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Cette proposition de résolution a été signée par 38 députés issus des quatre groupes de gauche
Une proposition de résolution de députés de la Nupes à l’Assemblée nationale condamnant « l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien » a provoqué, ce vendredi matin, l’ire des responsables de la communauté juive en France.
Le texte, rédigé par Jean-Paul Lecoq et cosigné par 38 députés issus des quatre groupes de gauche, a été mis en ligne sur le site de l’Assemblée nationale. Parmi les signataires les plus connus, figurent les députés Fabien Roussel, David Guiraud, Adrien Quatennens, ou encore Aurélien Taché.
« Tous les critères pour qualifier le régime d’apartheid mis en place par l’État d’Israël sont réunis […] Israël a perpétré plusieurs actes inhumains énumérés par la Convention sur le crime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien », affirme le texte. La Nupes invite « le gouvernement français à agir pour parvenir au démantèlement » du régime israélien.
Le député socialiste Jérôme Guedj, favorable à la création d’un Etat palestinien, s’est fermement opposé à cette résolution. Selon lui, cette proposition n’est « évidemment pas une initiative de la Nupes ». Il soutient que le sujet n’a jamais été « évoqué, ni a fortiori décidé dans leur intergroupe ».
« Des députés PC, LFI, EELV et PS l’ont signée individuellement. Pour ce qui concerne le PS, ils n’engagent pas le parti, qui n’est pas du tout sur ces positions », a-t-il rappelé en estimant que cette résolution est « la pire manière d’aborder la question ».
« La résolution sur Israël proposée est mensongère sur le fond et haineuse sur la forme. Elle traduit la montée en puissance en France de l’extrême-gauche tendance Corbyn, mêlant clientélisme et obsession d’Israël. Démarche irresponsable et dangereuse », a réagi le nouveau président du Crif, Yonathan Arfi.
Selon l’avocate pénaliste, et Présidente de l’Organisation Juive Européenne (OJE), Muriel Ouaknine-Melki, « cette proposition est une première étape vers un antisémitisme d’Etat ».
De nombreux rapports d’ONG condamnant Israël tentent régulièrement de gagner du terrain, le plus récent étant celui de l’organisation Amnesty International de ce début de l’année qui qualifiait aussi Israël d' »Etat apartheid ». Une pétition contre le rapport, alors mise en ligne par l’hebdomadaire Actualité Juive, avait recueilli près de 16.000 signatures.
« La réalité politique et sociétale d’Israël contredit ce rapport profondément biaisé. Les Arabes israéliens représentent une communauté dynamique qui occupe des postes importants dans la médecine, la science, les médias, la culture. Ses membres sont également nommés à la Cour suprême et élus à la Knesset, au sein de laquelle le parti arabe, islamiste Ra’am, participe pleinement à la vie politique », soulignait la pétition.
Cette proposition de résolution intervient également dans un contexte de recrudescence de l’antisémitisme dans l’Hexagone. D’après une enquête publiée avec Fondapol, intitulée « Radiographie de l’antisémitisme en France – Edition 2022 », les préjugés antisémites, mêlés à la haine d’Israël persistent au cœur de la société française.
En effet, l’étude indique que les « électeurs de La France insoumise sont 30% (contre 16% chez l’ensemble des Français) à considérer qu’utiliser les vieux préjugés antisémites pour désigner les Israéliens relève d’une critique légitime plutôt que d’une opinion relevant de l’antisémitisme » ; ils sont « 43% (contre 33% pour l’ensemble des Français) à considérer qu’accuser les Juifs d’être responsables de la politique d’Israël relève également plutôt d’une critique légitime. »
Début juillet, Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise, avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux après avoir affirmé que la Première ministre Élisabeth Borne « était une rescapée », en réaction à son discours de politique générale à l’Assemblée nationale.