Salomé Fitoussi / i24NEWS
Symbole de l’innocence enfantine, le cerf-volant est devenu en l’espace de quelques semaines à Gaza l’arme fétiche utilisée par les manifestants aux frontières pour endommager les infrastructures de l’Etat hébreu.
En y accrochant des engins incendiaires, ces bouts de toile flottant dans les airs, parfois affublés aux couleurs du drapeau palestinien et de croix gammées, se transforment en véritables bombes à retardement. S’ils font rarement des blessés, ces cerfs-volants déciment souvent les champs des localités israéliennes voisines.
« Celui qui s’en prend à la terre ne l’aime pas »
Mais au Kibboutz de Sa’ad, les mots d’amour ont remplacé les cocktails Molotov. Cette communauté religieuse, fondée en 1947 et située à moins d’un kilomètre de la frontière nord de Gaza, s’est résolue à apaiser les tensions en organisant jeudi un lancé de ballons et une parade de cerfs-volants sur lesquels sont inscrits des messages de « paix et d’amour », comme l’indique Tamir Idan, chef du Conseil régional de Sdot Negev, à i24NEWS.
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Pourtant, ce kibboutz a lui-même subi de grave dégradations. Alors qu’ils s’apprêtaient à célébrer la fête de Shavouot, celle dite la fête des fruits, des cocktails Molotov ayant atterri dans plusieurs champs ont dévasté nombre de leurs plantations.
« C’est une perte économique énorme, plus de 50.000 shekels », a confié Stav Kessler, un jeune habitant du Kibboutz, à i24NEWS.
Basé sur le principe d’une autonomie quasi-totale, les kibboutz doivent s’auto-financer, et les parcelles de terre de Sa’ad sont la pierre angulaire de leur économie. Les familles qui y résident cultivent essentiellement des carottes, avocats, pomme de terre, des agrumes, possèdent des fermes laitières et élèvent des poulets.
« Celui qui s’en prend à la terre ne l’aime pas », a regretté Stav.
« Vivre, rire, aimer »
Mais aujourd’hui, les fruits traditionnellement consommés en abondance lors de Shavouot, ont été troqués par ces cerfs-volants de la paix. « Vivre, rire, aimer », peut-on lire sur l’un d’eux.
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En réponse à « nos champs consommés par le feu, nous envoyons un message de paix, nous envoyons de l’amour, et nous continuons à vivre », a déclaré M. Idan.
« On réagit à la violence par de l’amour, on part du principe que la violence n’est pas la bonne solution », a quant à elle affirmé Getty Bloom, une résidente du kibboutz âgée d’une vingtaine d’années, à i24NEWS.
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Dans une ambiance hors du temps, étonnamment calme et silencieuse, les bruits des tracteurs environnants ont rapidement été couverts par les rires et les chants des dizaines d’enfants réunis pour l’occasion. Enfin, une centaine de ballons ont été libérés dans les airs sous les applaudissements des parents.
Cet événement a été crée afin de « rester dans cette ambiance formidable qui règne dans notre kibboutz », a confié Hofni, 47 ans, à i24NEWS. « Le plus important est de transmettre à nos enfants des messages de paix et de les éduquer ainsi, avec le respect de l’autre », a-t-il conclu.
Salomé Fitoussi est journaliste et web-rédactrice pour i24NEWS
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