CHAPITRE 6
La chute, abandon de positions N°1 et N°2 : Conséquences.
Il y aurait énormément de choses à développer concernant les suites de la chute et ce dramatique coup de pied luciférien dans l’ordre harmonieux et fécond du relationnel 1 et 2 qui devrait être vivable dans la durée… faite d’éternité avant la chute, selon les critères divins et dans l’épanouissement lent mais sûr des êtres et de leur destinée et non la précipitation. Ah ! La précipitation, la vitesse, le parler vite, trop vite, l’angoisse quasi métaphysique, existentielle des Français d’aujourd’hui… On ne parlait pas ainsi dans les années 30, les enregistrements radio font foi.
Le rapide avec toutes ses expressions variables ad infinitum, depuis par exemple Alexandre le Grand ou Napoléon, ces géants empressés ou dans un tout autre registre Rimbaud le poète surdoué, un météore génial mais frénétique,… jusqu’au fast-food, cet emblème d’une civilisation culinaire rapide, affreusement illusoire et mortifère, en passant par toute l’histoire de l’Art occidental en phase de décrépitude autodestructrice à partir de l’époque romantique, malgré ses génies évidents.
Le cœur du romantisme, c’est au fond le refus de perpétuer les principes intemporels de la divinité au profit d’une sonde de l’âme humaine en ses affres faustiennes, la pente longuement différée par le talent vers une sorte de gouffre. On n’a pas assez scruté le génial Mozart en tant que clé de voûte d’une évolution, d’un passage de la musique baroque construite sur des principes d’intemporalité à la musique romantique qui les renie, finit par les rejeter et les mépriser, en ouvrant peu à peu le couloir de sa propre mort. Mystérieux Mozart, mais pas comme on l’a dit…
La vitesse, la précipitation, le romantisme, arriver vite à du pseudo-neuf en abandonnant toujours plus l’essentiel malgré le génie indiscutable. De l’inédit à n’importe quel prix, ici, maintenant, tout de suite, tirer toutes ses forces vers demain en méprisant hier et en méconnaissant aujourd’hui, vers ailleurs, vers un but rêvé, l’inaccessible étoile, quand au fond et au bout… c’est la mort. La méconnaissance de l’aujourd’hui crée des consciences cautérisées, une décadence de la sensibilité et du savoir-faire qui sont les clés du génie vrai bien plus que « l’étincelle » qui n’en est souvent que le lent et laborieux produit. L’étincelle n’est jamais que le fruit d’une lente et profonde rumination. Mais il est vrai qu’à six ou sept ans certains êtres ont déjà beaucoup ruminé – médité, dirons-nous – et que d’autres à cinquante ans ne l’ont encore que bien peu fait…
Le « vite », ce grand mensonge qui affecte l’identité et la destinée de millions d’êtres, de sociétés, de civilisations depuis… la chute. Notre appétit de « plus vite » et de « toujours plus », une expression de l’orgueil au fond, raccourcirait-il notre existence, nous placerait-il plus vite encore sous cette sentence divine, consécutive au fait de toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, de la connaissance tout court ? : « tu mourras ! ». Je le pense bien sûr et cela m’a été curieusement confirmé au cours de l’été 2006 en assistant à un stage de musique baroque auquel était inscrit notre fils Isaac.
Si vous avez de l’appétit pour un petit tour de carrousel dans le domaine métaphysique autour de ce thème ultra spirituel à mon avis : le temps et comment nous le vivons, c’est-à-dire le plus souvent mal, de manière compulsive, luciférienne au fond, je vous fixe rendez-vous au chapitre 10 : « Quand la musique baroque, le jazz, les musiques folkloriques et la chanson confirment des principes bibliques ».
En ce qui concerne les conséquences de la chute dans le domaine du relationnel de l’homme et de la femme, retenons simplement deux ou trois choses fondamentales qui tournent toutes autour d’un même constat : un relationnel N°1 et N°2 devenu entièrement et malignement perverti.
Que nous dit la Bible ? Elle nous annonce tout simplement que désormais les N°1 éprouveront d’énormes peines à vivre en N°1 puisque ayant abandonné leur statut suite à l’attitude démissionnaire d’Adam au moment de la chute. Voyez Genèse 3 : 6. De même pour les N°2 à partir d’Eve qui, par son échange autour de ce que D.ieu a déclaré au niveau des principes, se place en position de N°1 qu’elle n‘est pas (Genèse 3 : 1 à 5).
Mais il y a pire, car cet abandon mutuel des positions, ce qui est en soi déjà catastrophique, aurait pu simplement déboucher sur une neutralisation, donc une disparition obligatoire de l’homme et de la femme. Mais quel sens aurait effectivement eu alors le fait de perpétuer la création puisque D.ieu ne se repent jamais de ses dons ni de ses appels (Rom. 11 : 29) et que D.ieu avait soumis, donné la création à l’homme (Gen. 2 : 15)?
La création devait continuer son chemin avec l’homme et la femme déchus ; ayant choisi pour un temps la soumission au régime luciférien de la rébellion. L‘homme ne pouvait échapper au piège consistant à l’inversion N°1 devenant N°2 et inversement. Là, Satan a « ferré la proie humanité » ; il va ensuite l’emprisonner dans un schéma pervers aux conséquences incalculables.
Ainsi l’homme abandonnant sa position et donc l’attitude protectrice propre au N°1 face au N°2 quittera son attitude originelle de don de soi pourtant marquée jusque dans son côté et deviendra homme qui convoite et domine l’être primitivement donné à aimer. Celle qui devait recevoir des principes à magnifier deviendra être convoité, dominé, exploité (Gen. 3 : 16).
La femme elle, devenue par inversion N°1 abusif, engendrera pour elle-même un syndrome luciférien de la perte de sens concernant son identité toujours en danger depuis ; c’est le côté boussole affolée qui nous désarçonne si souvent chez la femme, Messieurs…
Oh, dans ce contexte de toutes les turbulences, la rupture avec la notion de temps paisible, de « temps infini » d’avant la chute. On me comprendra…
Pour ma part, le silence infini d’une nuit prodigieusement étoilée ou le silence complet face à l’océan, ce silence qui nous parle de temps métaphysique en nous précipitant avec ou sans nostalgie vers le lieu et la formule perdus qui gisent au fond de nos mémoires sensibles, en sont le témoin quotidien. Il y aurait encore beaucoup à dire et à développer à ce sujet mais je vous renvoie pour cela à mon livre EHAD.