Comment ne pas être atterré ou révolté par le spectacle de la tragi-comédie politique israélienne ces derniers jours ? Comment ne pas avoir éprouvé de révulsion à l’égard des représentants de la nation, qui, la veille de la dissolution de la Knesset, dont plus d’un tiers ne reverront probablement pas les bancs, se photographiaient en selfie et se congratulaient mutuellement d’avoir réussi, en dépit de tout bon sens, à entraîner les Israéliens dans une aventure électorale risquant d’avoir des conséquences désastreuses pour le pays.
Désastre à plusieurs niveaux, et dont ne saurait dire à ce jour lequel est le pire.
Politique d’abord parce qu’elle perd chaque jour son sens noble et provoque le rejet parmi les jeunes, les élites intellectuelles et les hommes libres.
Institutionnel, car ces élections sont la preuve de la faillite d’un système démocratique dont nous étions fiers lorsque des Ben-Gourion, Golda Meïr, ou Begin nous gouvernaient, mais qui paralyse aujourd’hui le pouvoir législatif et exécutif, empêche sa propre réforme et nomme dans son assemblée des députés inconnus, inexpérimentés, avides de pouvoir et de privilèges.
Désastre moral lorsque la vie politique ressemble à un « mercato », digne du monde du football, dans lequel chaque jour un nouveau degré de cynisme est franchi ; tel le record, sans doute mondial, de l’ex-ministre Tzippi Livni qui, en moins de dix ans, aura appartenu à quatre partis différents.
Désastre culturel aussi, par l’absence totale de culture politique, c’est-à-dire la disparition du débat d’idées et d’un discours parlant à notre intelligence. Le désintérêt pour la politique est en train de se transformer en dégoût, et il faut s’attendre à un taux d’abstention sans précédent.
Désastre social car au-delà des deux milliards de shekels que vont coûter les prochaines élections, aucune des réformes nécessaires à la société israélienne ne sera entreprise dans les six mois à venir.
Désastre diplomatique parce que le gouvernement en place n’a plus aucune légitimité pour négocier un processus de paix à un moment où Israël est de plus en plus isolé sur la scène internationale et que la stratégie d’Obama est de plus en plus floue, notamment après les accords secrets avec l’Iran sur la lutte contre l’Etat islamique. Toute intervention militaire en Iran serait immédiatement récupérée par la campagne électorale, aussi bien à droite qu’à gauche.
Mais le pire c’est qu’au lendemain du scrutin, le problème de la gouvernance, qui en est la raison essentielle, sera encore plus grave qu’hier. Quel que soit le Premier Ministre désigné, il devra composer une coalition bien plus ingérable que celle du dernier mandat : soit mettre ensemble des partis orthodoxes avec des partis du centre, soit mettre les partis de gauche avec des partis de droite, voire d’extrême droite.
L’administration américaine, qui suit ses élections, a effectué des sondages, et est arrivé à la conclusion que si Netanyahou perdait les élections, son successeur serait sans doute dans l’impossibilité de former un gouvernement sans le parti d’Avigdor Lieberman. Et si c’était Netanyahou, ce serait du pareil au même.
Tout ça pour ça ! Israël ton roi est nu !
Michaël Bar-Zvi
Chronique du 11 décembre 2014
Oui, nous ne pouvons que prier pour Israël et ses dirigeants qui se font la guerre en interne par soif de pouvoir, au lieu de rester unis, donc forts face à nos ennemis et aux nations qui nous abandonnent peu à peu.
Jérémie 17/5: »Ainsi dit l’Eternel: Maudit est l’homme qui se confie en un mortel, prend pour appui un être de chair et dont le coeur s’éloigne de D.ieu. »(Version Zadoc Kahn)