Le courage de Bernard Henri Levy
J’ai critiqué Bernard Henri Levy quand je pensais devoir le faire. J’ai écrit ici que je pensais qu’il s’était gravement trompé lorsqu’il avait incité Nicolas Sarkozy à intervenir en Libye. Je m’attendais à ce que l’issue soit tragique, et nous y sommes. Le chaos islamiste règne en Libye. Les arsenaux du régime Kadhafi ont été pillés, et les armes qui en sont sorties circulent dans toute la zone sahélienne, et se retrouvent jusque dans le Sinaï.
Je pense que son approche de la situation ukrainienne, sans être totalement fausse, est néanmoins imprégnée de simplisme. Je pense que son soutien à Obama a été consternant et a reposé sur une approche de la vie américaine teintée par ce qu’on en pense dans la gauche de Beverly Hills et de Park Avenue. Je le sais « de gauche », et je sais qu’il a joué un rôle dans la campagne électorale de Ségolène Royal, qui est loin d’avoir été la campagne présidentielle la plus brillante de l’histoire. Je le sais signataire de l’appel J Call, qui est la version européenne du J Street américain, et qui défend une vision totalement utopique de la « solution à deux Etats » au conflit israélo-arabe.
Ce qu’il dit de Vladimir Poutine est très largement exact, ce qu’il dit de Marine Le Pen est très largement exact aussi
Je pourrais allonger encore longtemps la liste que je suis ainsi en train de dresser. Je peux le rejoindre sur certains points : ce qu’il dit de Vladimir Poutine est très largement exact. Et on sous-estime gravement en Europe occidentale le danger des projets qui s’élaborent présentement à Moscou. Ce qu’il dit de Marine Le Pen est très largement exact aussi. Le Front National est un parti délétère, qui incarne économiquement un étatisme socialiste et protectionniste suicidaire, et géopolitiquement des rapprochements avec divers régimes autoritaires, parmi lesquels l’Iran des mollahs. Ce qu’il dit de Dieudonné et d’Alain Soral est absolument exact, cela va sans dire.
Bernard Henri Levy a défendu Israël, sans fléchir
Je tiens surtout, et c’est ce qui m’a poussé à écrire ces lignes, à le féliciter et à lui rendre hommage pour ses propos dans l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couchés, ce samedi soir. Cette émission est la quintessence du politiquement correct stérile et débile qui s’appesantit sur ce pays. Le très haineux et très ressentimental Aymeric Caron, y officie. Revenant à l’un de ses thèmes favoris, ledit Caron, n’a pu manquer de s’en prendre à Israël et de traiter le gouvernement israélien de criminel, de barbare et d’assassin d’enfants. Il n’a pu manquer de s’en prendre à Bernard Henri Levy, lui reprochant de s’indigner des massacres en Syrie, mais pas des massacres en « Palestine ». Bernard Henri Levy a défendu Israël, sans fléchir. Il a rappelé ce qu’est le Hamas, les tirs de missiles subis par Israël, l’enfer vécu par la population de villes comme Sderot. Il a rappelé le caractère antisémite répugnant des manifestations « pro-palestiniennes » de cet été à Paris, les attaques survenues contre des synagogues.
L’avoir fait dans cette émission là, face à un aboyeur haineux (d’un seul coup, dès qu’il parle d’Israël, Aymeric Caron change de visage, ses traits se crispent, ses sourcils se rapprochent, ses lèvres se pincent, son ton se transforme en éructation bilieuse), face à un public tout acquis à la cause de l’aboyeur haineux, impliquait du courage et de l’intégrité, et Bernard Henri Levy a eu du courage et de l’intégrité.
Pour ces instants de courage et d’intégrité, malgré tout ce qui me sépare de lui, malgré ce que je considère comme des erreurs, graves, je ne serai jamais dans les rangs de ceux qui accablent Bernard Henri Levy. Et, fondamentalement, je le sais, nous avons les mêmes ennemis, qui sont les ennemis de la liberté, du droit et de l’être humain.
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