Au lendemain de demandes de « clarification » par la Maison Blanche sur les intentions russes en Syrie, lors du sommet Obama-Poutine à New York, le Président Vladimir Poutine a sérieusement aggravé les tensions militaires autour de la Syrie, mercredi 30 septembre. Un responsable américain de haut rang a signifié que des diplomates russes ont envoyé un démarche officielle exigeant que les avions américains quittent la Syrie, ajoutant que les avions russes occupaient désormais l’espace aérien survolant l’ensemble du territoire. Des sources militaires américaines ont déclaré à Fox News que les avions américains n’avaient aucune intention d’exécuter les ordres des Russes. « Il n’y a rien qui indique que nous allons changer le sens de nos opérations en Syrie », a déclaré un responsable de la défense. Un peu plus tôt, Poutine est allé chercher auprès de la Haute-Chambre de Russie, le Conseil Fédéral, l’autorisation de la force militaire à l’étranger. Il n’a spécifié aucun pays particulier ni de région, mais la seule partie du monde où la Russie regroupe actuellement ses forces terrestres, aériennes et navales hors du pays se situe en Syrie.
Peu de temps après cette requête, le Conseil de la Fédération a annoncé qu’il avait donné à l’unanimité l’autorisation de l’emploi de la force militaire russe en Syrie. C’est le même genre d’autorisation que Poutine est allé requérir au début 2014 avant de décider d’annexer la Péninsule de Crimée en l’arrachant à l’Ukraine. Son action contredit actuellement ses allégations à CBS, le 28 septembre : « La Russie ne participera pas à des opérations de troupes sur le territoire de la Syrie ni dans aucun autre Etat. Du moins, nous projetons pas de le faire pour le moment ».
Les sources militaires de Debkafile révèlent que les préparatifs russes en vue d’une action militaire en Syrie, de toute évidence, ne se limiteront pas à ce pays. Elles sont dirigées et planifiées par le commandement avancé d’une coordination conjointe, depuis une salle des opérations instaurée il y a à peine quelques jours, par la Russie, l’Iran, l’Irak et la Syrie à Bagdad. Il se conçoit comme le contrepoids au Commandement Central avancé américano-jordanien établi au nord d’Amman pour les opérations conjointes américano-saoudo-qataro-jordaniennes et des Emirats Arabes Unis, en soutien aux opérations rebelles syriennes contre le régime Assad.
Deux puissantes salles de commandement rivales sont, par conséquent, positionnées aux extrémités du théâtre de guerre syrien – l’un représentant une alliance menée par les Etats-Unis organisant les opérations contre Assad et l’autre, dirigée par la Russie qui relève le défi de combattre pour le compte d’Assad.
Ce qui est flagrant, dans cette situation syrienne qui évolue à la vitesse de lumière, c’est l’avancée détaillée de la planification des renforts militaires russes et de ses partenaires et la perception au ralenti de ce qui est en train de se passer, de la part des Etats-Unis et d’Israël.
Mardi, le Secrétaire à la Défense Ashton Carter a ordonné à son équipe d’établir un canal de communication avec le Kremlin afin d’assurer la sécurité des opérations militaires américaines et russes et « déviter des chocs conflictuels indésirables dans l’espace aérien » entre les deux armées. Le Ministère russe de la défense a rétorqué par des stipulations provocatrices, affichant que la coordination avec les Etats-Unis devait absolument passer par Bagdad, une tentative de contraindre Washington à accepter que ces deux salles de commandement opérationnel communiqueraient désormais dans les mêmes termes.
Le Ministre de la Défense d’Israël, Moshe Ya’alon a démenti mardi soir qu’Israël menait la moindre coordination de ses opérations avec l’armée russe, insistant sur le fait qu’Israël se réserve la liberté de mouvement pour Tsahal au-dessus de la Syrie et qu’il continuerait à empêcher les livraisons d’armes d’aboutir entre les mains des organisations terroristes telles que le Hezbollah.
Pendant ce temps, six avions de combat russes SU-34 atterrissaient à à l’aéroport international Al-Assad de Latakieh, après avoir volé vers leur destination à travers l’espace aérien irakien.
On, est en droit de supposer que le déploiement militaire russe va atteindre des proportions bien plus vastes qu’on ne l’a imaginé, en repoussant bien loin tous les efforts américains ou israéliens de « coordination » [qui ne concerne que ses alliés eurasianistes, au premier chef l’Iran comme fer de lance russo-chinois anti-occidental].
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DEBKAfile Reportage Spécial 30 Septembre 2015, 12:30 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski.
L’organe de presse All4Syria favorable aux rebelles a rapporté ce matin que les avions russes ont mené des raids très tôt ce mercredi sur le villafe de Zafarana, au nord d’Homs, autant que contre la ville de Lataminah, au nord-ouest d’Hama, dont aucune n’est un bastion de Daesh.
Un nombre d’autres sites internet militants ont aussi diffusé des récits sur ces frappes, qui ont pris pour cible un certain nombre d’autres villes tenues par les rebelles anti-Assad, au nord d’Homs.
Un Commandant du mouvement de libération d’Homs – une organisation rebelle formée en 2014, qui avaient des liens précédemment avec l’armée libre syrienne – a déclaré à des reporters que « c’est la première fois que la région assiste à des frappes de ce genre ». Les explosions massives provoquées par ces bombardements sont sans précédent.
Il a expliqué que ces nouveaux avions russes ont mené leurs bombardements dirigés contre Zafarana, à partir « d’une très haute altitude », sans plonger sur leurs cibles, comme c’est généralement la pratique suivie par les frappes de l’armée syrienne dans le passé, ajoutant que des « bombes très sophistiquées » ont été déployées lors de ces attaques de mercredi.
Au Nord d’Hama, le commandant du Rassemblement d’Al-Izza a déclaré à All4Syria que des avions avancés ont frappé les quartiers-généraux de l’Armée Libre Syrienne à Lataminah.
Le Major (déserteur de l’armée d’Assad) Jamil Saleh a déclaré à All4Syria que ces avions russes volaient à très haute altitude – identiques aux attaques sur le nord d’Homs -, en ajoutant qu’il n’y avait pas de pertes civiles à Lataminah, puisque la ville a été vidée de l’essentiel de ses habitants.