La Russie place ses pions, et ce qui se passe en Ukraine est le signe d’une défaite de l’Union Européenne, des Etats-Unis et de l’OTAN, qui se sont beaucoup avancés, de manière irresponsable, et qui ont perdu.
La Chine place les siens en Asie orientale, et la Corée du Nord fait la même chose : elle vient de menacer les Etats Unis d’une frappe nucléaire, qui n’aura pas lieu, bien sûr, mais elle peut être certaine d’empocher les bénéfices de la menace.
L’Iran se rapproche de l’arme nucléaire (les mollahs ont en fait déjà tous les moyens ou presque d’assembler celle-ci et d’en faire plusieurs exemplaires), et tient maintenant cinq capitales au Proche-Orient : Téhéran, Bagdad, Damas, Beyrouth, Sanaa.
L’Etat Islamique, lui, gagne du terrain : il assiège une importante base américaine en Irak, Ayn al-Asad, au Nord de Ramadi. Il est implanté maintenant au Yemen, dans le Sinaï, dans toute l’Afrique sahélienne, en Libye, où il vient de couper la tête à une vingtaines d’Egyptiens coptes, en un défi clair lancé au Président Sissi, qui doit se battre à l’Est, mais aussi, désormais, à l’Ouest.
L’Union Européenne est désormais au bord de l’effondrement : la Grèce exerce un chantage destiné à soutirer de l’argent à l’Allemagne qui, si elle cède, sait que des chantages équivalents seront exercés vite par d’autres pays surendettés, et si elle ne cède pas, sait que la Grèce devra être exclue de la zone euro, avec pour conséquence, des troubles majeurs en Grèce, qui pourraient faire tache d’huile, des turbulences fortes pour la zone euro.
Et dans ce contexte, l’Europe est attaquée par l’islam radical.
Faire peur et modifier les comportements en fonction de la peur
On pourrait sous-estimer les attaques qui viennent d’avoir lieu à Copenhague : on aurait tort. Elles montrent une fois de plus que des cellules djihadistes existent et peuvent passer à l’acte, n’impote où, n’importe quand. Elles accomplissent ce que le terrorisme est censé accomplir : faire peur et modifier les comportements en fonction de la peur. Les Juifs en Europe ont toutes les raisons d’avoir peur et de craindre d’autres attaques, contre des synagogues, des centres culturels, des magasins, des personnes seules dans la rue. Ceux qui parleraient encore librement de l’islam ont eux aussi toutes les raisons d’avoir peur et de craindre d’autres attaques : après Charlie Hebdo à Paris, un lieu de débats à Copenhague. Ensuite, quoi ? Qui ?
Des mots commencent à être prononcés en Europe : guerre, djihad, islam radical, islamo-fascisme. Mais les mesures envisagées sont dérisoires et pas du tout à même de faire reculer la menace, moins encore de l’éradiquer. Il faudrait pour cela un discours plus clair encore, et parler comme le Président Sissi, plutôt que dire que djihad, islam radical et islamofascisme n’ont rien à voir avec l’islam. Il faudrait des mesures plus fortes, qu’aucun gouvernement européen ne prendra, je le crains.
Il faudrait, sans doute, mener la guerre.
Seuls les Etats Unis auraient aujourd’hui, malgré les coupes dans les budgets militaires voulues par Obama, les moyens. Obama ne le fera pas. La demande d’autorisation de guerre qu’il vient de déposer au Congrès n’est pas une demande de déclaration de guerre, mais une tentative perfide de faire entériner par le Congrès républicain le défaitisme actif qu’il pratique aujourd’hui, puisqu’il y est question du refus du recours à des troupes au sol, et puisqu’il y est donné une date de fin des opération, 2018.
Nous ne sommes pas dans une guerre de civilisations. Mais nous sommes dans une guerre pour la civilisation. La civilisation occidentale, fondée sur le droit et les sociétés ouvertes est attaquée. Les alliés de la civilisation occidentale sont attaqués aussi. La barbarie déferle. Pour l’heure, elle n’a pas fini de déferler. Pour l’heure, nous ne sommes pas en train de gagner. Il se pourrait que nous soyons en train de perdre. Pourquoi ? Parce que les barbares ne sont pas hors les murs de la civilisation occidentale, mais à l’intérieur même de la civilisation occidentale. Parce que les barbares tiennent une bonne part du pouvoir politique à l’intérieur même de la civilisation occidentale. Parce que les barbares tiennent aussi une large part du pouvoir médiatique et intellectuel à l’intérieur même de la civilisation occidentale.
Nous n’avons pas encore perdu. Mais la défaite n’est pas une éventualité qu’il faut nécessairement écarter. Les civilisations meurent aussi.
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