Hanouka: la victoire d’un petit nombre…(vidéo)
Adaptation par Jforum mis à jour le 06.12.2020
Un jour de l’an -167, un émissaire grec arriva à Modiin, petit village des environs de Jérusalem.
Il venait s’assurer qu’on honore ici les dieux de l’Olympe. Pour lui témoigner de sa volonté de collaborer, un juif s’avança et s’apprêta à sacrifier un cochon.
C’est alors que Mattathias s’avança et tua l’hérétique sur l’autel. Face à l’assemblée médusée, il lança: » Quiconque a le zèle de la Torah, qu’il me suive. ».
Puis il s’enfuit dans les montagnes aux cotés de ses fils, laissant dans la ville tout ce qu’ils possédaient.
Autour de Mattathias et de sa famille se rassemblaient tous ceux qui s’opposaient à l’envahisseur et aux « impies »qui ont osé collaborer.
La révolte des Hasmonéens venait de débuter: elle allait enflammer la Judée pendant un quart de siècle et déboucher sur son indépendance.
Tombeau supposé des Hasmonéens
On ne peut pas comprendre les faits sans évoquer Alexandre. Après les conquêtes d’Alexandre, la Judée était passée sous la domination de la dynastie grecque des Séleucides (Syriens).
Le joug semblait alors léger: pendant quelques décennies les relations entre l’autorité séleucide et les Juifs étaient sereines.
La situation économique s’améliorait, Antiochus III concéda aux Juifs une large autonomie politique et religieuse.
Mais l’irruption d’un nouvel acteur sur la scène orientale va bousculer le bel équilibre: l’empire romain, qui infligea une cinglante défaite aux Séleucides en Magnésie en -189.
Les conséquences furent lourdes pour ces derniers qui se retrouvaient amputés d’une partie de leur royaume d’Asie Mineure et condamnés à payer une amende de guerre.
Pour trouver les ressources le roi séleucide Antiochus III se tourna vers Jérusalem afin de piller le Temple avec son trésor, il ordonna sa confiscation et contraignit les sanctuaires de Judée à lui verser un impôt.
De plus il désigna, lui-même, un grand prêtre, mis à sa solde, dans le Temple.
La ville juive se transforma en cité grecque : les juifs hellénistes-emmenés par Jason- sympathisaient avec les Grecs, on fit construire un gymnase, on prévoyait des modifications dans la Loi.
Les Hassidim, emmenés par Onias, étaient scandalisés.
Ces nouvelles mesures ne firent qu’accroître le fossé économique et culturel qui se creusati dans la société juive : les Purs et les Hellénisants.
Les premiers se recrutaient parmi les classes pauvres et étaient les plus intransigeants sur le plan religieux.
Quant aux seconds, ils se recrutaient parmi les classes aisées et ils adoptèrent tous les modes de vie et de pensée grecs.
En -175, profitant des luttes intestines en Judée, le tyran Antiochus IV Epiphane (l’Enragé) vint avec une forte armée en Judée, brûla une partie de la ville de Jérusalem et fit massacrer 40 000 habitants (en particulier le chabbat ) ; puis il pénètra dans le Temple qu’il pilla, enlevant tous les objets sacrés.
Il ordonna la persécution religieuse par un édit qui interdit le culte juif, prohiba la circoncision, l’observance du chabbat et la fixation des noémies.
La statue d’une divinité grecque fut placée sur l’autel, dans les cours du Temple les soldats grecs organisèrent des orgies, on sacrifia des porcs sur l’autel. Pour couronner le tout les juifs durent dorénavant-sous peine de mort- honorer les dieux grecs.
Un grand nombre d’entre eux ont préféré subir le martyr et restés fidèles à la foi de leurs ancêtres: les plus connus furent Eléazar âgé de 96 ans et Hanna et ses sept fils.
Face aux meurtres et aux persécutions, la révolte s’organisa autour de Mattathias et de ses cinq fils, une famille de prêtres qui habitait dans la petite localité de Modiin, au nord de Jérusalem.
