Les épuisés et les faibles seront principalement composés
de Juifs urbains, qui n’ont jamais fait une marche désespérée
comme celle-ci de leur vie, dans les lieux et les conditions les
plus primitives, pleins de désespoir, et il ne semble y avoir
aucune lumière à la fin de ce tunnel. Il est terrifiant de se perdre
dans une nature sauvage, en particulier pour des citadins,
comme nous, les Juifs, le sommes, et tout d’un coup de se
retrouver plongés dans les situations les plus inconnues et
désespérément stériles. Mais il y a évidemment quelqu’un parmi
nous, à qui D.ieu commande :
« Alors les yeux des aveugles s’ouvriront, et les oreilles
des sourds s’ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf,
et la langue du muet criera de joie. Car des eaux jailliront dans
le désert et des ruisseaux dans la Arava (désert). Et la terre
brûlée deviendra un étang, et la terre assoiffée une source
d’eau. » (V. 5-7).
Le fait même de prononcer ces mots : le boiteux bondit,
l’aveugle voit, la nature elle-même est affectée – les lieux secs
se transforment en étangs d’eau… Ce sera une parole qui sera
plus qu’une assurance humaine, plus qu’un encouragement
humain bien intentionné ; une parole prophétique qui constitue
toujours un événement. Quelque chose se produit lorsqu’une
parole prophétique est prononcée, parce qu’elle est émise sous
l’autorité de D.ieu. Mais c’est aussi une parole prononcée par
une mystérieuse présence non identifiée dans le désert avec les
Juifs, d’où leur vient le salut, avant même l’apparition du
Seigneur. Un espoir est venu qui les fait bondir – simplement
sur la déclaration : « Votre D.ieu viendra ! »
Mais il faut que ce soit avec l’assurance d’une telle
conviction que cela crée ou fasse naître la réalité elle-même, et
c’est ce qu’est une véritable parole prophétique. Qui la
prononcera, et qui est prêt à être dans le désert avec ce peuple
débraillé et souffrant, et qui écoutera instantanément le
commandement, parlant avec une telle autorité que cela
amènera leur restauration avant même l’avènement du retour du
Seigneur ? C’est la tâche de l’Église des Derniers Jours, et nous
ne trouverons pas cette onction ou autorité prophétique dans un
moment final, si elle n’est pas de manière consistante la somme
de tous les moments qui l’ont précédée ! L’Église a toujours été
appelée à être une présence prophétique sur la terre et à parler
pour D.ieu, avec Son autorité, pour communiquer un espoir
auquel, s’il ne vient pas aux Juifs dans cette condition de
dénuement ultime, ils ne survivront pas.
La question de la survie dans les camps de la mort nazis
ne concernait pas ceux qui possédaient la plus grande force
physique, mais ceux qui avaient le plus grand espoir. L’espoir a
un pouvoir inhérent. La désespérance, c’est quand il n’y a pas
de lumière au bout du tunnel, quand vous êtes rempli de
désespoir et prêt à périr parce que vos genoux sont faibles et que
vos mains traînent ; vous êtes abattu et boiteux, vous êtes prêt à
partir, et si vous ne recevez pas une parole d’espoir, vous ne
survivrez pas. Cette parole est donc cruciale.
Qu’est-ce donc qui donne à une parole prophétique un
pouvoir et une autorité ? En tant qu’Église, nous sommes
appelés à être une présence prophétique, à donner à ce peuple
alors qu’ils passent au travers (du désespoir), dans l’autorité de
D.ieu, une parole d’espérance authentique et faisant autorité qui
procède de la réalité de notre propre condition et expérience
collective. C’est tout à fait différent de simplement réciter une
formule.
Connaissons-nous vraiment un D.ieu qui vient dans la
détresse ultime, parce que nous avons été nous-mêmes placés
dans une détresse ultime, où nous aurions nous-mêmes expiré,
faute d’encouragement ? Avons-nous été mis à l’épreuve dans
une situation comparable à laquelle nous sommes désormais en
mesure d’accorder une parole d’assurance à Israël dans cette
situation similaire ? Sommes-nous prêts à être passés au crible