LES FORCES DE HAFTAR ET LA GRÈCE ONT CONVENU D’ARRÊTER LA CONTREBANDE TURQUE ET LE FORAGE DE NAVIRES DANS L’EST DE LA MÉDITERRANÉE
L’Armée nationale libyenne (LNA) et la Grèce ont convenu de fermer la route navale entre l’île grecque de Crète et les eaux internationales de la Libye, a révélé le 13 décembre le commandant de la marine de la LNA, le général Gen Faraj al-Mahdawi.
Dans une interview, le général libyen a déclaré que l’accord visait à lutter contre la contrebande et le forage de navires turcs.
“Il y a une grande coordination entre la Libye et la Grèce afin de surveiller les mouvements des navires turcs”, a déclaré la chaîne de télévision al-Ain basée aux EAU, citant le major-général al-Mahdawi.
Selon le commandant, la marine hellénique s’emparera de tout navire turc qui violerait les eaux grecques, tandis que la marine libyenne coulera des navires turcs qui tenteraient de forer dans les eaux libyennes ou de faire passer des armes en contrebande sur les côtes occidentales du pays.
La semaine dernière, le gouvernement libyen d’accord national (GNA) a conclu un accord maritime controversé avec la Turquie. L’accord permet aux navires turcs de se déplacer et de forer en Méditerranée orientale avec beaucoup de liberté.
La Grèce a expulsé l’ambassadeur du GNA d’Athène et a retiré sa reconnaissance du gouvernement pour protester contre l’accord.
Les remarques d’Al-Mahdawi démontrent que l’avance de l’ANL sur la ville de Tripoli, tenue par le GNA, a peut-être été déclenchée par l’accord GNA-Turquie. L’Egyte et les Emirats Arabes Unis, qui sont parmi les principaux soutiens militaires de l’ANL, perçoivent l’expansion turque en Libye comme une menace pour leurs intérêts. La Grèce n’est pas non plus intéressée par la croissance de l’influence turque dans la région.
CHYPRE DU NORD FOURNIT UN AÉROPORT AUX DRONES TURCS POUR ESCORTER LES NAVIRES DE FORAGE DANS L’EST DE LA MÉDITERRANÉE
Le cabinet chypriote turc dissident a approuvé le 14 décembre une demande d’Ankara d’utiliser un aéroport sur l’île comme base pour des drones turcs escortant des navires de forage en Méditerranée orientale.
Selon Reuters , les véhicules aériens sans pilote (UAV), non armés et armés, commenceront à décoller de l’aéroport de Gecitkale à partir du 16 décembre.
Le Premier ministre chypriote turc, Ersin Tatar, a déclaré à l’agence de presse locale que l’aéroport de Geçitkale avait été autorisé à utiliser le commandement des forces de paix chypriotes turques. Il a ajouté que la Turquie et le cabinet poursuivront leur coopération sur la table et sur le terrain.
La Turquie a envahi et divisé Chypre, membre de l’UE, en 1974 en réponse à un coup d’État d’inspiration grecque dans l’île. Cela a conduit à un conflit maritime avec la Grèce, d’autant plus que les régions autour de Chypre sont réputées riches en gaz naturel.
La semaine dernière, la tension entre la Turquie et la Grèce s’est intensifiée , lorsque Ankara a signé un accord maritime controversé avec le gouvernement libyen pour un accord national (GNA). L’accord facilite les opérations de forage turques en Méditerranée orientale.
La tension va probablement s’intensifier après le déploiement d’UAV turcs à l’aéroport de Geçitkale. Cette étape pourrait donner à Ankara un effet de levier en Méditerranée orientale.
L’ARMÉE LIBYENNE DÉTRUIT UNE EXPÉDITION D’ARMES TURQUES AUX FORCES DU GNA
L’armée nationale libyenne (LNA) a annoncé le 13 décembre qu’elle avait détruit une importante cargaison d’armes, récemment fournie par la Turquie aux forces fidèles au gouvernement d’accord national (GNA) dans la ville côtière libyenne de Misrata.
Dans un communiqué officiel, l’armée a révélé qu’elle avait reçu des informations crédibles indiquant que de grandes quantités d’armes, de munitions, de véhicules blindés et d’autres équipements militaires avaient été expédiés vers les ports navals et aériens de Misrata.
La LNA déclare que la Turquie a fourni ces armes et équipements aux forces de Misrata dans le cadre de son récent accord maritime avec le GNA.
Les livraisons d’armes ainsi que les drones de fabrication turque, qui étaient entreposés à l’Académie de l’Air de Misrata et dans d’autres parties de la ville, ont été ciblés par l’armée de l’air libyenne (LAF).
“Les zones de stockage des cargaisons ont été ciblées et détruites avec une grande précision et succès, à la suite des frappes, des explosions successives se sont produites et un incendie a éclaté dans le hangar des drones turcs … Nos avions de guerre sont revenus en toute sécurité à leurs bases”, indique la déclaration de l’ANL.
