L’apôtre est donc un poseur de fondements.
Je suis convaincu que, durant le Millénium qui vient, nous aurons encore d’autres fondements amenés par d’autres apôtres et prophètes, c’est l’évidence. Un autre contexte, une autre nécessité de fondement.
Ceci me permet d’embrayer sur une remarque : il a été dit dans certains milieux chrétiens que les douze premiers apôtres seraient les douze et uniques apôtres de l’Histoire de l’Église ayant posé les fondements uniques et définitifs. Je ne le pense pour ma part pas du tout. Les tenants de cette doctrine se reposent notamment sur le fait que l’on trouve douze apôtres siégeant aux douze portes de la Jérusalem céleste pour y juger les douze tribus d’Israël. Mais il s’agit d’Israël et non pas de l’Église, constituée de Juifs et de Gentils établis sur le fondement de la Kehila universelle de Yeshoua Hamashiah, Jésus le Christ.
Les douze tribus d’Israël ne furent pas seulement les douze tribus issues des douze fils de Jacob. Symboliquement, chacune d’entre elles était une représentation d’une des qualités fondamentales du Messie. Ces douze tribus associées avaient donc une identité et une destinée tout à fait particulières à honorer et à vivre. Leurs destinées furent largement tragiques. La plus grande partie de ces tribus, leurs descendants, sont encore noyés parmi les nations aujourd’hui. Elles auront à subir un jugement particulier. Ce sont les douze apôtres fondamentaux qui y procéderont. Ceci devrait aussi « clouer le bec » rétrospectivement à des générations de « chrétiens » qui ont porté sur le peuple d’Israël de terribles jugements hors temps et hors compétences, dont l’horrible accusation de peuple dit « déicide » n’est peut-être pas la moindre.
L’obscurantisme et l’ignorance dans l’Église ont conduit une certaine Église dans bien des égarements. Qui sont ces hommes et ces femmes pour juger un peuple de manière aussi péremptoire, alors que D.ieu a lui-même préparé douze juges qui siégeront en juste connaissance de cause et de manière infaillible, puisque c’est D.ieu qui les a établis ? Quel égarement, quelle arrogance à mon sens fatale.
Les douze premiers apôtres furent-ils donc les derniers ? Nullement. Ces hommes posèrent des fondements nécessités par leur temps.
Les apôtres de ce temps, de notre temps, ont à amener ou ramener d’autres fondements prioritaires. Par exemple eu égard aux besoins des hommes de ce temps, il me paraît plus qu’urgent d’investir tous les domaines de la vie sociale largement paganisés aujourd’hui dans le retour à une société d’inspiration gréco-romaine. Le couple, la famille, les relations fraternelles, la définition d’une église locale (le lieu religieux ou le corps vivant ?), les ministères, la paternité biblique – je parle de l’identité paternelle et spirituelle de l’homme – souffrent d’un urgent besoin de retour et d’une restauration de la pensée juive en opposition avec la pensée grecque. Qui d’autre que des apôtres juifs messianiques pourront le mieux faire cela ?
En 1967, le temps des nations a fini avec la prise de Jérusalem par les armées israéliennes. Nous sommes aujourd’hui en 2004 à un jet de pierre du retour du Seigneur, à Jérusalem, en Israël. En conséquences, nous sommes dans un temps de chambardement bien plus profond que nous ne le croyons, dans tous les domaines de ce que nous nommons notre vie chrétienne, y compris notre vie de l’Esprit (mais peut-être pas comme beaucoup se l’imaginent en ce qui concerne la vie de l’Esprit).
Une bonne partie des expériences charismatiques d’aujourd’hui ne sont en fait que les fruits d’un navire en voie de désagrégation, celui de l’Église de la pensée grecque, de la pensée qui place l’homme au centre, tout en clamant servir D.ieu. La pensée grecque de l’Église qui recherche la puissance de D.ieu et non le D.ieu de la puissance.
Les apôtres d’aujourd’hui sont aussi bien entendu des hommes qui laissent derrière eux des assemblées où ils établissent pour les diriger, non pas des pasteurs, mais des anciens, de vrais anciens, ceux de la Bible, et non pas ces hommes très improbables que l’on rencontre aujourd’hui sous l’appellation d’anciens dans les églises.
Les apôtres authentiques de ce temps comme ceux du temps de Paul et de Pierre sont des hommes qui laisseront derrière eux des communautés dont les fondements, à y regarder de plus près, seront infiniment plus inspirés que structurels.
Disons-le tout net, en réalité, la plupart des églises aujourd’hui existent plus par leurs structures (quand elles en ont encore) que par un assemblage de pierres vivantes, même dans les milieux dits les plus réveillés, il suffit d’observer.
