Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui en est à la onzième année de son mandat de quatre ans, devrait faire une pause et considérer qu’Israël n’est plus son grand problème. Même le Hamas n’en est plus un.
L’organisation du Fatah d’Abbas est née d’idéologies laïques. Sa plus grande menace vient maintenant du renouveau fondamentaliste croissant qui déferle sur le monde islamique.
Un peuple qui ne parvient pas à atteindre son destin politique, l’accomplissement de son eschatologie politique, finalement, se tourne vers les extrêmes. Les Palestiniens ne font pas exception. C’est dans la nature des mouvements politiques.
L’Autorité Palestinienne est synonyme d’échec. Après des décennies d’extrêmes largesses internationales, il a échoué à construire une infrastructure politique viable ou une base économique significative.
Yasser Arafat a amassé une fortune. À une époque, il avait une fortune de quatre milliards de dollars, dont certains ont été gaspillés avec les goûts somptueux de son épouse Souha. Cette corruption ne construit pas l’économie d’une nation.
A Camp David puis à Tabah, il a été offert aux Palestiniens à peu près tout ce qu’ils ont demandé, et ils ont dit non une fois de plus.
Les Palestiniens viennent à la table des négociations avec la certitude que du Jourdain jusqu’à la mer tout leur appartient. Dans leur esprit, les Israéliens sont des intrus, et ce n’est pas seulement les implantations, Jérusalem et les frontières post-1967 qui doivent être négociées, mais aussi Tel Aviv, Haïfa, Ashkelon et tout le reste.
C’est l’une des raisons pour lesquelles les négociations ne vont nulle part.
Grâce à l’incitation continuelle et la mise en valeur des meurtriers de masse comme héros et martyrs, la direction palestinienne n’a rien fait pour préparer son peuple à la paix négociée. La rhétorique de l’incitation et l’aspiration à la gloire en reprenant tout ce qui est maintenant Israël socialise chaque génération au sacrifice pour la cause, pas à l’acceptation d’un compromis.
Mais après des échecs répétés, le sacrifice devient moins attrayant.
Les communautés religieuses occidentales ont simplement fortifié l’obstination palestinienne.
Que ce soit par naïveté ou par le sentiment que la renaissance d’Israël sape en quelque sorte leur théologie de substitution, la pression unilatérale dirigée contre Israël vient étayer seulement la thèse que les arabes sont justifiés dans leur vision du monde. Cela ne sert pas la cause de la paix.
La Paix va construire la prospérité dans la région. Elle donnera aux jeunes arabes, l’espoir d’un avenir dans un Etat de Palestine au-delà du martyr et de l’émigration. Elle servira de cloison contre les vagues de radicalisme qui cherchent à vider le sang de la nation arabe dans la mer du djihad régional.
Mais le temps est compté. Bien que nous cherchions stupidement à croire que l’État islamique n’a rien à voir avec l’islam, ISIS fait partie d’un renouveau religieux qui balaie les États défaillants du monde islamique. Du Maghreb au Moyen-Orient, ISIS représente une idéologie transnationale unificatrice invoquant à la fois une idéologie spirituelle et guerrière qui rappelle les débuts de l’Islam.
Son succès le nourrit. L’incapacité du reste du monde à l’arrêter ou même à dégrader ses capacités face à de nouvelles conquêtes le rend plus attrayant.
ISIS remplit les vides politiques, comme il l’a fait avec succès en Irak et en Syrie. L’Autorité Palestinienne représente un autre vide politique, une entité sans infrastructure politique ou économique significatif, et une société sans espoir. Ils peuvent se plaindre de l’occupation, mais l’héritage de la corruption politique et économique va bien au-delà des problèmes d’occupation.
La Politique abhorre à la fois le vide et la prolongation du statut quo. L’incapacité d’Abbas de changer le sort de son peuple ne trouvera pas de substitut dans le Hamas, mais dans un mouvement plus radical. Dans une société où les jeunes ne peuvent pas voir un véritable avenir, ils éviteront les colporteurs de soulagement temporaire et de charité pour suivre les colporteurs d’espoir. Nous ne devrions pas sous-estimer l’attrait du mouvement messianique connu sous le nom d’ISIS pour ceux qui n’ont pas d’autre espoir.
Image à la Une : Mahmoud Abbas en profonde réflexion. Photo Credit: Flash 90
Source: The Jewish Press – 22 juin 2015 – Par Abraham H. Miller
professeur émérite de sciences politiques de l’Université de Cincinnati, et chercheur senior au Centre Salomon pour la Vérité et la Responsabilisation.
Traduction Europe Israël
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