Les forces de Misrata, qui sont parmi les forces les plus importantes et les plus capables de soutenir le GNA, n’ont jusqu’à présent pas commenté les affirmations de l’ANL.
Le commandant en chef du maréchal en chef de l’ANL, Khalifa Haftar, a annoncé il y a un jour, le lancement d’une «bataille décisive» pour capturer la capitale, Tripoli. Une étape qui était apparemment motivée par l’accord maritime du GNA avec la Turquie.
L’ARMÉE LIBYENNE ABAT UN DRONE ARMÉ TURC PRÈS DE TRIPOLI (VIDÉO, PHOTOS)
L’armée nationale libyenne (LNA) a annoncé le 13 décembre que ses unités avaient abattu un véhicule aérien de combat sans pilote turc (UCAV) près de la capitale du pays, Tripoli.
L’UCAV aurait été abattu au-dessus de la région d’Ain Zara, au sud-est de Tripoli, alors qu’il soutenait des forces fidèles au gouvernement d’accord national (GNA).
Des sources pro-LNA ont publié des photos montrant l’épave de l’UCAV abattu, identifié comme un Bayraktar TB2 de fabrication turque.
Le Bayraktar TB2, qui a été introduit pour la première fois en 2014, a une autonomie de 24 heures et une autonomie opérationnelle de 150 km. Plus tôt cette année, la Turquie et peut-être le Qatar ont déployé plusieurs UCAV de ce type à Tripoli pour soutenir les forces du GNA.
L’UCAV abattu semblait être armé d’au moins deux missiles à guidage laser de petit diamètre MAM-L, fabriquées par le Turc Roketsan.
Au cours des derniers mois, l’ANL a affirmé à plusieurs reprises avoir abattu des UCAV turcs au-dessus de l’ouest de la Libye. Cependant, c’est la première fois qu’une preuve est présentée.
Un jour plus tôt, le commandant en chef du maréchal de l’ANL, Khalifa Haftar, a annoncé le lancement d’une «bataille décisive» pour capturer Tripoli du GNA.
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L’ARMÉE LIBYENNE AVANCE VERS TRIPOLI DANS DEUX DIRECTIONS
L’armée nationale libyenne (LNA) s’est avancée tard le 12 décembre vers le centre-ville de la capitale du pays, Tripoli, dans deux directions.
Quelques heures plus tôt, le commandant en chef de l’armée, le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé le lancement d’une «bataille décisive» pour capturer Tripoli du gouvernement d’accord national (GNA).
Selon le bureau des médias de l’ANL, des unités de l’armée ont imposé le contrôle de l’Académie des officiers de police dans la région de Saladin au sud de Tripoli. L’armée a également avancé au sud-ouest de la capitale, sécurisant la route entre les zones d’al-Sa’diyah et d’al-Tugar.
En outre, un porte-parole de l’ANL, le général Ahmed al-Mismari, a affirmé que la Libyan Air Force (LNA) avait imposé un contrôle aérien sur la capitale libyenne.
“Nos forces ont mené des opérations spéciales contre des cibles des bataillons du GNA à Tripoli”, a déclaré le général al-Mismari à al-Arabiya TV.
Les forces fidèles au GNA ont nié que l’ANL ait avancé au sud de Tripoli. Un porte-parole des forces du GNA a déclaré que de nouveaux renforts étaient déployés au sud de la capitale.
L’attaque de l’ANL sur Tripoli semble être motivée par le récent accord maritime entre le GNA et la Turquie. L’Égypte, un des principaux soutiens de l’armée, n’était pas satisfaite de l’accord.
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Ils s’appellent Zohr, Leviathan et Aphrodite… Et ils sont à la source de tensions de plus en plus vives en Méditerranée orientale. Et pour cause : il s’agit d’importants gisements de gaz naturel respectivements découverts au large de l’Égypte, d’Israël et de Chypre. Et au regard de la manne financière qu’ils représentent, ils ne peuvent que susciter les convoitises et la remise en cause des frontières maritimes.
Ces dernières années, plusieurs pays ont noué des coopérations pour exploiter au mieux ces ressources gazières. En effet, membre de l’Union européenne [UE], la République de Chypre s’est rapprochée d’Israël et de l’Égypte.
Ainsi, en septembre 2018, Nicosie et Le Caire ont signé un accord pour construire un gazoduc sous-marin afin de transporter le gaz chypriote en Égypte, où il devrait être transforé en gaz naturel liquéfié, avant d’être réexporté vers l’UE, laquelle soutient évidemment ce projet afin de moins dépendre de Moscou pour ses approvisionnements énergétiques.
Et cela vaut aussi pour le projet de gazoduc EastMed, lequel associe Chypre, Israël, la Grèce et l’Italie. Ayant fait l’objet d’un accord en décembre 2017, il doit relier les gisements Aphrodite et Leviathan à l’Europe occidentale, via une connexion avec le gazoduc Poseidon [qui fait le lien entre la Grèce et l’Italie, ndlr]. Théoriquement, il permettrait d’exporter jusqu’à 16 milliards de mètres cubes vers l’Union européenne.
