Abbas tente de mettre Israël au banc des accusés; une ville anglaise boycotte les produits israéliens
Israël et les Etats-Unis organisent actuellement leurs efforts pour tenter de dissuader près de 200 Etats qui sont membres de la 4è Convention de Genève de convenir d’une session spéciale dans le courant du mois de décembre traitant de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, ont indiqué mercredi des diplomates israéliens occidentaux au journal Haaretz.
La Suisse, qui parraine la Convention, fait l’objet de pressions intenses de la part des pays arabes et devrait lancer incessamment des invitations. La Confédération helvétique a néanmoins fait savoir que cette Convention, qui devrait durer 3 heures avec quelques discours et sans couverture médiatique, excepté une déclaration à la presse, devrait se focaliser uniquement sur le droit international humanitaire.
« Nous avons clairement indiqué que nous ne voulons pas que cela devienne un événement politique ou un débat ou une conférence qui blâmerait une des parties concernées », a confié un diplomate suisse au Haaretz.
Israël s’oppose avec force à cette initiative en dépit de la version modérée proposée par les Suisses. Des diplomates israéliens se sont rendus à plusieurs reprises à Berne et à Genève pour tenter de dissuader le ministère helvétique des Affaires étrangères de tenir cette conférence, indiquant que Jérusalem la boycottera.
« Ils (les diplomates israéliens) nous ont dit que la tenue de cette conférence ne ferait que faciliter une initiative palestinienne unilatérale pour dégrader l’image d’Israël et l’attaquer dans un forum international », a précisé le diplomate suisse.
Après l’échec des pourparlers israélo-palestiniens en avril dernier, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait indiqué qu’il ferait appel à une quinzaine d’agences dépendant de l’ONU. L’une d’entre elles est la 4è Convention de Genève qui traite de la « protection des populations civiles dans des zones de combats ou dans dans des territoires occupés ».
La Convention n’a pas le pouvoir de prendre des décisions coercitives, mais elle pourrait accroître la critique internationale à l’encontre de la politique israélienne concernant les constructions dans les implantations.
Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie soutiennent Israël et font pression sur la Suisse et d’autres pays pour tenter de contrecarrer la conférence. Des responsables américains ont fait savoir à la diplomatie helvétique que Washington boycottera la conférence au cas où elle se tiendrait. Les Canadiens ont envoyé des messages similaires à Berne.
Parallèlement, les Palestiniens, soutenus par un groupe de pays arabes, poursuivent leurs efforts et font pression sur les Suisses pour la tenue de la Convention.
Selon des diplomates occidentaux, la Confédération helvétique est déterminée, en dépit des pressions américaines, à lancer les invitations.
La 4è Convention est un des 4 traités de la Convention de Genève adoptée en 1949 qui traite de la protection des civils dans les conflits armés.
Israël est membre de la Convention, mais la Knesset (Parlement) n’a jamais légiféré en incluant cetraité dans la Loi fondamentale de l’Etat.
Israël affirme que ce traité n’est pas applicable à la Cisjordanie ou à Jérusalem-Est considérant que ces zones sont « disputées et non pas occupées ». Israël estime que les implantations ne constituent pas une violation du traité.
Boycott des produits israéliens par une municipalité anglaise
Le Conseil municipal de la ville britannique de Leicester (160 kilomètres au nord de Londres), contrôlé par l’opposition travailliste, a instauré un boycott des produits israéliens en dépit des affirmations du chef du Labour Ed Miliband qui avait affirmé être opposé à tout boycott.
La ville de Leicester est une des 10 plus grandes villes de l’Angleterre avec une population de 330.000 habitants dont près de 93.000 sont des immigrants de première ou deuxième génération d’origine pakistanaise, et indienne. Près de 61.000 habitants sont musulmans. Lors du dernier recensement en 2012, la communauté juive comptait 295 membres, soit 0,1% de la population.
La motion en faveur du boycott a été adoptée sur proposition du conseiller municipal Mohammed Dawood.
Le préambule de la motion stipule que Leicester est « renommée pour sa tolérance, sa diversité, son unité et son opposition à toute forme de discrimination, ce qui permet le vivre-ensemble de toutes les communautés ».
Dawwod a justifié sa proposition en affirmant qu’il était important que « lorsqu’il y a oppression et injustice, le Conseil municipal de Leicester prenne une position visant à soutenir les communautés subissant de telles discriminations et c’est le cas du peuple palestinien ».
Le Conseil a admis « le droit d’Israël à vivre en paix et en sécurité », mais a poursuivi en condamnant Israël « pour son occupation illégale de la Palestine à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, son appropriation illégale de terres en Cisjordanie et la construction dans les colonies ».
Regrettant que le gouvernement israélien « continue à ignorer et à violer la loi internationale, la Convention de Genève et les résolutions de l’ONU par son occupation de territoires palestiniens », les membres du Conseil municipal se voient « contraints dans le mesure où le cadre de la loi le permet, de boycotter tout produit originaire de colonies illégales en Cisjordanie jusqu’à ce que la loi internationale soit respectée et que les territoires palestiniens soient évacués ».