Guy Millière – Il reste dix-huit mois de présidence Obama, et ce que j’avais anticipé dès novembre 2008 se met en place avec une précision effroyable.

J’avais commencé à écrire un livre bilan des années Obama, je préfère interrompre la rédaction : chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles avec une densité qui ne cesse de s’accroître.

L’Iran des mollahs ne prend même plus la peine de cacher ses intentions : ses dirigeants ont fait savoir qu’il ne serait pas question de voir des inspecteurs quels qu’ils soient se rendre sur leurs installations nucléaires. Ils semblent sur le point de perdre deux des quatre capitales arabes qu’ils régissent, peut-être une troisième, puisque la chute de Damas et celle de Beyrouth deviennent envisageables, et puisque Bagdad pourrait tomber aussi, mais ils peuvent être considérés comme disposant d’ores et déjà de ce qu’ils voulaient : la sanctuarisation. Il n’y aura peut-être pas d’accord avec les Etats Unis d’ici fin juin, mais les mollahs n’ont pas besoin d’un accord. Ils ont gagné le temps requis. Ils contrôlent de manière quasiment complète le Bab El Mandeb et le détroit d’Ormuz. Ils s’entendent avec la Chine et la Russie.

Le régime de Bachar al Assad, je viens de consacrer un article à ce sujet, ne tient plus qu’à un fil, et semble en train d’être lâché par la Russie, ce qui serait un tournant. Ceux qui pourraient remplacer Assad ne valent pas mieux que lui, et si la chute se confirme, cela pourrait tourner au carnage pour les alaouites et les Chrétiens : on ne sait toujours pas si la Russie a une autre carte qu’Assad dans sa manche. Mais on le saura bientôt. Des dirigeants iraniens disent désormais préparer un retournement de situation.

Ce sera difficile : l’armée d’Assad manque de combattants, et les membres du Hezbollah et les Gardes Révolutionnaires iraniens ne sont pas en nombre suffisant pour affronter ce qui prend forme.

Si la chute devait se confirmer, et si le carnage qui viendrait s’étendait au Liban tenu aujourd’hui par le Hezbollah, ce dernier ne tomberait pas sans provoquer l’apocalypse.

L’Etat Islamique, de son côté, grandit et gagne du terrain et de l’importance : il a dans sa ligne de mire Damas, Bagdad, mais aussi l’Arabie Saoudite, vis-à-vis de laquelle il a déjà engagé les hostilités par des attentats. Si l’Arabie Saoudite était déstabilisée davantage qu’elle ne l’est déjà, l’Egypte du Président Sissi, qui dépend financièrement de l’Arabie Saoudite, le serait aussi.

Présent dans douze pays sur trois continents, l’Etat Islamique s’installe dans la durée, et le peut parce qu’il a des parrains : la Turquie d’Erdogan est le principal d’entre eux, et nul ne semble s’interroger sur ce point. Abou Bakr al Bagdadi, calife de l’Etat Islamique semble soutenu par un homme qui pourrait rêver d’un empire islamique ottoman.

Israël n’est pas directement concerné et voit ses ennemis s’entretuer, et la région se décomposer en une décomposition qui pourrait durer longtemps avant que vienne la recomposition. Mais Israël semble devoir être la cible des Européens (téléguidés par Obama) dans les mois à venir, par des offensives diplomatiques et financières.

Les pays baltes, la Pologne, l’Ukraine craignent une offensive russe pendant l’été qui vient, et souhaiteraient un soutien, qui ne vient pas et risque fort de ne pas venir.

La Chine ne se contente plus de revendiquer les iles Spratly, mais construit des iles artificielles destinées à la rapprocher des iles Spratly, et entend visiblement contrôler les eaux de la mer de Chine.

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Les trois pays constituant le cartel de dictatures sur lequel l’administration Obama entendait s’appuyer pour faire passer le monde à une phase post-américaine sont là : Iran, Russie, Chine.

L’administration Obama voulait, dès 2009, un Iran sanctuarisé, elle l’a. Elle voulait un monde sunnite régi par les Frères Musulmans : ce qui pourrait émerger pourrait être un monde sunnite régi par un partenariat Turquie d’Erdogan-Etat Islamique, et elle semble entériner ce partenariat (les frappes américaines sur l’Etat Islamique sont infimes et ne visent aucunement à couper les routes d’approvisionnement sur la frontière Turquie-Etat Islamique).

Quiconque observe ce qui se passe en divers points d’Afrique subsaharienne, à commencer par le Nigeria (et les zones limitrophes du Cameroun, du Tchad, du Niger) peut discerner que l’Afrique subsaharienne musulmane n’est pas extérieure à l’équation.

Quiconque voit que la Libye est devenue une tête de pont pour des flots migratoires montants vers l’Europe discerne que l’Europe n’est pas extérieure à l’équation et a quasiment une frontière commune avec l’Etat Islamique, en rives de Méditerranée.

Pendant ce temps, celui qui est encore à la Maison Blanche pour dix-huit mois parle de changement climatique, incrimine la police, laisse les grandes villes américaines glisser vers la violence et le meurtre.

Je ne vois personne en France parler de tout cela. C’est sans aucun doute que pour les commentateurs français, tout va bien.

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Tags: Etat islamique, obama