Tout le monde a un plan. L’Union sioniste à un plan. Yisrael Beitenou à un plan. Bayit Hayehudi à un plan. Meretz à un plan. Même le centriste Yesh Atid à un plan. Mais le Likoud, qui a gouverné Israël ces dernières années, n’a plus de plan claire sur la façon de traiter la question palestinienne.
Voici un aperçu des différentes positions de chacun des partis à l’égard du conflit israélo-palestinien:
1. Union sioniste
Dirigée par Isaac Herzog et Tzipi Livni – dont cette dernières fut la négociatrice envoyée par Netanyahu auprès des palestiniens, cette liste est largement en faveur de la solution à deux Etats. « L’Union sioniste cherchera à reprendre les négociations, dans les cadres bilatéraux, régionaux et internationaux, avec l’objectif d’un règlement final avec les Palestiniens, sur la base du principe de deux Etats pour deux peuples », déclare le site internet du parti. Ils veulent aussi cessez les constructions en dehors des blocs d’implantations.
Ceci-dit Herzog a répété à 10 reprises au moins ne pas être certain d’avoir un partenaire à Ramallah. Pour le chef de l’Union Sioniste, la paix avec les palestinien pourrait passer par l’offre de paix arabe et des négociations au Caire.
Enfin, le parti est en faveur du retour aux lignes de 1967 avec échanges de territoires. Herzog veut que les palestiniens reconnaissent Israël comme un « Etat Juif. » Et Livni est contre le « droit au retour » demandé par les palestiniens. Amos Yadlin, le candidat du parti au poste de Ministre de la Défense, affirme qu’Israël « insistera pour conserver la vallée du Jourdain.
2. Likoud
Dans son discours de Bar-Ilan 2009, le président du parti a déclaré qu’il était disposé à accepter, en principe, un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaîtrait Israël comme foyer national du peuple juif. Il a déclaré à plusieurs reprises qu’il craint Israël devenir un Etat binational… Il a combattu les tentatives législatives d’annexion de la Judée et de la Samarie.
Mais si il a tenu ce discours en tant qu’élu, en campagne il dit autre chose et aujourd’hui affirme que pour l’heure, « tout cela n’est pas pertinent. » Il « n’envisage pas » de retrait de territoires.
Notons par ailleurs que Netanyahu est en minorité au sein du Likoud où l’on ne veut pas forcément, du côté des partisans, un Etat palestinien. Ils préfèrent plutôt voir les constructions continuer dans les implantations.
3. Maison juive
L’ancien Parti national religieux, dirigé par Naftali Bennett, est le seul parti sortant qui s’oppose explicitement à un Etat palestinien. Ses membres rejettent résolument les concessions territoriales.
Mais Bennett ne préconise pas l’annexion de toute la Judée-Samarie. Son plan de stabilité exige simplement l’application de la souveraineté israélienne dans la zone C, qui couvre environ 60% de la Judée-Samarie, où environ 350.000 Juifs et 80.000 arabes vivent.
4. Liste (arabe) Unie
Ce consortium de partis arabes appelle sans équivoque à l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Fait intéressant, la plate-forme du parti ne fait pas mention d’échanges de terres mutuellement convenus. En fait, il appelle à la « fin de l’occupation de tous les territoires conquis en 1967″ – cela comprendrait Jérusalem-Est et le plateau du Golan.
La plate-forme de la liste commune exige en outre une «solution juste au problème des réfugiés palestiniens qui garantirait le droit de retour conformément à la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies. »
La liste commune exige en outre qu’Israël détruise les implantations, la barrière de sécurité et libère les terroristes des prisons israéliennes.
