Ce reportage complaisant, qui comporte de nombreuses inexactitudes et omissions, ne prend pas la peine de donner la parole aux Israéliens.
Les suites de l’affaire Ahed Tamimi, cette jeune Palestinienne arrêtée (en douceur) le 20 décembre pour des actes de violences flagrants à l’égard de soldats israéliens, ont donné lieu aux dérapages de propagande habituels.
La palme de la mauvaise foi et du professionnalisme dévoyé revient – une fois de plus – à France Inter.
La Radio d’Etat a diffusé dans son journal du matin du 28 décembre un reportage particulièrement pernicieux.
Nous avons décidé d’en démonter tous les biais et les travers et de les exposer publiquement.
Pour procéder à un examen serein et objectif, voici le script complet du reportage. Nous avons souligné en gras les passages qui, selon nous, posent un problème.
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Texte présentateur
« Elle s’appelle Ahed Tamimi. Cette Palestinienne de 17 ans est devenue l’égérie de la cause palestinienne. De grands yeux bleus rageurs, une longue chevelure blonde, sa silhouette a fait le tour des réseaux sociaux depuis une semaine, depuis qu’on la voir gifler un soldat israélien.
Elle est en détention pour cela depuis le 21 décembre dernier. Elle doit passer aujourd’hui devant la justice militaire.
Ecoutez le reportage de Marine Vlahovic, dans son village de Nabi Saleh, entouré par les colonies israéliennes. »
Texte du reportage
« La vidéo a été visionnée plus de 3 millions de fois sur Facebook. On y voit Ahed Tamimi sur le seuil de sa maison donner une gifle à un soldat israélien qui reste de marbre. Un geste qui, selon Bilal Tamimi, un cousin, s’explique par le contexte :
– Interview du cousin Bilal Tamimi : « quand elle a essayé de repousser les soldats de chez elle, ils étaient en train d’essayer de rentrer pour essayer d’arrêter des jeunes qui lançaient des pierres. »
Coincé entre une colonie et une base militaire israélienne, le village de Nabi Saleh est connu pour ses manifestations hebdomadaires.
Avec son regard bleu acier, ses longs cheveux blonds, et son caractère bien trempé, l’adolescente palestinienne est devenue le symbole de la contestation contre l’occupation israélienne.
Manal Tamimi, une autre membre de la famille, est inquiète :
– Interview de Manal Tamimi : «C’est juste une enfant. Il n’y a jamais de justice quand un Palestinien se trouve confronté à un soldat. Dans ce dossier il n’y aura pas de justice. »
Le ministre de l’Education, Naftali Bennett a affirmé a affirmé que Ahed Tamimi pouvait encourir jusqu’à 7 ans de prison. »
France Inter remet au goût du jour le Jeu des 7 erreurs
En 1 minute 50 secondes, le présentateur et la journaliste Marine Vlahovic sont parvenus à diffuser au moins sept fausses informations.
1ère erreur : La vidéo en atteste, Ahed Tamimi ne donne pas «une gifle », mais toute une série de gifles, coups de poings, coups de pieds. Les coups portés ne visent d’ailleurs pas « un soldat », mais les deux qui sont présents. Pourquoi minimiser cette information au point de la travestir ?
2ème erreur : Non, le village de Nabi Saleh n’est pas « entouré de colonies » ! D’ailleurs nous l’avons vérifié sur Google Maps.
La seule localité juive à proximité immédiate de Nabi Saleh est Halamish. Plus à l’est il y a Ateret et plus au sud, Nahliel (tous deux distants de plusieurs kilomètres de Nabi Saleh, à vol d’oiseau). Mais pour le reste, Nabi Saleh est avant tout « entouré » de villages arabes : Kafr Ein, Dayr Ghasana, Deir Nidham, Aboud, Dayr Abu Mashal, Shuqba, Shabtin, Ein Ayub, Umm Safa, Kaubar, Dayr al Sudan, Bayt Rima, Baytilla…
Pourquoi cette présentation pour le moins abusive ? Pourquoi cette image caricaturale du village arabe encerclé par les Juifs ? Est-ce pour mieux justifier les revendications palestiniennes et la propagande haineuse qu’ils diffusent tant à leurs populations qu’aux médias occidentaux ?
