« Papa, maman, soyez fiers. J’ai les mains pleines de sang. Je viens de tuer de mes propres mains 10 Juifs. 10 Juifs, c’est moi qui les ai tués »
C’est mon métier. C’est ce que je réponds lorsqu’on me demande pourquoi j’ai accepté de de voir un film d’images qui peuvent choquer, non éditées, issues de go-pro et de téléphones de terroristes du Hamas, d’images de caméras de surveillance israéliennes et de vidéos tournées par les victimes elles-mêmes. La diffusion a lieu dans une base de l’armée israélienne au centre du pays. A mes côtés, plus d’une centaine de journalistes étrangers envoyés spéciaux et correspondants de la presse étrangère. En face de nous, dans l’auditorium, un grand écran marqué des lettres rouges: « Massacre du 7 octobre ».
Le ton est donné. Et puis, sur scène, le porte-parole de l’armée israélienne a tenu lui-même à expliquer pourquoi il a convié la presse étrangère malgré la sensibilité de telles images. « De longues discussions ont eu lieu avant que nous décidions de vous montrer ces images », explique ‘Amiral Daniel Hagari. « Nous devions montrer ce pourquoi l’armée israélienne se bat. Nous sommes face à un crime contre l’humanité. Hamas, c’est Daesh. Ce n’est pas un slogan. C’est la réalité. C’est une idéologie. Le Hamas savait exactement ce qu’il faisait, et il savait que cela était contraire aux préceptes de l’Islam. Qui kidnappe des bébés, des personnes âgées ? On ne laissera jamais le monde oublier ». Le public présent est prêt à voir ces images, mais une question vient perturber le déroulé de la fin de matinée. « Avez-vous décidé d’éditer ces images en particulier pour nous les montrer aujourd’hui ? » demande une journaliste. La question choque une partie de la salle, comme si elle sous-entendait que ces images étaient volontairement orientées par l’armée israélienne.
Les terroristes du Hamas continuent de tirer sur des corps sans vie tout en criant de joie. Certains chantent
L’Amiral Hagari répond que Tsahal et les renseignements intérieurs ont collecté plusieurs teras (1000 gigas) d’images. Fin de la discussion.
Le film commence par une scène de chaos. « Les éliminations des civils ont lieu de façon méthodique. Une voiture en approche est criblée de balles. Des dizaines d’impacts. Les passagers du véhicule qui baignent déjà dans leur sang ne bougent déjà plus. Face à eux, les terroristes du Hamas continuent de tirer sur des corps sans vie tout en criant de joie. Certains chantent. Les civils israéliens tombent les uns après les autres. Des corps sont extirpés de leur voiture. Jetés sur le bas-côté. A chaque fois, le même rituel. Les terroristes filment les corps, les insultent aux cris d’Allah Akbar, « Dieu est grand ». Des corps sont même souillés. Et puis, on retrouve deux hommes des Nuhba, les unités d’élite du Hamas dans un kibboutz. Ils sont même étonnés de marcher tranquillement. Ils passent devant un jardin d’enfants. Mettent le feu à une maison.
« Papa est mort, papa est mort ! » dit le plus grand des deux frères avant de demander au terroriste à voir sa mère
Dégainent plusieurs balles contre un civil, le cri de gémissement de ce dernier est insupportable. Autre kibboutz. Un père court avec ses deux enfants encore en sous-vêtements, au saut du lit. Le bruit des balles et les alertes à la roquette s’intensifient. D’un geste froid, sans aucune humanité, deux terroristes jettent une grenade dans l’abri où s’étaient réfugiés le père et ses deux enfants. Le père s’écroule. Mort devant en protégeant ses enfants. Lesquels hurlent de douleur et de peine, d’avoir vu leur père, étendu, sans vie. L’un des terroristes qui les emmène dans la maison ouvre le réfrigérateur de manière bestiale et boit du soda. L’un des enfants pleure. « Papa est mort, papa est mort ! » dit le plus grand des deux frères avant de demander au terroriste à voir sa mère. Le plus jeune ne voit plus d’un œil, il a pris un éclat de grenades…
Des scènes d’horreur et de massacre qui s’enchaînent les unes après les autres. Des photos de bébés au crane éclaté, des mares de sang dans le salon, des corps encore fumants, qui viennent d’être brûlés. Dans les kibboutz, les principales artères du pourtour de Gaza, dans la forêt de Re’im où, avec minutie, les terroristes pourchassent les « ravers » du festival de musique et les abattent. Les cris de souffrance sont difficilement supportables. Et puis, cet instant d’extrême inhumanité. Un terroriste se sert du téléphone de sa victime, encore agonisante pour appeler ses parents à Gaza et leur dire avec un ton effroyable de joie – « Papa, maman, soyez fiers. J’ai les mains pleines de sang. Je viens de tuer de mes propres mains 10 Juifs. 10 Juifs, c’est moi qui les ai tués, Je vous demande de me bénir. Je suis un héros. Papa, maman, allez voir mon WhatsApp, je vous ai tout envoyé. Je suis un héros. Soyez fiers ». Une fierté « sanguinaire ». Tous ces civils ont bien été massacrés, non pas parce qu’ils étaient Israéliens, mais simplement parce qu’ils étaient Juifs. Finalement, le plus dur a été pour moi de comprendre ce que j’avais vu quelques jours plus tôt sur le terrain. Comment ces corps sans vie avaient été liquidés. Pourquoi ces voitures avaient été criblées de balles. Pourquoi ces abris anti-missiles étaient si imprégnés d’une odeur de sang séché et de mort.
Après tout cela, pourquoi ne pas comprendre que le Hamas DOIT être éliminé afin que plus jamais de telles choses se reproduisent.
Mon vieux professeur de français disait déjà: « On ne peut faire boire un âne qui n’a pas soif » Et si on n’a pas soif de vérité, de lumière, on ne boit pas d’eau vive et on boit alors aux eaux saumâtres du désastre et de la mort.