Source Blog gaulliste libre
C’est un excellent article de Slate, à lire pour tous ceux qui s’intéressent aux questions d’éducation. Si le titre « la Suède est-elle en train de créer une génération de petits cons », est provoquant, il fournit une critique fouillée des carences du modèle éducatif suédois, y compris par des opposants de l’intérieur.
Derrière les statistiques
La Suède est souvent présentée comme un pays modèle, pour sa protection sociale, sa politique familiale, son système éducatif ou la condition féminine. Le pays fait aussi partie des références sur la qualité de vie, dans bien des classements. C’est le premier pays à voir instauré un congé parental en 1974 : « les parents disposent de plus de quinze mois de congé parental à répartir entre le père et la mère. Et il est rémunéré à hauteur de 80% du salaire pendant 390 jours ». La Suède est souvent en pointe sur les nouvelles idées comme la lutte contre les stéréotypes de genre et elle a poussé une vision de la société où les enfants sont choyés, écoutés et considérés comme des individus comme les adultes.
Une journaliste du Telegraph vient de descendre l’éducation à la suédoise, où les crises des enfants doivent être écoutées, où il faut négocier avec des enfants qui font un caprice. Pour elle, « on peut négocier avec un adulte, certainement pas avec un enfant. De la même manière que laisser des pré-ados fixer l’heure de leur coucher est totalement irresponsable ». Face à un enfant qui ferait un caprice en disant « tu n’es plus ma copine », elle suggère de dire « je n’ai jamais été ton amie. Les amis ne lavent pas tes chaussettes, ils ne t’achètent pas un manteau chaud pour l’hiver, pas plus qu’ils ne te forcent à te brosser les dents… ». Et elle ne recule pas devant la menace si elle le juge nécessaire.
L’opposition de l’intérieur
Mais la critique existe aussi en Suède. Un psychiatre, père de 6 enfants, a écrit un livre à polémique « Comment les enfants ont pris le pouvoir ». Pour lui, « les petits suédois sont devenus ‘rois’ : ils ont tendance à tout décider dans les familles : quand se coucher, quoi manger, où partir en vacances, même le programme télé (…) Ils crient s’il y a des adultes qui parlent à table, ils vous interrompent sans arrêt. D’une certaine façon, les enfants en Suède sont mal élevés (…) parce qu’ils ont été élevés de cette manière, les enfants suédois tombent de haut à l’âge adulte. Leurs attentes sont trop élevées et ils découvrent que la vie est dure. Cela se manifeste par des troubles de l’anxiété et des tendances à comportements autodestructeurs qui ont augmenté de manière spectaculaire en Suède ».
Il rejoint les analyses de Didier Pieux, auteur de « De l’enfant roi à l’enfant tyran » pour qui « la frustration pose des limites, structure, et prépare l’enfant aux difficultés professionnelles, sentimentales qu’il rencontrera forcément dans sa vie d’adulte ». Le psychiatre suédois y voit la responsabilité de la loi anti-châtiments corporels, que le pays a été le premier à adopter, et qui a dégénéré en « interdiction tacite de gronder, punir ou contredire un enfant ». Les partisans de l’éducation à la suédoise semblent refuser toute punition, qui serait un manque de respect, même le fait d’être consigné vingt minutes dans sa chambre, une punition heureusement jugée gentillette dans la plupart des pays.
Merci à Slate et Nadia Daam pour ce papier qui remet justement les pendules à l’heure où les institutions européennes semblent tentées d’appliquer les méthodes suédoises à l’ensemble de l’UE. Outre le fait que cela ne devrait pas être de leur ressort, le bilan est loin d’être positif.