D’abord passive la résistance se transforma en lutte armée contre l’armée séleucide et les Juifs hellénisants: les révoltés détruisirent les autels païens, circoncirent les enfants. Matatyas rappela à ses partisans que la Torah autorisa le combat le chabbat en cas de guerre.
En -166, Juda Maccabée succèda à son père Mattathias: c’était un guerrier de la trempe du roi David, féroce au combat (manieur de marteau).
Il disposait au mieux d’une armée de 6000 combattants contre une armée séleucide plus nombreuse, mieux équipée, avec ses fantassins aguerris, sa cavalerie et même ses éléphants de guerre aussi effrayants que redoutables.
Comment éviter l’affrontement direct face à une telle armada ?
Yehouda lança ses hommes dans des opérations de guérilla : embuscades, attaques surprises, incendies des camps ennemis et des villages proséleucides.
La tactique s’avéra payante: la renommée de ceux que l’on appelait désormais les Maccabées, du nom de leur chef, fit le tour de la Judée : comme des poissons dans l’eau les révoltés trouvaient alors dans les campagnes hostiles un soutien humain et matériel de poids.
Les victoires s’enchaînaient. A Beth-Horon, Yehouda profita à nouveau du relief pour piéger une armée aux effectifs très supérieurs. L’année suivante à Emmaüs, il écrasa les troupes du général Gorgias.
Le 25 Kislev de l’an -165, les Maccabées réussirent à reprendre le contrôle du Mont du Temple : ils purifièrent le Temple et rétablirent le service.
Par miracle, une petite fiole d’huile pure éclaira la Menorah pendant huit jours. La fête de Hanoukka commémora cette renaissance juive.
Il fallut attendre jusqu’en -141 pour que les forces séleucides soient écartées par Simon Maccabée : la Judée redevint indépendante pendant un siècle.
Grâce à de brillantes conquêtes militaires, les Hasmonéens étendirent les frontières de la souveraineté juive pendant un siècle.
La fin de la dynastie hasmonéenne fut marquée par l’expansion de l’hellénisme. En fait une assimilation culturelle envahit tous les domaines de la vie quotidienne: les classes dirigeantes sont les plus menacées.
L’expansion de l’hellénisme
Une des conséquences de cet essor de l’hellénisme fut le développement de diverses écoles de pensée à l’intérieur du judaïsme lui-même. Certains n’hésitaient plus à critiquer la pratique traditionnelle et les valeurs du judaïsme.
Deux groupes s’opposaient ; d’une part les Saducéens qui comptaient surtout les familles sacerdotales et d’autre part les Pharisiens dont les membres étaient recrutés plus largement dans l’ensemble de la population.
Les premiers pratiquaient une observance pure et simple des règles de la Torah et du rituel du Temple: favorables à la domination hellénistique et romaine plus tard. Leur théologie rejetait toute pensée mystique et apocalyptique, la littérature prophétique était jugée comme « dangereuse ».
Quant aux Pharisiens, ils considéraient que l’influence de la religion devait se faire sentir dans tous les domaines de vie: ainsi sur le plan politique, ils combattaient l’influence grecque.
Outre les Saducéens et les Pharisiens, d’autres groupes émergèrent, les Esséniens , qui tentèrent de créer des communautés contemplatives à l’écart des villes.
Il faut mentionner un événement crucial, tant pour la vocation juive que pour la vocation chrétienne plus tard, la traduction en grec de la Bible dite des Septante au IIème siècle avant l’ère chrétienne, à Alexandrie.
Alors que les dieux grecs étaient de plus en plus raillés par les philosophes, le moment était favorable à l’expansion du monothéisme juif.
Dans le même temps se développait un rejet des Juifs à cause de ces « écrits juifs » qui constituaient un ferment de révolution dans une civilisation qui reposait sur l’exploitation de l’esclavage.
De la soirée du jeudi 10 décembre
À la soirée du vendredi 18 décembre
Adaptation par Jforum
Sources
Neher-Bernheim Renée, Jérusalem trois millénaires d’histoire, Albin Michel 1996.
Simon Sebag Montefiore, Jérusalem Biographie, Calmann-Lévy 2011