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Farouk Hammo, pasteur à Bagdad…

By 14 novembre 2014Etz Be Tzion
LE PASTEUR FAROUK HAMMO DE L’ÉGLISE PROTESTANTE PRESBYTÉRIENNE D’IRAK© ALBERT HUBER

Farouk Hammo, pasteur à Bagdad

En marge de la conférence de la Communauté des Églises protestantes du Moyen-Orient, au Caire, rencontre avec le pasteur irakien Farouk Hammo.

Terrible nouvelle en ce premier jour de la conférence du Caire : au centre de Bagdad, une femme et sa petite fille ont été déchiquetées par la bombe d’un attentat-suicide. Les deux victimes étaient des paroissiennes du pasteur Farouk Hammo…

Sexagénaire au regard serein et affable, l’homme est empreint d’une réelle dignité. Issu d’une vieille famille chrétienne de la capitale, il aura traversé bien des épreuves dans sa vie. Quand, ingénieur géologue, il décide, en 1983, d’étudier la théologie, en pleine guerre Irak-Iran, il lui faudra attendre un an l’autorisation du président Saddam Hussein en personne pour sortir de son rang de haut fonctionnaire. Pour ses nouvelles études, sans la moindre bourse, il s’exile en Australie avec sa famille. Au bout de cinq ans, il est face à un impossible retour. Après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990, l’ambassade d’Irak ferme en Australie : pas question d’obtenir un visa de retour.

Il s’installe sur les rives du Pacifique et ne rejoindra Bagdad qu’en 2010. Il est alors nommé pasteur de la paroisse protestante presbytérienne du centre de la capitale, dans une Église reconnue officiellement par l’État. D’une trentaine à son arrivée, les paroissiens passent à près d’un millier en l’espace de quelques années.

« Nous vivons un temps critique, constate le pasteur Farouk. Même si, dans ma paroisse, les fidèles refusent l’exil, deux tiers des chrétiens irakiens ont fini par fuir la violence, le terrorisme, l’insécurité quotidienne sur cette terre berceau du christianisme. Ces temps-ci, mon ministère se passe au téléphone et sur Internet : je lance des appels de réconfort et de guérison à chaque famille, jour après jour. Nous prions beaucoup ensemble. Après un an de coupure, les routes sont rouvertes et chaque semaine nous sommes un peu plus nombreux au culte. »

Qu’en est-il des persécutions de l’État islamique dans le nord du pays ? « Nos familles ont des contacts du côté de Mossoul avec de proches et sont les témoins à distance de meurtres non seulement de chrétiens, mais aussi de la minorité yézidie. Les quelques chrétiens qui se sont convertis pour rester sur place sont des marginaux de l’Église pour qui la foi ne comptait pas… » Mais il est persuadé que la situation va se stabiliser. Pour lui, la solution est dépendante des États-Unis et de l’Europe qui, s’ils ne bougent pas, « installeront en Irak et en Syrie une situation grave pour fort longtemps ».

Intercédez pour nous

Évoquant les musulmans chiites majoritaires en Irak, le pasteur Farouk revient aux débuts de l’islam. Lorsque Ali, le fils du Prophète, a été tué au combat, c’est un chrétien qui a caché sa tête, puis recherché sa famille pour la lui restituer. « Le fait est resté dans la mémoire collective et les chiites nous respectent beaucoup ici. » Et le pasteur Farouk de sortir son téléphone pour montrer sa photo aux côtés du Premier ministre chiite Hayder El Ebady qui l’a convoqué au siège du gouvernement pour prendre des nouvelles de son Église. « Nous avons prié ensemble ».

Quel message communiquer aux chrétiens de France ? « Vous avez quelque chose que nous n’avons pas et nous avons une autre chose que vous n’avez pas. Mais ce qui nous est commun, c’est la prière. Intercédez pour nous, dans notre prospérité comme dans notre malheur. De nos jours, les gens font toute chose, sauf prier. Et venez nous visiter, à tout moment, maintenant comme avant… »

Join the discussion 3 Comments

  • Eric dit :

    Farouk Hammo est un pasteur qui nous donne un exemple de foi et de courage. Son témoignage porte du fruit au milieu d’une situation extrêmement difficile, et l’Eglise grandit. Dieu est en train de réveiller son Eglise là-bas. Soyons à leur côté dans la prière.

    • Haïm Goël dit :

      Tout à fait d’accord avec toi! Et je suggère comme un vrai « médicament » pour chrétiens occidentaux que l’on tourne un peu plus les regards vers le témoignage de courage de ce genre de chrétiens pour littéralement jaillir hors de bien des nombrilismes. Avis à nos frères et soeurs dans l’oeuvre. On va en débattre bientôt!
      Haim Goel

    • Eric dit :

      Je voudrais ajouter à mon commentaire précédent : l’Eglise qui prie, les chrétiens qui chantent au milieu de leur bâtiment d’église en ruine (en Egypte), l’Eglise qui pardonne, l’Eglise qui continue à aimer malgré les persécutions, est la seule force qui empêche le monde de sombrer dans le chaos.

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