Une Tache de Barbarie à la Surface de la Terre
Par Sami El Soudi, journaliste palestinien
Mena le 5/02/16
Il y a maintenant plusieurs années de cela, le magazine français Télérama, appartenant au groupe Le Monde, se moquait de la Ména parce qu’elle me comptait dans ses rangs et que j’étais un improbable « Palestinien pro-israélien ! ».
Le public a sans doute eu le temps de se demander, depuis, qui d’une terroriste de treize ans poignardant un Juif ou de Sari Nusseibeh, universitaire qui œuvre avec des Israéliens à la recherche d’une solution applicable du différend israélo-palestinien est le plus efficace pour faire avancer notre cause. Et qui, d’Ismaïl Hanya, dirigeant du Hamas, qui prône l’éradication de l’Etat hébreu et qui construit des chars d’assaut en bois, ou de Salam Fayyad, ex-Premier ministre de l’Autorité Palestinienne, qui a tenté de nous doter de structures et d’infrastructures étatiques en évitant la confrontation avec Israël, pose un réel problème politique pour la coalition Netanyahu.
Je suis un Arabe et un Palestinien athée, né dans une famille sunnite. Mon père, qui se rendait à la mosquée plusieurs fois par jour, avait appris à ses enfants à respecter tout le monde, à commencer par les chrétiens et les Juifs, à ne pas avoir de préjugés basés sur l’origine des personnes, à prendre le temps de discerner nos objectifs personnels ainsi que la manière de les atteindre, et à bien réfléchir avant de nous exprimer.
C’est l’héritage précieux qu’il nous a légué. J’ai tourné le dos depuis longtemps à la religion mais je sais qu’il existe des dizaines de millions de mahométans paisibles qui ne demandent qu’à vivre leur vie en laissant les autres poursuivre la leur. Je connais personnellement aussi des dizaines d’agnostiques arabes, et je crois qu’il en existe quelques millions parmi le milliard et demi de musulmans vivant actuellement sur Terre. Ils sont contraints de dissimuler leurs opinions car ils vivent au sein d’une culture dans laquelle il est interdit de ne pas croire.
Depuis l’éclatement de l’Intifada des couteaux, je traverse une déprime intellectuelle profonde. Non pas une dépression psychologique, mais une remise en question de ma motivation ainsi que de mes finalités. Je ne chôme pas pour autant, essayant de me trouver au plus près des milieux de poignardeurs pour comprendre ce qui les pousse à agir, des autorités de l’AP, pour observer leurs réactions, des sympathisants islamistes connus en Cisjordanie, ainsi que des familles des terroristes-assassins, afin de mesurer les intentions des foules lors des enterrements, ce qui m’aide à me figurer la voie vers laquelle se dirige la cause palestinienne. Une cause pour laquelle j’avais décidé de consacrer mon existence, allant jusqu’à suivre Yasser Arafat au Liban, puis dans son exil tunisien, avant de le quitter alors qu’il occupait la Moukata de Ramallah, horrifié par sa pédophilie étalée aux yeux de tous, et par ses agissements qui nous conduisaient droit à l’apocalypse plutôt qu’à la paix.
Cette semaine, alors que j’assistais aux obsèques d’un homme qui avait tué une jeune israélienne, j’ai entendu les participants hurler qu’il était désormais temps d’utiliser des armes automatiques pour éliminer les Juifs.
Je n’ai pas discerné la moindre expression de regret ou d’humanité. La moindre trace d’intelligence ou de désir construit d’édifier l’Etat de Palestine. Je n’ai vu que bave et rage, que besoin de tuer ; en fermant les yeux j’avais l’impression d’être entouré de morts-vivants en train d’avancer, tels qu’on les voit dans les films d’horreur.
J’ai ressenti instinctivement qu’il était temps pour moi de faire un pas de retrait et de réflexion pour envisager la poursuite de mes combats politiques. Je l’écris comme je le pense : non seulement je ne parviens pas à me reconnaître au milieu de ces individus déshumanisés, mais je me surprends à n’avoir plus rien en commun avec eux. Et je me demande si je pourrais vivre dans l’Etat de Palestine en leur compagnie et aussi si j’en ai l’envie, mais j’éprouve en réponse l’inverse d’une certitude.
