il est fréquemment utilisé dans la Nouvelle
Alliance (Nouveau Testament). Si vous posez la question aux chrétiens qui
sont autour de vous de savoir ce qu’est un ministère, la plupart vous
répondront qu’il s’agit d’un conducteur dans l’Eglise, chargé de l’administrer et
de prêcher. Ils y ajouteront qu’ils voient dans le ministère une figure d’autorité.
Mais dans tout cela nous réalisons qu’il y a un glissement de sens qui s’est
établi, dû au fait que l’Eglise du Seigneur a au fil des siècles été
profondément imprégnée de l’esprit pyramidal issu de l’Eglise catholique, et
surtout que le sens essentiel a été perdu.
En réalité, si nous en revenons à la définition du dictionnaire ci-dessus, un
ministère est un serviteur.
Et cela est appuyé par la Parole de D.ieu qui utilise en grec plusieurs mots qui
définissent parfaitement ce que doit être un ministère :
Le premier est « diakonos » (toujours traduit par « ministère », sauf lorsqu’il
s’agit de parler de diacres, ceux-ci étant en fait des serviteurs !). Pour plus de
clarté il devrait donc être traduit par « serviteur ». On le retrouve dans de
nombreux passages : entre autres 1 Cor. 3 : 5 (« Des serviteurs par le moyen
desquels vous avez cru. »).
Le mot « diakonia » signifie « service ». Il est quasiment toujours traduit par
« ministère ».
Ex : Actes 6 : 4, Actes 20 : 24, Eph. 4 : 12 (pour l’oeuvre du ministère = eis
ergon diakonias, on devrait dire pour l’oeuvre du service)., Col. 4 : 17, 1 Tim.
1 : 12, 1 Tim. 3 : 13, 2 Tim. 4 : 5, 11 (remplis bien ton ministère), 1 Pi 4 : 11,
Apoc. 2 : 19, etc.
Le deuxième est « doulos », qui signifie « serviteur » mais veut dire en réalité
« esclave ». Cette nuance est d’importance car le mot nous rappelle que non
seulement nous sommes les serviteurs du Seigneur, mais avant tout Ses
esclaves. Nous ne nous appartenons point à nous-mêmes et devrions
apprendre à Lui obéir en tous points sans faillir, ni sans nous rebeller à Sa
volonté. Un esclave ne fait pas sa propre oeuvre, il est aux ordres de son
maître et ne se permettrait pas de construire quelque chose de sa propre
initiative. Nous en sommes souvent loin dans l’Eglise où l’on voit si souvent
des oeuvres construites de mains d’hommes…
Le troisième est « oïkonos » qui est plus rare (Tite 1 : 7) (l’évêque est
administrateur de la maison de D.ieu). Il signifie donc administrateur. Il y a ici
une notion de gestion qui est importante dans l’oeuvre du Seigneur car rien ne
doit y être fait au hasard mais selon un ordre que Lui seul nous donne, sur
des fondations qui devraient être apostoliques.
Hébreux 13 : 27 nous parle de conducteurs (« ègouménoïs » en grec).
La signification exacte de ce mot est « celui qui vous conduit, chef,
conducteur ». Il vient du verbe ègéomaï.
Mais son sens est plus subtil. Il parle d’un conducteur dans le sens de guider,
de montrer le chemin en marchant devant, de donner l’exemple. Il y a ici une
notion fondamentale de nécessité d’humilité de la part de celui qui est appelé
à conduire le troupeau. Le serviteur ne peut être qu’un conducteur ayant payé
le prix déjà dans sa propre vie pour suivre le Seigneur qui est notre bon
Berger, qui est capable de porter sa croix et qui ne va pas chercher à
manipuler les âmes qui sont sous sa responsabilité pour son propre intérêt,
selon sa propre vision des choses, mais qui va les guider avec l’esprit d’un
serviteur courageux qui va « marcher devant » en prenant les coups et qui va
donner l’exemple.
Les anciens et les évêques
Le mot grec utilisé pour « ancien » (qu’on retrouvera d’ailleurs dans
l’Apocalypse lorsqu’il est parlé des vingt-quatre vieillards – Apoc. 4 : 4 et 10)
est « presbuteros ».
