Source : Facebook
Jean-Eric est garde républicain. Pendant la cérémonie d’hommage aux victimes Françaises de l’attaque terroriste du 07 octobre 2023, il est l’un des 42 qui ont porté chacun un portrait. Il nous livre un témoignage poignant. Je le remercie de m’avoir autorisée à le publier ici. (Lucille Andriamanana)
Difficile de mettre des mots sur un torrent de sentiments aussi puissants. Je ne me souviens pas avoir été autant ému lors d’une cérémonie. La solennité de l’évènement, l’intimidante atmosphère dans un lieu aussi mythique, le silence écrasant précédant notre arrivée aux roulements du tambour, le discours poignant du Président, la sonnerie au morts, la Marseillaise entonnée par les chœurs de l’armée française, la marche funèbre de Chopin…
Mais c’est en dehors des caméras que presque tous, nous nous sommes laissés aller, submergés par l’émotion, lorsque les familles sont venues nous voir, embrasser le portrait que nous portions, nous invitant ainsi à leur deuil, à leur inconsolable chagrin et leur incommensurable tristesse, et nous donnant la sensation, à chacun et l’espace de quelques minutes, de faire partie de leur famille, d’être au centre de leurs attentions, comme si nous représentions, pour l’instant, cet être disparu. J’ai vu des parents, prendre dans leur bras le Garde qui portait le portrait de leur fils, comme si celui-ci en était une sorte de réincarnation.
S’accrocher, faire face au chagrin, rester digne, à notre place…
Et puis ce fut mon tour. Devant moi, le père, la mère et le frère de Dolev Amouyal, mort dans sa 21e année dont je portais le portrait, se sont figés devant moi, pour s’effondrer dans un sanglot sans fin. La maman a déposé un baiser sur le portrait, le papa, le visage déformé par sa souffrance, m’a remercié (de quoi?…). Le petit frère, en retrait, me paraissait assommé par l’évènement, incapable de réagir, incapable de bouger, comme dans une expérience extra-corporelle. J’ai cherché des mots, vainement ; mais je n’avais rien à dire, et je ne pouvais pas me permettre de desserrer la mâchoire, au risque de pleurer moi aussi, ce que je me suis efforcé de m’interdire jusqu’au bout… mais en vain, là encore…
Je salue ces disparus, ces familles meurtries, la dignité dont elles ont fait preuve durant toute cette cérémonie.
Mais surtout… Je salue Israël dans son juste combat, pour la civilisation, contre la barbarie. Ce matin, nous étions tous juifs.
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