À noter que la Russie garde un oeil sur ces développements. Elle est d’ailleurs impliquée en Égypte, avec Rosneft, ainsi qu’à Chypre, avec laquelle elle affiche une certaine proximité [cultuelle, avec l’héritage chrétien-orthodoxe commun, et économique, ndlr].
Cependant, ces arrangements ne sont pas du goût de tout le monde… D’où les tensions actuelles. « On voit […] très clairement, en Méditerranée orientale comme dans d’autres zones, que des puissances régionales adoptent des postures extrêmement dures qui n’avaient pas cours il y a encore quatre ou cinq ans », a en effet récemment résumé l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale.
En effet, la Turquie est l’un des acteurs régionaux qui entend avoir sa part du gâteau, en disant vouloir défendre les intérêts de la République turque de Chypre du Nord [RTCN], un État uniquement reconnu par Ankara.
Ces derniers mois, la Turquie a donc entrepris des forages dans les eaux de la République de Chypre. Ce qui a été vivement dénoncé par l’Union européenne. La France a d’ailleurs manifesté son soutien à Nicosie en envoyant une frégate participer à un exercice avec la marine chypriote.
« Les Turcs ont engagé une action de forage dans les eaux sous souveraineté chypriote. Nous avons décidé de mettre en place un régime-cadre de sanctions si, d’aventure, la Turquie poursuivait ces opérations. Nous allons prévoir une présence militaire dans cette zone », a même indiqué Jean-Yves le Drian, le ministre des Affaires étrangères, lors d’une audition au Sénat.
Mais un évènement important dans ce dossier s’est produit le 28 novembre, avec la signature par le gouvernement d’unité nationale libyen [GNA], formé sous l’égide des Nations unies, et la Turquie d’une entente visant à renforcer leur coopération militaire et d’un protocole d’accord sur la délimitation de leurs eaux économiques respectives. Le souci est que, entre les côtes libyennes et turques se trouvent la Grèce, Chypre et l’Égypte. Or, Ankara et Tripoli ont fait comme si ces pays n’existaient pas…
Pour compliquer la donne, la situation en Libye est loin d’être stabilisée, l’autorité du GNA étant contestée par le gouvernement de Tobrouk qui, tirant sa légitimité des élections législatives de juin 2014, est soutenu par l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar. Or, ce dernier, après avoir réduit la menace jihadiste dans l’est et le sud du pays, a lancé une offensive en direction de Tripoli. Offensive qui s’est enlisée, malgré le soutien des Émirats arabes unis, de la Jordanie… et de l’Égypte [et probablement de la Russie, dont il est dit qu’elle y a envoyé des mercenaires…].
S’agissant de l’accord en question, le porte-parole de la présidence turque, Fahrettin Altun, a expliqué qu’il s’agissait d’une « version plus large de l’accord-cadre de coopération militaire existant » entre Ankara et le GNA. Et d’ajouter que « la stabilité de la Libye est d’une importance critique pour la sécurité des Libyens, pour la stabilité régionale et pour combattre le terrorisme international. » Pour rappel, et en raison de sa proximité avec la confrérie des « Frères musulmans », la Turquie, comme du reste le Qatar, soutient déjà fortement le gouvernement de Tripoli, notamment via la fourniture d’équipements militaires [drones et blindés]
Quoi qu’il en soit, la Grèce a fait part de son « mécontentement » au sujet de ces accords conclus par Ankara et Tripoli. Et le ministère grec des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur libyen en poste à Athènes [et donc relevant du GNA, ndlr] pour obtenir des « informations » sur leur contenu. Le diplomate a jusqu’au 5 décembre pour fournir ce qui lui a été demande. Faute de quoi, « il sera expulsé », a précisé une source diplomatique grecque auprès de l’AFP.
« La signature de ce mémorandum ne peut pas violer les droits souverains des pays tiers » car « ce serait une violation flagrante du droit international de la mer », avait expliqué, le 29 novembre, Alexandros Yennimatas, le porte-parole du ministère grec des Affaires étrangères.
Mais Athènes a l’intention d’aller plus loin. Dans un premier temps, le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, s’est rendu au Caire pour évoquer le sujet avec Sameh Choukry son homologue égyptien et convenir « d’accélérer la délimitation des zones économiques exclusives de la Grèce et de l’Égypte. »
Puis, le 1er décembre, lors d’un discours prononcé lors du congrès de son parti, « Nouvelle-Démocratie », le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a élevé le ton et dit vouloir demander le soutien de l’Otan dans cette affaire.
« Une alliance ne peut pas rester indifférente quand un de ses membres viole ouvertement le droit international et vise [à nuire à] un autre membre », a en effet lâché M. Mitsotakis.
Cette question sera donc évoquée lors du prochain sommet de l’Otan, les 3 et 4 décembre, à Londres. Et tout laisse à penser que la Turquie sera au centre des débats, notamment en raison de son offensive dans le nord-est de la Syrie, son rapprochement avec la Libye et, ses actions en Méditerranée orientale relatives aux ressources gazières.