La question n’est cependant pas à l’ordre du jour, puisque l’écrasante majorité de mon peuple a pris un chemin qui ne mène pas à l’émancipation mais à la destruction et au suicide. Ces gens baignent dans un environnement mental hétéroclite, fait d’une bonne dose d’islamisme, même si je doute que la plupart d’entre eux entende quoi que ce soit à la religion, de nationalisme arabe, du remord de n’être pas en train de combattre en Syrie et en Irak, de délabrement matériel autant que mental, nourri par une vie de promesses infondées et donc inévitablement pas tenues, et d’une poussée de monoculturalisme assorti de son lot de racisme, de xénophobie et d’antisémitisme.
Le pire étant que je suis convaincu – parce que je leur parle autant que faire se peut, ce qui est délicat, car raisonner les irrite rapidement – qu’aucun de ceux que je vois s’agiter autour de la dépouille du terroriste n’est intellectuellement capable d’assimiler le contenu du paragraphe précédent. Ils sont comme une potion médicamenteuse dont on ignorerait les ingrédients mais qui s’intitulerait « Aliénation mortelle ».
Ils ne cherchent nullement à remporter un quelconque combat, mais uniquement à tuer des ennemis et à mourir ensuite pour atteindre le ciel et les vierges qui s’y prélassent en les y attendant. Ils en sont à ce point persuadés qu’ils le crient en chœur à la moindre occasion.
Ils ne sont responsables de rien, ils sont irresponsables, la vie terrestre n’a aucune valeur à leurs yeux, la mépriser, c’est se rapprocher d’Allah, tout est la faute de l’autre, et l’autre le plus proche est l’Israélien. Donc ils se jettent sur les Israéliens pour les tuer.
Leur « détermination », en fait leur délire, impressionne les journalistes et les gouvernements des Etats industrialisés qui ne s’intéressent pas vraiment à la situation que je décris. Cela les pousse à s’auto-flageller et à leur montrer de la compassion au détriment des Israéliens. Au point que l’un des membres de notre rédaction a écrit cette semaine sur Facebook que « si ce sont des terroristes », comme la Ména l’écrit, « ce sont des monstres. Mais si ceux qui commettent ces crimes sont des Palestiniens », comme le rapportent les media occidentaux, « alors les Palestiniens sont des monstres ».
Ce n’est pas tout de l’aveuglement du monde chrétien : la situation que je décris en Cisjordanie est la même que celle qui ravage actuellement la presque-totalité du monde musulman. Or face à une violence inouïe qui les effraye, les Occidentaux ont perdu leurs repères, et, partant, l’énergie nécessaire à se protéger. Au prétexte d’éviter l’islamophobie et l’amalgame, ils ont abandonné leur sens critique et ne discernent plus le phénomène abominable qui se déroule pourtant sous leurs yeux. C’est donc moi, un Arabe, pétri de honte et de repentir, pour sauver l’honneur des quelques-uns, à l’instar de ceux que j’ai déjà cités et d’esprits supérieurs à l’image de l’écrivain Boualem Sansal, qui vais leur proposer un petit récapitulatif.
Actuellement, sur l’ensemble du globe, de manière systématique et au nom de l’Islam :
Seuls des musulmans participent à des guerres.
Seuls des musulmans tranchent les têtes de leurs adversaires.
Seuls des musulmans les brûlent vifs.
Seuls des musulmans les noient.
Seuls des musulmans pendent leurs détracteurs.
Seuls des musulmans procèdent à la pendaison par étouffement.
Seuls des musulmans condamnent des gens à la décapitation par le sabre.
Seuls des musulmans procèdent à la crucifixion.
Seuls des musulmans précipitent des condamnés depuis le toit des immeubles.
Seuls des musulmans condamnent les homosexuels à mort.
Seuls des musulmans ont recours à la lapidation.
Seuls des musulmans réalisent l’ablation punitive de certaines parties du corps.
Seuls des musulmans condamnent des gens à recevoir des centaines de coups de fouet.
Seuls des musulmans pratiquent le terrorisme, tant dans leurs régions que dans les pays étrangers.
