Leçon à tirer
Le contact prolongé avec des puissances démoniaques peut avoir pour effet de souiller, d’attirer l’homme de D.ieu sur un terrain dangereux, difficile. Ne méprisons pas la ruse, l’intelligence et la force du monde démoniaque. Ce sont des réalités. Il y a aussi peut-être le risque de vouloir, même inconsciemment, se confronter avec elles pour exercer son autorité. Que nous le fassions au nom de Jésus-Christ ne change rien à l’affaire.
Il est assez remarquable de constater qu’après cette mémorable séance de délivrance, Satan me déclara la guerre de manière impitoyable et rusée, à travers une tactique de calomnies et un commando de calomniatrices (et d’un calomniateur particulièrement pervers, au point de convaincre en diffusant notamment de formidables mensonges). Cette « équipe » se leva en divers points de l’Europe pour finalement, quoique inconnus les uns des autres au départ, coordonner d’une façon stupéfiante leurs activités. Manifestement, des puissances démoniaques furent à l’œuvre durant des années derrière ces personnes qui se liguèrent pour tenter de me détruire en amenant le doute sur mon honneur, ma réputation.
À partir de ce moment, je fus remis peu à peu en question par le Saint-Esprit quant à cet épisode de mon apprentissage en matière de délivrance. Je ne comprenais pas où j’avais commis une erreur, puisqu’en fait nous avions obtenu un merveilleux résultat, et qu’en conclusion de tout ce que nous avions fait, j’avais conduit cet homme devant le trône de D.ieu pour une grande guérison.
Où était l’erreur ? En fait, D.ieu avait sans aucun doute voulu cette délivrance tout en permettant l’erreur, car il désirait m’apprendre quelque chose.
Laissez-moi à présent vous raconter une deuxième expérience survenue des années après la première (entre les deux je pratiquai beaucoup de relation d’aide avec délivrance selon la première méthode décrite plus haut)..
Bangui, Centrafrique. Mon frère Clément Guérékozoungbo, apôtre et remarquable homme de D.ieu, m’accompagne pour une soirée d’évangélisation en plein air. Des bancs, un sol en terre battue, des centaines de pieds qui battent la mesure. Avant de venir, j’ai prié et le Seigneur m’a donné une parole de connaissance concernant une femme qui sera présente ce soir-là. Cette femme est liée par des puissances démoniaques. Je relâche cette parole de connaissance et immédiatement la femme assise au fond de l’assemblée se dresse et se met à marcher à quatre pattes sur la tête des chrétiens assis. Elle vient vers moi et les démons qui s’expriment à travers son gosier en veulent à ma personne. Elle vient s’abattre devant l’estrade et le Seigneur me commande silence et calme. J’obtempère, ne bouge pas de mon emplacement, laissant venir et plein de la tranquille assurance que je vais découvrir quelque chose…
Quelques serviteurs africains se précipitent alors sur cette pauvre victime de Satan en commençant à tenter de chasser les démons.
C’est alors que D.ieu me dit d’agir. Je les arrête et descends calmement de l’estrade. Je viens me planter devant le corps agité de la femme qui est au sol et dans une totale obéissance au Saint-Esprit je lève simplement le bras droit à l’horizontale, index pointé et je regarde avec autorité mais recul intérieur la femme, comme intérieurement sur une frontière. Je perçois l’autorité calme et complète donnée par D.ieu. La femme s’apaise, les démons l’ont quittée sans aucune rébellion ni discussion. Pas un mot, pas un cri et certainement pas de dialogue prolongé avec les démons.
Certes l’importante victoire remportée contre les puissances des ténèbres en arrachant ce sataniste à ses démons explique en grande partie la raison pour laquelle le monde démoniaque me prit particulièrement en grippe en me promettant la mort et en déployant (via des chrétiens apostats) une terrible et durable (plus de dix années) stratégie visant à me détruire.
Mais il y a plus à comprendre. Vous avez peut-être saisi comme moi la leçon que D.ieu chercha à m’enseigner durant les années qui séparèrent ces deux expériences : pas de contact prolongé et inutile avec des puissances des ténèbres. Pas de travail forcé dans ce domaine, ni de délivrance à tout prix, ni de « professionnalisme », mais une action menée dans un esprit de disponibilité au Saint-Esprit. C’est pourquoi je ne crois pas profondément à ce qu’on appelle des ministères de délivrance, bien qu’ils existent et qu’ils obtiennent des résultats.
Je ne crois pas en des ministères de délivrance, car de tels ministères n’ont pas de fondement biblique. Éphésiens 4 nous parle de cinq ministères, et il n’y a pas trace de ministère de délivrance dans cette nomenclature.
Je me suis toujours questionné sur ces étranges cloisonnements, cette espèce de professionnalisation de certains secteurs de l’activité ministérielle en dehors de toute justification biblique. J’y vois plus un élément de la vaste crise identitaire et donc du fonctionnement bancal que vit l’Église sans même en prendre conscience, la plupart du temps.