France-Inter souscrit-elle au programme d’épuration ethnique de l’Autorité palestinienne qui prône une Palestine Judenrein, c’est-à-dire totalement nettoyée de ses populations juives ?
Dans ce cas, il aurait été préférable de le dire clairement au lieu d’avoir recours à des formules à l’emporte-pièce qui ne correspondent pas à la réalité.
3ème erreur : la journaliste, Marine Vlahovic, reprend la même approximation que le présentateur et minimise la scène. Non, la jeune Palestinienne ne donne pas «une gifle », mais porte de nombreux coups aux deux soldats.
4ème erreur : Non, les soldats ne sont pas « en train d’essayer de rentrer chez elle ». Ils sont postés devant la maison et surveillent la route et les alentours.
5ème erreur : La journaliste reprend l’image des « colonies » qui encercleraient le village. Cette fois elle n’en signale qu’une seule (ah tiens !). Et comme il est difficile d’encercler quand on est tout seul, la journaliste choisit une autre formule : le village serait « coincé » par une colonie. Et l’on rajoute « une base militaire » pour faire bonne mesure.
6ème erreur : « C’est une enfant… » Non, c’est une adolescente, de 17 ans, presque une adulte. Eduquée depuis son plus jeune âge, il est vrai, à mettre en scène des séquences d’intimidation et de violences face aux soldats de Tsahal sous l’objectif complaisant des caméras.
Ou alors il faudrait expliquer les raisons pour lesquelles les parents Tamimi envoient très courageusement leurs « enfants » affronter des soldats en armes tout en les filmant pour revendre ensuite les images aux agences de presse.
Par cette présentation tendancieuse, France Inter participe une fois de plus à la campagne de diabolisation alimentée par les services de propagande palestiniens selon laquelle les soldats israéliens s’en prendraient aux « enfants ».
7ème erreur : « Il n’y a jamais de justice quand un Palestinien est confronté à un soldat ». Une affirmation gratuite, qui ne correspond en rien à la réalité israélienne. Israël est bien entendu un Etat de droit. Les tribunaux militaires israéliens jugent – et le cas échéant condamnent – régulièrement les soldats israéliens lorsqu’ils se rendent coupables d’abus ou d’exactions à l’encontre de Palestiniens.
Le reportage de France Inter passe l’essentiel sous silence
France Inter ne souffle mot des circonstances exactes de l’incident. Ni la journaliste, ni le présentateur ne précisent que les violences perpétrées par l’adolescente palestinienne n’étaient que pures provocations et que la vidéo – tournée par ses parents – visait à saisir une éventuelle réaction des soldats… qui n’est jamais venue (InfoEquitable a détaillé cette supercherie dans son article du 19 décembre).
Le reportage de France Inter oublie des éléments essentiels pourtant rapportés par l’AFP
Une dépêche du même jour de l’Agence France-Presse (AFP) nous apporte l’information suivante :
« La police israélienne a arrêté Ahed Tamimi le 19 décembre à cause de l’incident du 15 décembre, mais aussi pour des faits antérieurs dont elle est soupçonnée, comme des jets de pierres et des agressions contre les soldats, selon le juge qui a validé sa garde à vue. »
A aucun moment, ni dans ses journaux du matin, ni dans ceux de la journée, France Inter n’a jugé utile de donner cette précision pourtant essentielle.
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Le reportage de France Inter ne donne pas le point de vue israélien
De la même manière, à aucun moment la radio publique n’a considéré qu’il aurait été judicieux et normal de se tourner vers les autorités israéliennes pour faire connaître leur point de vue sur cette affaire.
Il faut dire qu’une telle démarche aurait risqué de faire apparaître au grand jour le caractère mensonger du reportage.
A l’issue de l’audience de jeudi, le tribunal militaire a prolongé la garde à vue de Ahed Tamimi. Prochaine audience, lundi 1er janvier. InfoEquitable continuera de suivre les développement de cette affaire et sa couverture médiatique.
Source : Infoequitable.org