Plusieurs médias israéliens, y compris le quotidien pro-palestinien d’extrême gauche Haaretz, publient depuis quelques jours des informations sur les préparatifs du Hamas pour le prochain conflit qu’il a prévu de déclencher contre Israël.
L’observateur non partisan se demande pourquoi le Hamas, vu le nombre de victimes palestiniennes de chaque conflit, prépare une nouvelle confrontation, alors qu’Israël ne menace pas la bande de Gaza, et que les instances internationales ne lui demandent pas de lever le blocus sécuritaire, les autres blocus (économique et humanitaire) ayant été supprimés depuis 2007.
Plus de 1 000 ouvriers du bâtiment pour la construction de nouveau tunnels
Les rapports qui ont filtré vers Israël indiquent que le Hamas emploie un peu plus de 1 000 ouvriers du bâtiments à la construction de nouveau tunnels logistiques et offensifs. Le Hamas fabrique également des nouveaux missiles de 150 km de portée destinés à déstabiliser psychologiquement Israël lors du prochain conflit, ainsi que des roquettes de courte portée beaucoup plus destructrices afin de cibler les habitants proches de la frontière. Enfin, l’organisation terroriste reconstruit ses bases militaires frontalières à Khan Younis, Shujaiya, et Beit Hanoun, et a presque entièrement terminé la formation et l’entrainement des nouveaux commandants destinés à remplacer, dans ces bases, ceux qui ont été tués lors de la guerre de l’été 2014.
Plusieurs médias internationaux mentionnent aussi que Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas blessé lors du précédent conflit, aurait repris un rôle actif auprès de l’état major.
Cette semaine, des sources palestiniennes ont affirmé que la branche politique du Hamas a engagé des négociations avec Israël, par l’intermédiaire de la Turquie et du Qatar, en vue d’arriver à un cessez-le-feu de long terme avec Israël, en échange de la reconstruction de Gaza.
Visiblement, ces informations se contredisent, et l’on cherche naturellement à comprendre.
La stratégie guerrière du Hamas en question
La première hypothèse est qu’elles seraient destinées à semer la confusion. Peu probable : les Arabes palestiniens savent qu’Israël ne leur fait pas confiance et que Tsahal n’abaissera jamais sa garde. La ligne stratégique d’Israël n’est pas secrète : négocier la paix comme s’il n’y avait pas de guerre, faire la guerre comme s’il n’y avait pas de négociations de paix. En même temps.
L’agression contre Israël de l’été dernier n’a procuré aucun bénéfice au Hamas
L’autre, plus vraisemblable, est que les tensions montent entre les branches (ou devrais-je dire les courants) politique et armée du Hamas, car l’agression contre Israël de l’été dernier ne leur a procuré aucun bénéfice, aucun gain politique.
- Elle n’a pas permis de faire condamner Israël par la communauté diplomatique, ni par l’ONU.
- Seuls les médias ont critiqué Israël. Mais à part inciter les Musulmans européens les plus radicaux à la haine et la violence contre les Juifs européens, ce fût un flop, le public étant de toutes façons habitué, blasé même, de lire les critiques acerbes toujours dirigées contre Israël, alors que tant de pays du monde commettent des atrocités.
Un sondage, effectué au milieu du conflit, alors que le public était bombardé d’images tragiques de Gaza, avait révélé que 71% des Français y étaient indifférents. N’allez pas conclure que les journalistes vont se calmer et devenir moins manichéens : le voudraient-ils que leurs rédactions le leur interdirait : ils sont soumis à des enjeux idéologiques rigides.
La menace de l’Etat islamique
D’autre part, la branche politique constate que le pouvoir militaire pourrait lui échapper au bénéfice des factions terroristes rivales, si elles décidaient, comme leurs frères du Boko Haram ou d’Afghanistan, de faire allégeance au prestigieux (d’un point de vue islamique) Etat islamique présent tout près dans le Sinaï.
Enfin, le Hamas subit les pressions de la population de Gaza, qui comprend que leurs immeubles n’ont toujours pas été reconstruits en raison des tensions internes au Hamas, en dépit des milliards de dollars versés par l’Union européenne et les Etats du Golfe, et les livraisons importantes de matériaux de construction par Israël.
Cette hypothèse permet également de comprendre les raisons qui ont poussé la branche militaire du Hamas à laisser filtrer à des médias israéliens les informations sur son réarmement et ses préparatifs : la manœuvre pourrait être destinée à faire échouer les négociations entre le bureau politique du Hamas et Israël sur un cessez-le-feu de long terme.
La réparation des liens avec l’Iran, durement dégradés par le positionnement du Hamas sunnite contre le régime syrien, n’est pas absent de ce manège, et la perspective d’un nouveau conflit ne peut que séduire les iraniens, car ils ont besoin du Hezbollah sur le front syrien.
Traditionnellement, le Hamas déclenche une guerre avec Israël tous les deux ans. La rapidité avec laquelle l’organisation terroriste se prépare laisse supposer que le délai pourrait être plus court, et qu’il déclenchera une nouvelle vague d’hostilité vers la fin de l’année 2015.
Encore une fois, connaissant le nombre de morts dans sa propre population lors d’un conflit, on peut se demander pourquoi le Hamas en prépare un nouveau.
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AU SUJET DE L’AUTEUR: JEAN-PATRICK GRUMBERG
