Jeune Egyptien de 22 ans, Shérif Gaber est une figure très controversée sur les médias sociaux: c’est un partisan d’Israël, et il le dit ouvertement.
“Cette vidéo me fera perdre des amis, mais honnêtement, c’est un message d’amour et non de haine,” affirme Gaber sur son profile facebook après que son film, présentant ses opinions libérales concernant Israel, a été largement diffusé sur les réseaux sociaux. “Si vous êtes gêné quand je vous demande d’arrêter de haïr Israël, c’est votre problème.”
Gaber a accepté de répondre aux questions de Ynet cette semaine sans préciser où il se trouvait en Egypte par crainte des autorités qui ne voient pas ses positions d’un bon oeil.
Il raconte son histoire, celle d’un pieux musulman qui apprenait les versets du Coran consciencieusement,puis il y a eu un changement.
“J’ai étudié l’histoire de la religion et la loi musulmane, mais depuis 2011, tout a changé. Explique Gaber. J’ai vu une vidéo où on jetait des pierres sur une jeune fille. A partir de ce moment, petit à petit, j’ai commencé à me poser des questions sur l’Islam.”
Plus Gaber s’éloignait de l’Islam, plus il comprenait Israël, raconte-t-il.
“Je suis rentré sur le site de l’armée israélienne, et j’ai vu la page du porte-parole arabophone Avichay Adraee, qui souhaitait de bonnes fêtes aux musulmans lors d’une célébration, mais il se heurtait à des milliers d’injures venant de leur part. explique Gaber. “Vous comprenez? Cet homme leur souhaitent de bonnes fêtes et eux l’injurent.”
J’avais l’impression qu’ils étaient malades, que quelque chose n’allait pas chez eux”, poursuit-il. “Les Israéliens essayaient de les raisonner, et de comprendre leur colère, mais les Musulmans continuaient de les insulter.”
Gaber sentait que quelque chose n’allait pas chez les musulmans.
“Je comprenais que le problème était dans l’éducation des Musulmans, qui avaient inculqué de mauvaises pensées à leurs enfants au sujet d’Israël, dit Gaber. “Quand j’ai commencé à discuter avec des Israéliens, je les trouvais mieux que ma famille. Je m’en veux d’avoir haï Israël sans motif:”
Vous êtes bons même avec ceux qui souhaitent votre mort
Gaber est né en Arabie saoudite à l’époque où son père y vivait avec toute sa famille. Aujourd’hui, c’est un citoyen égyptien, sans aucune appartenance religieuse. Il se dit athée, et rejette l’Islam.
Depuis la révolte de 2011 qui a renversé le gouvernement de Hosni Moubarak, les athées en Egypte se font entendre davantage, mais demeurent en marge de la société.
Gaber a été arrêté pour avoir soutenu l’athéisme dans les réseaux sociaux, en 2013, quelques mois après avoir débattu en classe sur la question de l’homosexualité avec un professeur d’université. Selon lui, le professeur a trouvé suffisamment de preuves contre lui sur les réseaux, pour se plaindre aux autorités.
Il a été condamné à quarante jours de prison et plus de 100 euros d’amende. A sa sortie, il a commencé à diffuser ses vidéos, comprenant que son message était efficace.
“Les menaces contre moi pesaient de plus en plus bien sûr”, dit Gaber. Ils ont menacé de me tuer et de me dénoncer aux autorités mais j’ai décidé de continuer de dire tout ce que je pense, parce que ce dont les arabes ont besoin c’est un changement d’idées et de mentalité. Ils passent leur vie entière à écouter les belles paroles de politiciens qui leur mentent et ils ont besoin de mots vrais qui les frappent pour qu’ils se réveillent.”
Gaber a été interpellé une seconde fois par la justice en février. Mais il ne craint plus rien.
“Mon corps va mourir, mais les idées restent à jamais, dit-il. “C’est important qu’elles survivent, même si c’est seulement dans une vidéo. C’est plus important que d’être libre ou en prison.”
Gaber ne reste jamais au même endroit, et ne contacte sa famille que de temps en temps, mais les Israéliens le soutiennent d’une certaine façon.
“Tous les commentaires de ma vidéo sur Facebook étaient des menaces, sauf ceux des Israéliens”, explique Gaber. ” j’étais sans voix en les lisant”.
En réponse à leur soutien, Gaber les encourage. “Soyez fiers” dit-il aux Israéliens. “Vos voisins vous considèrent comme Satan, et malgré tout vous vous retenez et restez bons envers ceux qui ne souhaitent que votre mort.”
Cet article est publié avec l’aimable autorisation de Ynet