Une autre qualité majeure d’un apôtre : Il est un organisateur et planificateur inspiré pour une région donnée. On reconnaît un véritable apôtre en ce qu’il peut sur un terrain donné organiser les fondements du corps (désignation d’anciens par exemple) dans un strict respect de ce qu’il rencontre. Je suis vraiment confirmé dans l’actuelle activité apostolique que me fait mener le Seigneur en Suisse et en France. Elle concerne tout un peuple de laissés pour compte dans l’effondrement de structures pyramidales un peu partout. A aucun moment un rapt de chrétien n’a été effectué dans une assemblée vivante. Nous avons d’ailleurs et cela est connu et accepté des responsables d’églises, des collaborations occasionnelles avec des chrétiens membres d’assemblées et qui le demeurent tout en étant en relation avec nos œuvres… C’est un vrai slalom auquel le Seigneur m’invite depuis des mois et un slalom inspiré et dirigé, car il n’y a pas d’ambition contraire à l’esprit de « l’ombre du rocher » dans notre démarche.
Œuvrer sur le terrain à l’implantation d’un corps vivant appelé église en plusieurs lieux dans la même année requiert aussi des qualités de discernement, de persévérance et de courage qui révèle un planificateur inspiré qui n’a pas le droit à l’erreur. L’évidente atmosphère de concertation que cela implique avec les collaborateurs (anciens, évêques, diacres, autres ministères) est évidente et soumise au fait que ceux–ci sont authentiquement appelés par le Seigneur eux aussi. Le vrai ministère apostolique attirera à lui de précieux ministères collaborateurs. Ils les discernera même, les reconnaîtra et aidera à leur croissance avec amour. Ceci nous amène à signaler ce qui pour moi est peut-être la qualité apostolique majeure. Celle d’un homme au cœur de père. Ne négligeons pas la chose, l’apôtre est aussi un garant en matière de doctrine mais il doit pouvoir se soumettre à l’avis d’autres apôtres et d’anciens particuliers. Voyez l’Écriture dans le fameux passage des règles alimentaires à imposer ou non aux païens dans le Livre des Actes (Actes 15). L’apôtre est aussi un garant en matière de discipline dans le corps. Paul dut intervenir plusieurs fois pour que cessent des désordres. Pierre eut à exercer une discipline à la mort pour Ananias et Saphira.
En bref quelques qualités du ministère apostolique :
Il est patient, humble, homme au cœur paternel éprouvé. Il plante des églises corps de Christ et non des institutions. Il établit des anciens, une structure biblique. Il établit les fondements éternels mais aussi des fondements appropriés à l’époque. C’est un stratège inspiré. Homme endurant, il est capable de tout supporter même le pire pour ensuite réceptionner par l’Esprit et apporter une solution spirituelle en toutes choses. Son autorité n’est jamais charnelle (c’est quand je suis faible que je suis fort), il supporte donc tout.
Une suggestion me fut faite par mon ami Michael Queen, apôtre américain qui plante inlassablement des communautés jusqu’en Russie profonde. Selon Mike, l’apôtre authentique a vu le Seigneur. Si on lit scrupuleusement l’Écriture on peut constater que c’est un fait. Même Paul eut cette expérience sur la route de Damas et par la suite. Personnellement j’ai vu le Seigneur dans ma chambre, voici plusieurs années alors que le démarrage de mon ministère apostolique venait de m’être clairement prophétisé. Cette rencontre et cet échange intime avec le Seigneur fut un tournant pour moi. Il se clôtura par quelque chose qui scella cette rencontre de façon tout à fait particulière et marqua comme le signal d’un nouvel envoi en mission. En effet au terme de cette rencontre qui se déroula en esprit ailleurs que sur terre le Seigneur poussa en mon cœur un diamant, signe d’une révélation intraduisible en langage humain et marque d’une mission particulière. C’est avec beaucoup d’hésitation et de pudeur mêlée de respect que je communique ici cette expérience très intime mais le cadre l’impose.
Je ne sais ce qu’il en est pour d’autres ministères apostoliques mais je pense que cela mérite peut-être d’être retenu comme critère signalant un authentique ministère apostolique. La rencontre privée avec le rocher achève-t-elle de vous faire comprendre ce qu’est l’ombre ? Oui, sans doute et pour moi cette rencontre vint au terme d’un temps de terrible broyage de ma volonté humaine, naturelle. Côtoyer « le Rocher » est quelque chose qui se prépare quelquefois durant des années de transformation intérieure absolument imprévisible et ingérable pour l’homme naturel. En ce qui me concerne l’épreuve en fut le moyen essentiel.
Vous avez dit « pères spirituels » ?
