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Houellebecq et l’islamophobie, un faux débat? (i24News) – Curieusement, son livre « Soumission » sort le jour où se produit l’attentat contre Charlie Hebdo…

By 8 janvier 2015Lève-toi !

Houellebecq et l'islamophobie, un faux débat?

Miguel Medina (AFP/Archives)Miguel Medina (AFP/Archives)« L’écrivain Michel Houellebeck, le 5 novembre 2014 à Paris »

L’année littéraire 2015 démarre sur les chapeaux de roue avec la sortie hyper-médiatisée du nouveau Houellebecq, intitulé « Soumission » (traduction du terme « Islam ») qui vole la vedette à tous ses potentiels concurrents au titre tant prisé de best-seller.

Rarement un roman avait-il fait tant parler de lui avant même sa sortie. Jugé « islamophobe » par certains, catalogué « provoc » par d’autres, le moins qu’on puisse dire c’est que l’écrivain français le plus lu à l’étranger fait la une des médias français et internationaux.

Politiques, journalistes, commentateurs, chacun s’affaire à véhiculer une opinion sur cette fiction qui dépeint la France de 2022 présidée par un Musulman à travers le regard d’un professeur de lettres dénommé François. En bref, un personnage houellebecquien dans toute sa splendeur, acteur d’un scénario alarmiste qui frise la caricature.

Taxer Houellebecq d’islamophobe apparaît ainsi comme un réflexe presque naturel, surtout lorsqu’on se souvient des propos de l’auteur sur l’Islam qu’il avait qualifié de « religion la plus conne » et « dangereuse », en 2001.

Mais le débat ne devrait pas se limiter aux hypothétiques penchants islamophobes du romancier qui joue la carte de la fiction, bien que celle-ci « pourrait un jour devenir réalité », comme le prétend Marine Le Pen.

Le vrai débat nécessite de pointer du doigt le malaise identitaire qui pèse sur la France à l’heure où un ouvrage comme celui-ci provoque un tel engouement médiatique et attise les passions d’un peuple malade, qui cherche des réponses sur l’avenir d’un pays souffrant d’une politique d’intégration trop longtemps négligée ou mal menée.

Le repli identitaire et la montée de l’islamophobie sont les gangrènes d’une Europe en crise que les dirigeants, de droite comme de gauche, peinent à soigner faute de remèdes, laissant le champ libre à l’extrême droite.

S’exprimant sur le roman controversé de Houellebecq, le président François Hollande a déclaré: « Moi mon rôle c’est de dire : ne nous laissons pas emporter par ce climat, ne nous laissons pas dévorer par la peur, par l’angoisse (…) c’est sur les forces positives que je veux, moi m’appuyer pour la France ».

Cette peur dont parle le président s’est emparée d’un grand pan de la société, qui ne se retrouve pas forcément dans les thèses frontistes mais qui a besoin d’un diagnostic. La « phobie » de l’Islam ne doit pas indubitablement être assimilée à une hostilité envers cette religion, comme l’entend sa définition officielle. Elle nécessite des réponses que seules les « forces positives » dont parle Hollande peuvent apporter pour faire comprendre à ces « phobiques » que la laïcité n’est pas morte, malgré le constat alarmiste de Houellebecq.

Les initiatives pour promouvoir l’intégration dans le sens de l' »assimilation » à la française ne manquent pas mais celles-ci demeurent peu populaires ou vaines voire désuètes. Surtout, elles demandent une certaine connaissance de l’histoire de l’immigration et une volonté de dépasser les arguments simplistes de la stigmatisation de l’autre véhiculés par les extrêmes.

Loin d’aider à rassurer des individus submergés par les clichés assimilant l’Islam aux djihadistes de l’Etat islamique, les pouvoirs publics les poussent gentiment vers le refuge frontiste en omettant de leur donner des réponses adaptées à leurs craintes.

Quelle politique menée pour lutter contre la recrudescence des islamistes? Comment conserver les valeurs de la République face aux demandes de prières de rue etc.? Ce type de questions méritent des réponses claires et efficaces des partis politiques autres que le Front national, sans que ceux-ci aient peur d’être taxés d' »islamophobes ».

Ainsi, la fiction de Houellebecq doit permettre aux pouvoirs publics de mesurer l’ampleur d’un phénomène qui ronge le vieux continent (la récente poussée du mouvement Pegida en Allemagne n’est qu’un exemple) plutôt que de prendre le raccourci facile de stigmatiser son auteur.

Marion Bernard est journaliste à i24news. (Twitter: @marionbernard28)

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