Des Groupes de musulmans demandent la nationalité espagnole pour potentiellement des millions dedescendants de musulmans qui ont été expulsés d’Espagne au Moyen Age.
La clameur croissante qui réclame une «justice historique» intervient suite à l’approbation récente d’une loi qui accorderait la nationalité espagnole aux descendants des Juifs sépharades expulsés d’Espagne en 1492.
Les musulmans disent qu’ils ont le droit au mêmes droits et privilèges que les Juifs parce que les deuxgroupes ont été expulsés d’Espagne dans des circonstances historiques similaires.
Mais les historiens soulignent que la présence juive en Espagne est antérieure à l’arrivée du christianismedans le pays et que leur expulsion était une question de sectarisme. En revanche, les musulmans en Espagne étaient des occupants coloniaux qui ont appelé le territoire Al–Andalus et imposées l’arabe comme langue officielle. Les historiens disent que leur expulsion relevait de la décolonisation.
« Expulsion des Maures du port de Dénia », par Vincente Mostre.
Aujourd’hui, jusqu’à cinq millions de descendants des Maures vivent au Maroc; des millions d’autresvivent en Algérie, l’Egypte, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie et la Turquie. Des experts affirment que par l’octroi de la citoyenneté accordée à tous les descendants des musulmans expulsés, l’Espagne,pratiquement du jour au lendemain, se retrouverait avec la plus grande population musulmane dans l’Union européenne.
Dans un essai publié récemment par le journal basé au Maroc Correo Diplomatico, le journaliste marocainAhmed morisque–Bensalh a écrit que «la décision d’accorder la nationalité espagnole aux petits-enfantsdes Hébreux expulsés d’Espagne aux XVe et XVIe siècles, tout en ignorant les Maures, les petits-fils desmusulmans, témoigne sans aucun doute, d’une ségrégation et d’une discrimination flagranteincontestable, car les deux communautés ont souffert pareillement en Espagne à l’époque. Cette décisionpourrait également être considérée par la communauté internationale comme un acte historique d‘immoralité et d’injustice absolue … cette décision est absolument scandaleuse et déshonorante « . Puis le journaliste menace:
« L’Espagne est-elle au courant de ce qui pourrait lui en coûter de faire la paix avec certains mais pasavec d’autres? L’Espagne est-elle consciente de ce que cette décision [de ne pas inclure les musulmansdans le droit au retour] pourrait lui en coûter … Est-ce que l’Espagne a des solutions de rechange en remplacement de l’investissement étranger des musulmans « -? menace Bensalh Ahmed
Dans une lettre adressée au monarque espagnol, Al–Ahmar réclame une « enquête judiciaire et historiquecomplète des crimes de guerre qui ont été perpétrés sur la population musulmane de l’Andalousie par lesAnglais, les croisés européens et les milices papales française, dont les victimes étaient de pauvres gensmisérables et sans défenses, chassés et contraints à l’exil suite à l’effondrement du régime islamique en Andalousie « .
La lettre parle de «l’injustice infligée à la population de l’Andalousie musulmane en diaspora qui souffrent encore de l’exil depuis 1492.«
Al–Ahmar veut que le monarque espagnol présente ses excuses « au nom de ses ancêtres » et assume« la responsabilité des conséquences » que cela entraîne. Il dit qu’il est nécessaire « d’identifier les criminels, de les condamner de façon rétroactive, tandis que dans le même temps soient identifiées etindemnisées les victimes pour leurs malheurs et que leurs biens leurs soient restitués. » Ce processusaboutira à « un décret qui permettra aux immigrés de retourner dans leurs maisons en Andalousie, et leur accorderait la pleine citoyenneté et la restauration de toutes leurs propriétés. »
L’historien marocain Hassan Aourid affirme que l’Espagne a une politique de «deux poids deux mesures » vis-à-vis des Maures. Aourid-qui a récemment écrit un roman, intitulé «Les Maures», dit «se souvenir de la tragédie de ceux expulsés de Al-Andalus » -a-t-il dit au public à la Foire internationale du livre de Casablanca allégant que l’Espagne ne peut pas se « réconcilier avec lelle-même sans reconnaître sa dimension mauresque »et lui a demandé si« la souffrance était de moindre importance quand il s’agit de celle des musulmans que pour les juifs « .
L’Association pour l’héritage historique de Al-Andalus, un groupe dédié à la relance de la mémoire de la présence musulmane en Espagne, affirme que le gouvernement espagnol devrait traiter les musulmans et les juifs de la même façon. En omettant d’offrir la nationalité espagnole aux deux groupes, les musulmans seraient victimes de «racisme sélective», a déclaré le président de l’association, Bayib Loubaris.
L’Espagne ne souhaite pas céder à ces demandes de sitôt. Alors que quelques-uns nient qu’il y aurait potentiellement des millions de descendants des Maures survivants en Afrique du Nord aujourd’hui, le défi réside dans la reconstruction de généalogies fiables pour déterminer les héritiers légitimes.
La question de savoir qui est un Maure et qui ne l’est pas à fait l’objet d’un colloque lors d’une grandeconférence-internationale appelée « Les Descendants des Maures andalous au Maroc, en Espagne et au Portugal« à Tangen 2014 .
Mais même si ces généalogies pouvaient être compilées, les appels à la naturalisation des descendants des musulmans expulsés seraient rejetées pour une autre raison: l’expulsion des musulmans faisait partie d’une guerre pour mettre fin à l’occupation de l’Espagne par les envahisseurs d’Afrique du Nord.
José Ribeiro e Castro, un député portugais qui a rédigé la loi du retour des Juifs séfarades au Portugal souligne que : «La Persécution des Juifs était sans fondement, alors tout ce qui est arrivé avec les Arabes faisait partie d’un conflit. Il n’y a pas de base de comparaison. »