Seuls des musulmans assassinent sans discernement des êtres humains, sans les avoir identifiés autrement que par leur supposée identité nationale ou religieuse.
Seuls des musulmans pratiquent des assassinats-suicides
Seuls des musulmans pratiquent des assassinats à la voiture tueuse.
Seuls des musulmans assassinent des journalistes dans leur rédaction.
Seuls des musulmans assassinent des gens attablés dans des restaurants.
Seuls des musulmans assassinent des gens assistant à des spectacles.
Seuls des musulmans assassinent des Juifs, y compris des enfants, dans des écoles.
Seuls des musulmans assassinent des Juifs dans des supermarchés casher.
Seuls des musulmans assassinent des innocents dans des gares et des stations de métro.
Seuls des musulmans assassinent des Juifs dans des musées.
Seuls des musulmans ont assassiné 2 500 innocents n’ayant jamais offensé l’islam (le 11 septembre 2001 aux Etats Unis) en une seule journée.
Seuls des musulmans détruisent des lieux de culte d’autres religions.
Seuls des musulmans détruisent des vestiges historiques appartenant au patrimoine de l’humanité.
Seuls des musulmans invoquent le nom de Dieu lorsqu’ils assassinent.
Seuls des musulmans réduisent des êtres humains à l’esclavage et à l’esclavage sexuel.
Seuls des musulmans œuvrent en faveur d’une doctrine visant à soumettre le monde à leur croyance.
Seuls des musulmans épousent des enfants impubères. [1/3 des mariages célébrés en Turquie le sont avec des mineurs. Source : Fonds des Nations Unies pour la Population. Ndlr.].
Seuls des musulmans condamnent à mort les femmes prétendument infidèles.
Seuls des autorités d’Etats et d’entités étatiques musulmans honorent les terroristes pour les assassinats qu’ils ont commis.
Seuls des musulmans persécutent, chassent et massacrent les minorités qui vivent parmi eux, Yazidi, Kurdes, Coptes, chrétiens, zoroastriens, bahaïs, bouddhistes, etc.
En 1960, le Liban était un pays à majorité chrétienne ; les membres de cette communauté ne représentent plus aujourd’hui que vingt pour cent de la population.
En 1950, les chrétiens constituaient 85 % de la population de Bethlehem, ils sont aujourd’hui 35 %. Le même phénomène se retrouve partout en Cisjordanie, où des communautés entières ont émigré à l’étranger, notamment en Amérique du Sud.
Il reste 350 000 chrétiens en Irak, en 1980, ils étaient un million. Les chrétiens d’Irak sont en voie de disparition.
Seuls des Etats musulmans menacent d’autres Etats d’éradication.
Les seuls Etats à nier l’extermination industrielle des Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale sont musulmans.
Le seul Etat dans lequel selon l’OMS plus de 90 % des femmes sont exclitorisées est musulman (l’Egypte).
Seuls des musulmans pratiquent le viol de masse.
Seuls des musulmans pratiquent le Crime d’honneur.
Seuls des musulmans masquent la totalité du corps des femmes y compris leurs yeux.
Seuls des musulmans punissent les femmes qui montrent leur visage.
Il n’existe qu’un seul Etat musulman réellement démocratique : la Tunisie.
Seuls des musulmans punissent les femmes qui se trouvent en compagnie d’hommes n’appartenant pas à leur famille.
Si j’ai mentionné le moindre crime exclusivement musulman par erreur ou pratiqué le moindre amalgame, je vous invite à le faire savoir à la rédaction et je m’engage à apporter les corrections nécessaires.
Si vous assimilez le fait d’établir la liste des crimes exclusivement pratiqués par des musulmans à de l’islamophobie, c’est que vous entendez museler l’expression de la réalité.
Ceux qui prétendent qu’une religion dont les membres s’adonnent aux genres de crimes figurant sur cette liste et dans les quantités où ils les perpètrent est une « religion de paix », devraient être invités à s’expliquer. En ce qui me concerne, je crois que le monde serait largement plus viable et paisible si cette croyance n’existait pas et qu’elle est un fléau pour les êtres humains et les nations, dont la mienne. Une tache de barbarie à la surface de la Terre.
J’ai honte.