Je ne doute pas un seul instant que Binyamin Netanyahou est un excellent stratège, et un homme qui doit prendre en compte de multiples données dont ceux qui sont extérieurs aux cercles gouvernementaux ne disposent pas. Je sais que l’administration Obama n’est pas une alliée d’Israël et se comporte autant que faire se peut en ennemi. Je sais aussi que les dirigeants européens sont assez lâches dans l’ensemble, que les journalistes européens sont, en leur immense majorité, disons, plutôt « antisionistes » et sont loin d’avoir un amour immodéré pour Israël.

Il m’arrive néanmoins de craindre que les opérations menées contre le Hamas à Gaza n’aillent pas jusqu’à l’éradication complète du Hamas.

Plusieurs discours se font entendre en ce moment : l’un, le plus ferme, est celui qui propose cette effective éradication. L’autre, moins ferme, dit que sans le Hamas, Gaza serait livrée au chaos et à des bandes armées plus abominables que le Hamas, Djihad islamique ou membres de l’Etat islamique issu de l’EIIL, et semble opter pour un maintien d’un Hamas désarmé ou pour un remplacement du Hamas par des envoyés de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Je dirai que l’argument selon lequel Gaza, sans le Hamas, serait livrée au chaos et à des bandes armées plus abominables me semble faible :  le chaos est une base depuis laquelle il est possible, éventuellement de reconstruire et il vient après une défaite de la partie vaincue, or ce qu’il faut infliger au Hamas est une défaite  totale, sans laquelle il pourra se présenter comme « vainqueur ».

Cette défaite est possible, et je pense que l’Egypte et l’Arabie Saoudite approuveraient (sans le dire explicitement), cette défaite (nous sommes dans une situation où l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont moins d’affection pour les Frères musulmans que les dirigeants européens et l’administration Obama).

Par ailleurs, je ne vois pas ce qui serait pire que le Hamas. Le Djihad islamique et les membres de l’Etat islamique sont des djihadistes, tout comme les gens du Hamas, et, au delà de l’étiquette, ils font partie du même produit empoisonné. Si (pure hypothèse d’école), ils étaient explicitement à Gaza en position de pouvoir, il deviendrait très difficile pour les dirigeants européens et l’administration Obama de ne pas voir et de ne pas dire que les djihadistes à Gaza sont de la même nature que ceux qui égorgent ou mitraillent en Syrie, en Irak et ailleurs.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

En supplément, et cela devrait être souligné d’avantage par Israël : le Hamas est une organisation coupable de terrorisme nucléaire. Sans le dôme de fer, les installations atomiques israéliennes de Dimona auraient pu être touchées. Quel est l’objectif d’une organisation prête à détruire des installations nucléaires, sinon provoquer un cataclysme à même de tuer des centaines de milliers, voire des millions de gens ?

Le maintien au pouvoir d’un Hamas désarmé me semble avoir des allures de quête d’un cercle carré : une organisation djihadiste aux buts exterminationnistes ne peut renoncer ni au djihad ni à ses buts. Elle peut différer le djihad et ses buts, c’est tout. Au mieux, elle peut accepter une trêve islamique, hudna, et c’est ce que le Hamas a fait plusieurs fois dans le passé, avant de se réarmer. Nul doute que le Hamas, tôt ou tard, trouverait les moyens de se réarmer : nombre d’armes et de missiles utilisés sont de fabrication « artisanale »….

Désarmer le Hamas impliquerait non seulement qu’il rende ses armes et missiles, mais qu’Israël puisse vérifier qu’il a effectivement rendu armes et missiles (comment?), ainsi que les moyens d’en fabriquer, et qu’Israël puisse contrôler à l’avenir très strictement toutes les frontières de Gaza (y compris la frontière Sud), ce qui renforcerait les accusations des propagandistes « antisionistes » parlant de « prison à ciel ouvert ».

Remplacer le Hamas par l’Autorité palestinienne serait une demi mesure aux conséquences dangereuses, puisqu’il s’agirait de remplacer les partisans d’un djihad rapide et cataclysmique par les partisans d’un djihad lent, bénéficiant du soutien des dirigeants européens et de l’administration Obama. Les demandes d’ouverture des frontières de Gaza suivraient, puis le retour des armes une fois les frontières ouvertes. La propagande internationale se poursuivrait de plus belle. Le lavage de cerveau des populations arabes aussi. Que le gouvernement israélien, tactiquement, épargne un peu l’Autorité palestinienne peut se comprendre. Que des gens qui ne sont pas au gouvernement d’Israël disent que l’Autorité palestinienne est modérée relève de la stupidité la plus délétère.

La seule issue à même de renforcer la position d’Israël et d’éviter que dans deux ans, le pire recommence, serait, je pense, une éradication complète du Hamas. Oui.

Celle-ci n’implique pas d’entrée massive de troupes israéliennes à Gaza, mais de placer Gaza en état de siège, de continuer à détruire armements et sites de lancement, de demander une reddition sans condition du Hamas (qui ne sera pas obtenue), et quand un affaiblissement suffisant du Hamas sera obtenu, de s’occuper, en le détruisant assez pour qu’il soit inutilisable, du réseau de tunnels construit à Gaza. Une incursion partielle et limitée dans Gaza serait nécessaire pour cela, pas une incursion profonde impliquant une réoccupation de Gaza. Tout ce qui peut permettre d’éviter que des soldats israéliens soient tués doit être fait.

Souligner que le Hamas s’est rendu coupable de « terrorisme nucléaire » (au sens donné à ce terme par les conventions internationales) et est désormais bien davantage qu’une organisation génocidaire devrait se faire immédiatement.

Demander que la tête de tous les dirigeants du Hamas soit mise à prix à l’échelle planétaire devrait accompagner ce soulignement.

Des étapes ultérieures devraient impliquer d’aller plus loin, et impliquer la restructuration de la bande de Gaza. Le plan proposé récemment par Moshe Feiglin dans un texte publié par Israel National News (http://www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/15326) me paraît, en ce sens pertinent.

Quand les Occidentaux comprendront que dans la grande décomposition du Proche Orient, qui ne fait que commencer, Israël est le seul vecteur de liberté, de démocratie et de paix, un grand pas sera franchi.

Quand les Occidentaux comprendront qu’en pratiquant l’apaisement aveugle devant le djihadisme, ils adoptent une posture suicidaire, un autre pas sera franchi.

Je doute que ces pas soient franchis dans les prochains jours. L’administration Obama veut plus que jamais un Proche Orient sous hégémonie iranienne, et fait tout présentement pour sauver le Hamas, qui a renoué ses liens avec l’Iran.

Les dirigeants européens adoptent la même trajectoire que l’administration Obama.

Je suis certain que les dirigeants israéliens voient la décomposition du Proche-Orient, et voient que les dirigeants occidentaux ont une posture suicidaire.

J’espère qu’ils en tireront toutes les leçons qu’il faut en tirer, et qu’ils agiront au mieux pour la sécurité du peuple d’Israël.

Guy Millière 

PS. Des rumeurs non encore vérifiées circulent, disant que l’objectif des tirs du Hamas est de tester le dôme de fer et de faire des repérages pour l’Iran. Je ne sais si c’est exact. C’est une éventualité. Cela ne change rien à la nécessité de détruire le Hamas. Tout fragment de la menace djihadiste qui peut être éliminé doit l’être.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.