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Hakim (qui est musulman…), de la brigade Magav : « je suis citoyen israélien, je fais mon devoir, c’est mon pays » Dreuz

By 12 septembre 2015Etz Be Tzion

 

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Je vis en Israël depuis 10 ans jour pour jour. J’y suis flic après y avoir été soldat, cela m’a permis de voir deux ou trois choses. J’ai encore beaucoup à apprendre.

Cette semaine j’ai donné un coup de main à une brigade de Magav, la police des frontières, déployée à Jerusalem-Est.

Magav est une unité à mi-chemin entre l’armée et la police. Les attentats visant les soldats de Magav, principalement au couteau et à la voiture-bélier sont fréquents, les jets de pierres et de cocktails molotov, quotidiens.

Tout en m’équipant de mon gilet censé me protéger des lames de couteaux et d’un casque, je passe au volant d’une voiture blindée. Nous sommes une équipe de trois, le commandant à ma droite et un combattant derrière moi.

Tandis que nous patrouillons, j’écoute la conversation entre mes deux nouveaux collègues. Impossible de ne pas remarquer l’énorme accent du commandant. Même mon légendaire accent français est plus subtil que son accent arabe.

Je demande leurs prénoms : Hakim et Elad. Deux colosses très sympathiques d’environ 25 ans qui après avoir effectué leur service dans Magav y sont devenus militaires de carrière.

J’ai toujours été ému quand ma route à croisé des soldats ou des policiers druzes. Les druzes d’Israël pourraient donner des leçons d’amour du pays à beaucoup de juifs. Mais Hakim n’est pas druze.

Ils pratiquent une religion dérivée de l’Islam et ne se considèrent pas comme arabes. Gare à celui qui leur ferait remarquer que selon le dictionnaire, est arabe le peuple qui communique en arabe. Concernant Hakim, de par les traits de son visage et son accent, il m’a paru tout de suite évident que je n’avais pas pour commandant un druze. J’avais l’impression de recevoir des instructions d’un palestinien.

« Tu es bédouin Hakim ? »

« Tu es bédouin Hakim ? » La question est posée, la nuit va être longue…

J’ai envie d’engager la discussion sur ce qui était pour moi un peu singulier. J’avais déjà servi avec un ou deux bédouins, ces derniers rejoignent parfois les rangs des combattants israéliens. Tout en communiquant notre position dans la radio militaire, Hakim me répond en se définissant par une expression que je ne connais pas, constate ma perplexité et me facilite la tâche en disant : « je suis arabe, arabe musulman ».

La discussion reprend entre Hakim l’arabe musulman et Elad le juif.

Arrivés devant les quelques maisons juives, nous nous déployons armes aux poing. Sur l’une d’elles flotte le plus grand drapeau frappé de l’étoile de David qu’il m’ait été donné de voir. Il est environ minuit, Hakim et moi sommes équipés d’un M-16 et Elad d’un fusil à balles de caoutchouc pour nous permettre de répliquer à des attaques sans risquer d’ôter la vie.

Des voitures aux voyageurs arabes passent devant nous, des regards peu amicaux sont échangés sans cesse. Je ne fais pas spécialement le fier, et moi qui suis accroc à mon portable, je comprends assez rapidement que ce dernier va rester dans ma poche au profit d’une assez grande concentration sur ce qui m’entoure.

La conversation reprend avec Hakim. Après avoir échangé sur tout et rien je lui demande en souriant si je peux m’intéresser à son cas sans être impoli.

Hakim me répond « bien entendu mon frère » dans un éclat de rire.

J’apprends qu’il vit dans le nord d’Israël, dans un village musulman.

« mais je suis citoyen israélien, je fais mon devoir, c’est mon pays »

À ma question sur ses motivations à être combattant dans l’armée d’Israël, il me répond presque étonné :

« mais je suis citoyen israélien, je fais mon devoir, c’est mon pays ».

Hakim n’aime pas parler de lui mais accepte cette bienveillante interview. Il m’explique que chez lui, on sert dans Tsahal, évoque même en une phrase un oncle anciennement membre des renseignements. Je lui demande si je pourrais écrire sur lui et me répond « si tu veux, mais floute mon visage et change mon prénom, j’ai déjà fait l’objet de menaces. »

Nous commençons à contrôler des voitures dans le but de trouver des armes et je ne peux m’empêcher de regarder du coin de l’oeil Hakim travailler face à ses « frères arabes ».

Respectueusement mais fermement, nous interrogeons certains passants. Ces derniers ne sont pas dupes une seconde sur les origines d’Hakim et s’adressent à lui en arabe. Mon collègue d’un soir leur répond avec son accent à couper au couteau : « tu es prié de t’adresser à moi en hébreu » (Ata mouzman lédaber élaï béivrit).

Plus tard, je le verrai faire preuve de beaucoup de gentillesse avec un employé arabe d’une station essence du quartier. Notre nuit se terminera sans incidents, et je quitterai les membres de mon équipe d’une très amicale poignée de mains.

Qu’on excuse mon ignorance, mais l’émotion passée et les renseignements pris, mon Hakim est loin d’être un cas isolé.

Les arabes musulmans d’Israël sont de plus en plus nombreux à vouloir servir ce qu’ils considèrent aussi comme leur pays.

Une pensée pour les idiots.

Pour ceux d’entre eux qui osent parler d’une armée raciste.

Pour ceux d’entre eux qui aiment ou haïssent les gens pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils font.

Une pensée pour ces guerriers d’Israël « un peu particuliers ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Benjamin Goldnadel pour Dreuz.info.

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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