Il signifie « homme âgé, ancien du peuple parmi les Juifs ». Par extension :
digne de respect, respectable, vénérable, précieux, cher, considérable.
On peut donc considérer qu’un ancien devrait être un homme plus âgé,
manifestant les qualités décrites ci-dessus. Paul recommande à Timothée
qu’un ancien ne soit pas un néophyte (il ne faut pas qu’il s’enorgueillisse).
Néanmoins nous voyons qu’il y a des exceptions et que Paul a établi luimême
Timothée comme ancien alors qu’il était un jeune homme. Il faut donc
savoir obéir à l’Esprit de D.ieu qui peut montrer que tel ou tel jeune homme a
les qualités requises pour le service d’ancien et qu’il est mûr pour le
manifester.
Pour autant, de manière générale, nous voyons que les anciens sont des
hommes plus âgés. Le mot presbuteros est aussi utilisé dans le texte pour
parler d’hommes plus âgés parmi le peuple juif (les anciens du peuple).
Le mot «ancien » est par ailleurs l’équivalent du mot « évêque » que l’on
retrouve dans 1Timothée 3 : 1-2 (« épiskopos » signifiant « évêque,
surveillant, gardien », notion très importante concernant le service d’ancien).
On retrouve ce mot dans Tite 1 : 5 à 7, où l’on voit que Paul a laissé Tite en
Crète afin d’y établir des anciens (v.5) et où il dit qu’il faut que l’évêque soit
irrépréhensible (v.7). On voit donc qu’évêque et ancien sont un même
service. Il se retrouve aussi dans Actes 20 : 28 à 31, Phil. 1 : 1, 1 Pi 2 : 25.
Le mot presbuteros (ancien, homme âgé) se retrouve dans Actes 11 : 30,
Actes 15 : 2,4,6,22,23, Actes 14 : 23, Actes 20 : 17, Actes 21 : 18, Actes 16 :
4, Actes 22 : 5, 1 Tim. 4 : 14, 1 Tim. 5 : 17,19, Jacques 5 : 14 (que les
malades appellent les anciens), 1 Pi 5 : 1,5, 2 Jean 1, etc. Prenez le temps de
piocher tout cela dans la Parole de D.ieu.
Colossiens 1 : 24
Un passage qui pose problème.
« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et ce qui
manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son
corps, qui est l’Eglise. » (Segond).
De longtemps j’ai été travaillée par ce passage qui me semble ne pas
correspondre à la Parole de D.ieu qui nous dit que Christ a tout accompli, une
fois pour toutes.
Le mot grec utilisé pour exprimer « ce qui manque » est « ustérèmata » = les
choses qui manquent, l’indigence, la pénurie. On le retrouve dans Luc 21 : 4
où il nous est parlé de la pite de la veuve (son nécessaire).
Mais en creusant dans le dictionnaire grec, j’ai trouvé que le mot
« ustérèmatos » est de la même racine que l’adjectif « ustéros » et que le
verbe « ustéréô » qui signifient « venir derrière, après, arriver
postérieurement ». Une traduction du grec que j’ai trouvée parle des
« conséquences des souffrances de Christ », au lieu de ce qui manque aux
souffrances de Christ, ce qui est plus proche de « venir derrière, après, arriver
postérieurement ».
Il y a donc ici une nuance qu’on peut envisager et qui semble de taille. En
effet, Christ ayant tout accompli, ne peut manquer que ce qui est une
conséquence de Ses souffrances, c’est-à-dire que nous devons en tant que
croyants nés de nouveau, identifiés à notre Maître, porter le même fardeau
que Lui et suivre Ses traces en payant le prix des souffrances qu’Il a Luimême
endurées. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître.
En ce sens, la traduction Ostervald me semble un peu plus juste que celle de
Segond, qui nous fait, elle, clairement penser à la conception catholique des
souffrances nécessaires pour plaire à D.ieu (« ce qui manque aux souffrances
de Christ »).
« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et j’achève de
souffrir en ma chair le reste des afflictions de Christ pour son corps, qui est
l’Eglise,… » (Ostervald).
Je retiendrai néanmoins pour ma part la traduction trouvée dans le Nouveau
Testament interlinéaire grec/français qui nous parle des « conséquences des
souffrances de Christ ».