En ouvrant ce chapitre sur le ministère apostolique, je ne souhaitais pas nécessairement amalgamer ces deux thèmes, mais l’Esprit m’y conduit. Car ils possèdent entre eux des points de contact et, au-delà, des passerelles, des complémentarités. Tout père spirituel n’est pas un apôtre, mais il est évident qu’il faut affirmer que tout apôtre est nécessairement une personne qui doit avoir l’allure, les qualités profondes, l’onction et l’action d’un père spirituel.
Attachons-nous donc tout d’abord quelque peu à cette notion de père spirituel à travers l’évolution d’un personnage connu.
Il s’agit d’Abram, qui deviendra Abraham.
Abram signifie « père élevé » et Abraham « père d’une multitude » Abraham, de son vivant, a donc vécu une forme de mutation spirituelle qui s’articule entièrement autour de la notion de paternité. Ceci est capital ! Cela fut-il pour Abram le temps de transformation, de mutation pour vivre à côté du Rocher, pour devenir peu à peu « ombre » ?. Je le crois. Abram devait être et était, c’est une évidence, doué d’un caractère noble. Il en fallait pour répondre comme il le fit à l’appel de D.ieu avec tant de grandeur et de simple disponibilité lorsque D .ieu l’invita au grand départ : « L’Éternel dit à Abram : va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit, comme l’Éternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Charan. » (Genèse 12, v.1 à 4).
Le caractère noble d’Abram est encore souligné par l’épisode de Genèse 15 v.6 : « Abram eut confiance en l’Éternel qui le lui imputa à justice ». Quel homme rare cet Abram, il est de la race des Noé et autres grands patriarches. Ce fils d’un homme serviteur des dieux d’Ur en Chaldée, le voici sensible et respectueux à l’écoute du D.ieu vivant et capable d’entendre de Lui un ordre de départ vers un ailleurs indéfini (Genèse 12 v.1). Certes Abram est un homme noble, sensible au D.ieu vivant et décidé à lui obéir avec foi en engageant à sa suite toute une petite tribu. Abram est vraiment un « père élevé ».
Ce n’est pourtant pas à cela que D.ieu le destine…
Notez déjà ici le parallèle avec Moïse, noble prince d’Égypte, avec Paul, pharisien cultivé et zélé pour « son » D.ieu, avec un Pierre, homme peu instruit mais d’un caractère généreux et d’une certaine noblesse de par cette générosité. Des pères élevés ! Il y en a bien d’autres dans la Bible.
Revenons à Abram avant qu’il ne devienne Abraham. Il y avait un danger à rester simplement Abram, père noble, élevé. C’est le même danger qui est encore plus visible dans les nobles personnalités que sont Moïse, Joseph, Paul, Pierre et tant d’autres… avant d’être brisés. Un caractère noble se suffit à lui-même et est perçu par celui qui en dispose comme une finalité, un régime de comportement à protéger, défendre, imposer même. La démarche est compréhensible mais que peut faire D.ieu avec quelqu’un de si bien doué ? Le plus souvent rien ! De manière tout à fait intéressante on trouve peu de nobles (authentiques, c’est- à-dire de caractère et comportement) parmi le peuple de D.ieu. Paul le faisait déjà remarquer.
Quel était le projet essentiel de D.ieu pour Abram. Peu de choses à vue humaine, bien peu de choses : un fils. Dites-moi, comment amène-t-on une riche et noble nature à rentrer dans un projet si restreint (si magnifique soient les promesses de D.ieu par ailleurs). La Bible nous apprend d’ailleurs que ce ne fut pas si simple pour Abram, devenu Abraham, de rejoindre ce plan de D.ieu tout simple. Il fallait en quelque sorte que la vie d’Abram tombe dans les mains de D.ieu et qu’il devienne simple semence dans les mains de D.ieu. C’est lorsqu’il fut prêt pour cela qu’il devint père d’une multitude. Ainsi en fut-il pour d’autres (Moïse, etc.) ! On peut aisément imaginer le prix que coûta ce processus pour l’âme humaine la plus noble que la terre ait jamais porté : Yeshoua HaMashiah. Lorsque je me retourne vers mes souffrances passées et l’atroce mise à mal des valeurs de noblesse acquise dans le cadre de mon développement de jeune enfant et adolescent, je comprends à mon tour. En clair nous ne pouvons jamais accéder aux riches desseins de D.ieu si nous ne devenons pas semence dans la main de D.ieu. Simple semence qui nous donne alors le titre de père d’une multitude. Saisissez-vous le rapport entre Père d’une multitude et apôtre, à présent ? Ou plutôt comprenez-vous combien il convient qu’un apôtre soit passé du statut de père élevé à celui de père d’une multitude à travers un brisement unique en son genre pour chacun ?