En bref, lorsque le Saint-Esprit me commande de chasser des démons directement, Il sait pourquoi Il me demande de le faire, et je m’exécute. Mais ce n’est finalement pas aussi fréquent que cela. La majeure partie de mon travail dans ce domaine relève plutôt de la première méthode décrite plus haut, et je dois signaler qu’utilisant cette méthode, à mon sens – et pardon si je me répète – éminemment pastorale, il m’est arrivé de voir des puissances des ténèbres chercher à se manifester au départ d’un entretien. Je les ai alors toujours fermement liées en leur interdisant toute manifestation, en leur interdisant au nom de Jésus-Christ de faire souffrir physiquement ou psychiquement qui que se soit, et en leur déclarant ne rien vouloir entendre d’elles. Elles se sont toujours soumises, car le monde démoniaque est avant tout un monde spirituel, et, comme tout monde spirituel, il est régi par des lois, des règles, des limites infranchissables une fois posées.
Pour un enfant de D.ieu, refuser d’être souillé par le contact avec les puissances des ténèbres est une règle importante. Utiliser le nom de Jésus-Christ pour manifester de l’autorité devient alors légitime et efficace. Chaque fois que j’ai appliqué, lorsque cela était nécessaire, ces règles d’autorité pour lier les puissances qui cherchaient à se manifester, j’ai pu alors paisiblement et efficacement commencer un travail de cure d’âme qui a toujours conduit les personnes à travers la repentance à être déliées de ces influences démoniaques.
Sans repentance, pas de délivrance, dit-on parfois. C’est exact et je me fais toujours souci pour des gens desquels on chasse des démons sans s’être enquis, auparavant, de savoir s’il étaient entrés dans un processus de repentance et de nettoyage. C’est pourquoi, j’insiste, j’insiste, je privilégie sauf ordre divin la méthode numéro 1 décrite plus haut. N’oublions pas le passage de l’Écriture qui dit :
« Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée. Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première…/… » (Mathieu 12 v.43 à 45).
Sachez que des démons lassés de vos cris ou de vos demandes répétées de départ finiront par s’en aller mais si le temple n’est pas purifié, ils reviendront plus nombreux. Et alors ?
Un témoignage qui appuie ceci :
Invité comme orateur à l’occasion d’un grand rassemblement de serviteurs de D.ieu en France, je fus invité à prêcher en fin de session. Je prêchai un message crucial sur les relations pères et enfants. Sujet sensible et de bien des tensions. A la fin de la soirée l’onction était forte et des pleurs et des cris se firent entendre. Il y avait du monde au pied de l’estrade pour la prière. Une jeune fille était en proie à des démons et un quatuor de jeunes ministères « s’acharnait » à chasser des démons qui refusaient de déménager.
Saisi par l’Esprit j’interrompis cette pénible séance, liai les démons et interrogeai la jeune fille ainsi : « Je sais par l’Esprit de D.ieu que tu as de la haine pour ton père. Quelle qu’en soit la raison il te faut renoncer à cette haine d’abord et avant tout ». Dans le long silence qui suivit une terrible lutte s’engagea dans le cœur et la volonté de la jeune fille. Je dus insister en lui répétant que nous ne prierions pas en l’absence d’un pardon libérateur de sa part. Elle finit par obtempérer et une délivrance profonde survint sans discussion possible de la part des puissances démoniaques lorsque je la déliai. Le monde spirituel est fait de lois précises, rigoureuses, établies par D.ieu et les démons le savent. Ils s’en vont sans broncher lorsque ces lois sont respectées à leur désavantage. Combien de ces puissances ai-je vu se retirer en esprit après des séances de « nettoyage » sérieux et scrupuleux. La repentance est le préalable absolu à toute authentique et durable délivrance.
Apprenons aussi à discerner les vrais besoins des âmes qui nous font face.
Je me souviendrai toujours d’un certain après-midi en Afrique. C’était la fin d’un long temps de séminaire et toute une équipe de ministères finissait son séjour réunie dans un temps de semi-repos bien mérité. Nous formâmes des équipes de deux car des chrétiens souhaitaient encore avant notre départ l’un, un entretien, l’autre, la prière, etc.…
Je me retrouvai à prier en compagnie d’un ministère aîné. Le jeune homme qui nous avait rejoints avec des besoins exprimés confusément se retrouva vite à nos pieds, en proie selon l’apparence, à des démons. Mon aîné dans la foi se mit à prier avec autorité et à intimer l’ordre à toutes sortes de démons de sortir. J’eus un malaise et la conviction me vint qu’il n’y avait là aucun démon mais l’œuvre d’un manipulateur qui cherchait simplement à ce que l’on s’occupe de lui. Il faut dire que le ministère qui m’accompagnait dans ce temps de prière jouissait d’une réputation et d’un charisme personnel fort.
L’Esprit de D.ieu me convainquit que ce jeune homme au sol non seulement n’était habité d’aucun démon mais cherchait désespérément les bras d’un père. La suite vous la devinez. Je fis part de mon discernement et le ministère aîné n’arrivant à aucun résultat par sa méthode inappropriée me pria, un rien agacé, de rentrer en action.
Je « calmai le jeu » avec le jeune qui se trémoussait au sol et lui fit part de mon analyse. Il confirma quelque peu confus et je priai pour lui une profonde prière de bénédiction paternelle.