5. Yesh Atid
Ce parti centriste appelle à un « divorce » avec les Palestiniens et à la mise en œuvre de la solution à deux Etats. Un accord entraînerait des « mesures de sécurité strictes à long terme», y compris la démilitarisation de la Judée-Samarie et le «désarmement du Hamas de son armement stratégique. » Le parti est en faveur d’une Jérusalem unifiée et veut garder les « grands blocs d’implantations. »
« Ce n’est pas la paix dont je parle. La paix, nous pourrons commencer à en parler dans les dix ans », a déclaré le président du parti Yair Lapid. «En ce moment il n’y a pas de paix sur la table. Seulement un accord. De leur côté, ce qu’ils veulent, c’est un état. Je suis prêt à leur en donner un. De notre côté, ce que nous voulons, c’est des mesures de sécurité. »
6. Kulanu
«Qu’y a t-il de plus important pour vous, la fin du conflit ou la fin du mois ? » se demande un clip de campagne du parti. Kulanu se concentre sur les problèmes socio-économiques et diplomatiques. Et « pour l’heure, il n’y a pas de partenaire à Ramallah pour des négociations sérieuses. »
Ancien ministre du Likoud, Kahlon s’est toujours opposé à des concessions territoriales mais aujourd’hui semble être en faveur de la solution à deux Etats.
Le parti veut « commencer à créer une réalité de deux Etats, en limitant les constructions des implantations et dans l’Est de Jérusalem. »
7. Shas
Dans la campagne actuelle, le Shas a choisi de se concentrer sur des sujets socio-économiques et non sur le monde diplomatique. Aryeh Deri, le président du Parti, affirme « ne pas voir de partenaire du côté palestinien pour en parler en campagne. »
Adina Bar-Shalom, la fille de feu le chef spirituel du mouvement Ovadia Yosef, a déclaré cette semaine que le parti est contre tout état binational. La seule alternative, c’est deux Etats pour deux peuples. »
8. Yisrael Beitenou
Malgré sa grande gueule belliciste, Lieberman est un fervent partisan de la solution à 2 Etats – mais pas dans les lignes de 67 ! Il veut redessiner la frontière afin de conserver un maximum de juifs en Israël et qu’un maximum d’arabes deviennent palestiniens.
Yisrael Beitenou appelle Israël à annexer les grands blocs d’implantations de Judée-Samarie. D’ailleurs, un des slogans est « Ariel en Israël, Umm el-Fahm en Palestine. » Ariel est une ville juive en Judée-Samarie; Umm el-Fahm est une ville arabe en Israël.
9. Torah et Judaïsme unifié
Cette faction ultra-orthodoxe ashkénaze se concentre exclusivement sur les questions socio-économiques, en particulier celles qui affectent directement ses électeurs, comme les allocations familiales.
Sur la base de leur croyance selon laquelle les Juifs ne doivent pas revendiquer la souveraineté sur la Terre Sainte avant l’arrivée du messie, de nombreux ultra-orthodoxe ne reconnaîssent pas le gouvernement sioniste d’Israël. Par conséquent, cette liste, dirigée par Yaakov Litzman, n’a pas de position unifiée sur les questions telles que le processus de paix – bien que la plupart des députés ont tendance à pencher vers la droite sur la question palestinienne.
10. Meretz
Dirigée par Zehava Gal-On, Meretz est le seul parti qui se dit sioniste et d’extrême gauche. Pour ce parti « une nouvelle approche est nécessaire, il faut un accord global avec le monde arabe. »
Meretz est en faveur d’un Etat palestinien avec les frontières de 1967 (et échanges de terres). Jérusalem sera deux capitales: « un espace urbain unifié avec deux souverainetés politiques. »
11. Yahad
Ce nouveau parti sioniste religieux rejette avec véhémence des concessions territoriales aux Palestiniens. « Nous allons continuer à agir pour organiser le statut juridique de tous les territoires de Judée-Samarie afin d’y assurer notre souveraineté. Ces territoires sont les nôtres. Aucune hésitation et aucun doute ! »
En outre, si le parti est élu, Baruch Marzel (3ème de liste) sera considéré comme le député le plus à droite de la Knesset. Marzel est un adepte de Meir Kahane, dont le mouvement politique a été interdit en raison de ses positions anti-arabes. Marzel veut expulser d’Israël tous les « ennemis » du peuple juif et de la Terre d’Israël.
Par Antoine Chatrier – JSSNews